Dans le tout premier billet de ce blog (que vous pouvez relire en cliquant ICI), j’évoquais avec vous mon souhait de vous parler de régions viticoles françaises un peu moins connues, en particulier le Sud-Ouest et la Corse.
Je vous propose de commencer mes chroniques à la découverte du Sud-Ouest en vous emmenant sur les terres gaillacoises.
Pourquoi Gaillac?
En premier lieu parce qu’avec Fronton, ce vignoble du Tarn est l’un des vignobles les plus proches de Toulouse. Et donc l’un des premiers vignobles du Sud-Ouest que j’ai eu l’occasion de découvrir à mon arrivée dans la Ville Rose.
Ensuite, et surtout, parce que pour moi ce vignoble, encore trop méconnu et souvent mal jugé, recèle de richesses et produit de très bons vins qui ne se résument pas au Gaillac Primeur dont on fait la promotion à Toulouse à partir du 3ème jeudi de novembre.
Pour vous le faire découvrir, je vous emmènerai, à travers une série de billets, à la rencontre de quelques vignerons dont j’ai aimé les vins autant que l’histoire et/ou le caractère. Mais avant d’évoquer avec vous ces rencontres, je voudrais commencer par vous donner quelques éléments de contexte sur cette appellation.
Géographiquement, le vignoble de Gaillac se situe donc au nord-est de Toulouse, sur le département du Tarn. Il s’étend sur les deux rives de la rivière éponyme, vers l’est jusqu’à Albi et vers le nord jusqu’à la cité médiévale de Cordes-sur-Ciel.
Les vallées parallèles de la Vère et du Tarn structurent le vignoble en 3 versants de nature géologique spécifique : les terrasses de la rive gauche (dont les sols sont constitués de galets, de graviers, de sable ou de boulbènes), les coteaux de la rive droite (aux terres argilo-calcaires et bénéficiant d’une exposition plein sud et d’une altitude plus élevée) et le plateau cordais (qui domine la vallée de la Vère et dont le terroir se caractérise par des sols blancs calcaires et caillouteux). Côté climat, le vignoble bénéficie à la fois de la douceur océanique et de la chaleur méditerranéenne.
S’il est le plus ancien des vignobles du Sud-Ouest, Gaillac figure aussi parmi les plus anciens vignobles français. En effet, la vigne sur ces terres remonterait à l’occupation des Romains au 1er siècle avant Jésus-Christ, voire même avant comme en témoigne la découverte d’amphores romaines datant du 2ème siècle avant J-C à Montans, une ville voisine de Gaillac.
La cité de Gaillac (du latin « Gallus » qui veut dire coq) fut officiellement bâtie en 972. Et ce sont les moines bénédictins de l’Abbaye Saint-Michel de Gaillac qui, au Moyen-Age, ont les premiers entrepris d’organiser le vignoble. Leur travail de sélection et leur recherche constante de la qualité permirent aux vins de Gaillac de jouir d’une excellente réputation en Europe pendant des siècles, notamment auprès de plusieurs monarques, à commencer par Henri III et Louis XIV qui en étaient friands.
Plusieurs siècles plus tard, et malgré les crises rencontrées (notamment celle du phylloxera), c’est la réputation et la qualité de ses vins blancs qui valut à Gaillac un classement en AOC en 1938. L’AOC sera obtenue en 1970 pour les rouges et les rosés.
Aujourd’hui l’appellation s’étend sur environ 3 300 ha et compte 3 caves coopératives et 118 producteurs indépendants.
Sa production annuelle atteint 140 000 hectolitres.
Si les blancs ont longtemps représenté la majorité de la production du vignoble, cela s’est inversé car aujourd’hui l’AOC produit 65% de rouges, 30% de blancs et 5% de rosés. Environ 15% de cette production part à l’exportation.
Comment caractériser cette appellation?
Emmanuel Delmas la décrivait encore hier sur son blog comme « Une appellation pas simple à appréhender en l’état ». Vous pouvez retrouver son billet en cliquant ICI.
Une complexité liée à sa très grande diversité.
On appelle ainsi Gaillac le « Vignoble aux 7 vins » car il possède pas moins de 7 AOC : blanc sec, blanc doux, blanc fraîcheur perlée, blanc effervescent (selon la méthode ancestrale gaillacoise), rouge, primeur, rosé. Sans compter le vin de voile qui n’est pas en AOC et qui est élevé comme les vins de Xérès ou les vins jaunes du Jura.
Diversité aussi à travers le très grand nombre de cépages utilisés et notamment le nombre de cépages autochtones. Pour les blancs, on retrouve ainsi quelques cépages connus comme le Sauvignon blanc et la Muscadelle, mais les principaux cépages sont des cépages locaux à savoir le Mauzac, le Len de l’El (ou Loin de l’Oeil) et l’Ondenc. Pour les rouges et rosés le Duras et le Braucol (appelé également Fer Servadou) ou encore le Prunelard côtoient des cépages plus connus comme la Syrah et le Gamay et même le Cabernet Sauvignon.
À cet égard, un vigneron, Robert Plageoles, a fortement œuvré pour ressusciter les cépages oubliés de Gaillac, comme l’Ondenc et le Prunelard. Mais nous évoquerons Robert Plageoles et son fils Bernard dans un prochain billet.
Hormis les Plageoles, ils sont nombreux parmi les jeunes vignerons à vouloir mettre en avant les cépages locaux. Certains arrachent même la Syrah ou le Gamay pour replanter des cépages plus typiques.
Avec toutes ces AOC et tous ces cépages, pas facile de s’y retrouver mais c’est aussi cela qui fait la richesse de l’appellation. Surtout quand cette diversité est exploitée par des vignerons talentueux et passionnés comme ceux que j’ai rencontrés.
Des vignerons dont je vous parlerai dans les prochains billets.
Sources pour les chiffres sur l’appellation : Magazine Contact Pro hors-série Printemps 2012 Spécial Vins du Sud-Ouest + livret remis à l’Oenothèque du SISQA (du 13 au 16 décembre 2012).
Source photos : Dépliant Route des Vins de Gaillac
[…] dans lequel je vous présentais le vignoble de Gaillac (billet que vous pouvez relire en cliquant ICI), je vous propose de continuer avec une série de portraits de vignerons […]