Venez fêter les 50 ans de l'appellation Patrimonio à l'occasion de la San Martinu
Parlons peu, parlons bien. Depuis le temps que je vous bassine avec, vous savez que Patrimonio est l'une des appellations viticoles phares de Corse et l'une des appellations que j'affectionne particulièrement. Mais ce que vous ne savez peut-être pas encore c'est que l'appellation fête cette année ses 50 ans.
Patrimonio, la plus vieille appellation de Corse
Patrimonio et le vin c'est une longue histoire puisque la viticulture occupe une place importante dans l'histoire du Nebbiu depuis le XVe siècle.
Depuis ce temps, il en a coulé de l'eau sous les ponts, mais Patrimonio a toujours gardé son lien intime avec l'univers du vin.
La première date marquante pour l'appellation fut le 13 mars 1968, date à laquelle Patrimonio fut distinguée en devenant la première Appellation d’Origine Contrôlée du vignoble Corse.
L’AOC Patrimonio aujourd'hui 43 vigneron(ne)s et s’étend sur près de 430 hectares, au pied du Cap Corse et autour du Golfe de Saint-Florent. Un terroir magnifique qui a d'ailleurs récemment reçu le label Grand Site de France qui promeut les 43 plus beaux sites français.
Depuis 50 ans, les vigneronnes et vignerons de l'appellation, loin de se reposer sur leurs lauriers, ont durement travaillé pour poursuivre les efforts de leurs ancêtres et hisser les vins de Patrimonio aussi haut que possible en terme de qualité. Sélections parcellaires, réintroduction d'anciens cépages corses, affirmation de l'identité du terroir via de nouvelles techniques de vinification... tout est fait pour faire des vins de Patrimonio de grands vins qui mêlent caractère et respect du terroir sur lequel ils ont vu le jour. Et les amatrices et amateurs de vin ne s'y trompent pas car ils sont de plus en plus nombreux à plébisciter les vins de Patrimonio, tant en France qu'à l'étranger (aux Etats-Unis notamment).
Preuve de son dynamisme et de son désir de regarder vers l'avenir, l'appellation de Patrimonio ambitionne de devenir l'une des premières appellations 100% bio de France. Un pari audacieux mais qui ne semble pas irréalisable puisque déjà 3/4 des vigneron(ne)s de Patrimono pratiquent
l’agriculture biologique (et même la biodynamie pour certain(e)s) ou sont en conversion.
San Martinu : 3 jours de festivités pour célébrer les 50 ans de Patrimonio
Chaque année des milliers de personnes célèbrent San Martinu, le Saint Patron de la commune et des vignerons de Patrimonio. C'est l'occasion d'une grande fête populaire qui mêle cérémonie religieuse, procession et dégustation du vin nouveau.
Cette année les vigneronnes et vignerons de Patrimonio ont décidé de marquer le coup et de voir les choses en grand avec 3 jours de festivités du 9 au 11 novembre.
Voici le programme des réjouissances :
Vendredi 9 novembre
• Visite du vignoble
• Spuntinu* dans les vignes
• Visite des caves et rencontre avec les vignerons
• Masterclass Dégustation "Les Vieux millésimes corses en rouge" de 17h30 à 19h30 à l'Hôtel Restaurant La Roya (tarif 25€ par personne. Infos et réservation : https://www.eventbrite.fr/e/billets-degustation-les-vieux-millesimes-corses-en-rouge-51883509975)
• Dîner traditionnel
Samedi 10 novembre
• Interviews avec les vignerons
• Masterclass Dégustation "Les 7 villages en blanc de l'appellation Patrimonio" de 10h30 à 12h à l'Hôtel Restaurant La Roya (tarif 25€ par personne. Infos et réservation : https://www.eventbrite.fr/e/billets-degustation-les-7-villages-en-blanc-de-lappellation-patrimonio-51884141865)
• Déjeuner de gala au Flor à Saint Florent, préparé par les chefs étoilés Yann Le Scavarec et Jerry Monmessin.
• Vêpres chantées par les confréries à l’Eglise San Martinu de Patrimonio
• Veillée autour du feu traditionnel et dîner à la Maison des Vins
Dimanche 11 novembre
• 10h30 : Messe de la San Martinu et bénédiction du vin nouveau
• 12h30 : Dépôt de gerbes au Monument aux Morts
• 13h : Mise en perce du tonneau de Saint Martin et buffet vigneron au théâtre de verdure
• 15h : Intronisations des parrains / marraines par la confrérie bachique de Patrimonio
• 16h30 : Retour à l'église et office du Saint Sacrement
Comme chaque année, des personnalités de la gastronomie, des arts, des lettres ou de l’action publique ont accepté de devenir les marraines et parrains du millésime. Cette année, ce seront Valérie Hermé - Franceschi, Créatrice du festival « Art’è Gustu », Christophe Bacquié, Chef 3 étoiles - Le Castellet, François Orlandi, Président du Conseil Général de Haute Corse 2015-17, et Périco Legasse, Journaliste gastronomie.
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Je serai bien sûr de la partie pour la San Martinu donc je vous donne RDV là-bas !
Et attendant, si le cœur vous en dit, vous pouvez relire quelques uns des articles du blog consacrés à des vigneronnes et vignerons de Patrimonio :
- Marie-Françoise Devichi / Mlle D
- Laetitia Albertini / Le tout petit vignoble
- Julie et Mathieu Marfisi / Clos Marfisi (NB : Mathieu Marfisi est aussi le président actuel de l'appellation Patrimonio)
- Thomas Santamaria / Domaine Santamaria
Thomas Santamaria, rencontre avec un vigneron plein d’avenir à Patrimonio
[Portrait de Thomas Santamaria, à gauche sur la photo ci-dessus, réalisé par Rodolpe Pelosse]
Me voici de retour pour vous relater ma visite chez un autre vigneron de la jeune génération, dont le domaine familial est situé en Haute-Corse. Direction Patrimonio, ou plus précisément Oletta. Nous prenons la route du lac de Padula, qui se trouve au sud du Golfe de Saint-Florent. Après quelques kilomètres, nous voici arrivés chez Thomas Santamaria.
Pour tout vous dire, je ne connaissais pas du tout le domaine Santamaria avant de venir habiter en Corse. Et ce n’est même pas en Corse que j’ai goûté pour la première fois l’un des vins de Thomas ! Non, c’était à Angers en février dernier, lors d’un apéro organisé en fin de journée sur le salon La levée de la Loire. Et pour cette 1ère fois c’était son Patrimonio blanc 2016 que j’avais eu entre les mains. Vraiment pas mal, mais le vin n’était malheureusement pas suffisamment frais. La faute à un passage sûrement trop prolongé sur la table où trônaient plein de bouteilles d’autres producteurs.
Il aura fallu attendre quelques mois de plus pour que je trouve le temps d’aller lui rendre une petite visite afin d’en savoir plus sur les vins et le domaine. Et grand bien m’en a pris car les vins du domaine Santamaria figurent clairement parmi mes plus chouettes découvertes de l’année. Quant à la rencontre avec Thomas Santamaria, elle s’est tout simplement révélée passionnante.
Thomas Santamaria, un retour aux sources
C’est par une balade dans les vignes qu’on démarre la visite du domaine. L’occasion pour Thomas Santamaria de nous en dire plus sur son parcours.
S’il a toujours baigné dans le vin et grandi sur le domaine familial, comme d’autres, il a eu besoin d’aller voir ce qui faisait ailleurs avant de revenir. Il effectue ainsi son BTS Viticulture-Œnologie au Château La Tour Blanche dans le Sauternais. Loin de sa terre natale, sa soif de découverte le pousse à goûter un maximum de vins différents. Le meilleur moyen selon lui d’ « apprendre » à boire du vin !
De retour en Corse et après un rapide passage sur le domaine familial (un « premier essai manqué »), il s’oriente finalement vers un secteur très différent du vin et y travaille un peu plus d’un an.
C’est en avril 2016 qu’il décide finalement de retenter l’aventure viticole aux côtés de son père Jean-Louis. 2 ans plus tard il est toujours là et ne semble pas prêt de repartir, comme quoi la vie est souvent une histoire de bon timing.
Actuellement en cours d’installation en tant que jeune vigneron, Thomas Santamaria représente la 6ème génération à la tête du domaine familial.
S’il fourmille de projets pour l’avenir, il n’oublie pas pour autant de rendre hommage au travail effectué par ceux qui l’ont précédé. Son père en particulier dont il parle avec beaucoup de respect. A ses yeux, il est celui qui a tout fait sur le domaine.
Il a vu un avenir là où d’autres ne voyaient que la terre
C’est d’ailleurs à ses côtés qu’il continue d’apprendre et de se former, notamment à la vigne, le terrain de prédilection de Jean-Louis Santamaria.
La philosophie dans les vignes
Le vignoble du domaine Santamaria compte 17 ha (dont seulement 13.5 sont en production à ce jour). La plupart des vignes actuelles ont été plantées entre 1990 et 1993.
Du côté des cépages, en dehors des incontournables Niellucciu et Vermentinu, on trouve aussi sur 2.5 ha un peu de Grenache (le fameux « Elegante » cher à Lina Venturi-Pieretti). Sans oublier une petite parcelle de Cinsault qui a été plantée il y a 60 ans par le grand-père de Thomas et a donné naissance à la cuvée « Montre tes yeux ».
Jean-Louis Santamaria avait entamé sa conversion officielle en agriculture biologique en 2011. Le domaine Santamaria est donc certifié depuis 2014.
Thomas quant à lui s’intéresse aux principes de la biodynamie et a commencé à mettre en place certaines choses dans les vignes allant dans le sens de cette philosophie.
Côté terroir, les vignes évoluent pour certaines sur des sols d'éboulis calcaires et pour d’autres sur des coteaux de schistes. La parcelle de Grenache est quant à elle sur un mélange d’argile et de schiste.
La proximité du lac de Padula permet aux vignes de bénéficier d’un micro-climat. C’est particulièrement vrai pour la parcelle de Niellucciu qui longe le lac et profite de sa fraîcheur.
S’il s’est jusqu’à présent plutôt concentré sur les vins et leur distribution, la restructuration du domaine fait partie des prochains chantiers de Thomas Santamaria. Il aimerait en profiter pour replanter du Cinsault mais aussi peut-être quelques nouveaux cépages pour faire des assemblages. Au maximum de son potentiel la propriété pourrait atteindre 30 ha de vignes, mais Thomas vise plutôt une vingtaine d’hectares en production au terme de son installation.
La philosophie à la cave
Retour à la cave pour évoquer le travail de vinification et d’élevage.
Pour Thomas, l’objectif est clair : laisser parler le terroir.
Les vinifications se font donc dans un esprit vin naturel en travaillant à partir des levures indigènes présentes sur la peau des raisins et en jouant sur les macérations et les températures. Les vins ne sont pas filtrés, et l’usage du soufre est limité.
A date les élevages se font principalement en cuves inox, mais Thomas aimerait aussi faire des essais avec des foudres et peut-être des amphores.
Mais tout ça attendra que son installation soit terminée et qu’il ait pu faire de la place et réaménager sa cave qui a grand besoin d’être agrandie… et climatisée !
Il a pour projet de reconstruire un bâtiment sur plusieurs étages qui puisse à la fois servir pour le stockage, la vinification mais aussi pour l’accueil du public et la dégustation avec un espace dédié.
Et la dégustation dans tout ça ?
Pour la dégustation, nous quittons la cave pour nous diriger vers l’autre bâtiment, qui accueille les bureaux et la salle de dégustation pour les visiteurs.
Quand Thomas est arrivé sur le domaine, ce dernier ne produisait qu’environ 15 000 bouteilles à l’année et la gamme ne contenait que 4 vins : un blanc, un rosé et un rouge en appellation Patrimonio, ainsi qu’un muscat du Cap Corse. Il a souhaité élargir la gamme et proposer aussi des vins un peu moins chers et donc plus accessibles. C’est comme cela qu’est née la gamme Tranoï (qui signifie « entre nous » en Corse), qui propose un vin rouge et un vin blanc, tous deux en Vin de France.
Après cette petite explication, passage aux travaux pratiques.
Et là, au premier verre, la magie a opéré et le temps s’est comme arrêté au fur et à mesure que les bouteilles défilaient...
« C’est bon ça… oh la la, ça c’est délicieux aussi… bon ok, celui-là est carrément sublime ! »… Il faut dire que Thomas a sorti l’artillerie lourde sur la fin, mais reprenons les choses dans l’ordre.
Les blancs
C’est donc avec le Patrimonio blanc 2016 que nous avons démarré la dégustation. Celui-là même que j’avais goûté à Angers, mais cette fois-ci à bonne température. 100% Vermentinu, issu d’une parcelle calcaire, macération pelliculaire, élevage 8 à 9 mois en cuve inox avec un batonnage à mi-élevage. Définitivement une belle découverte, avec de l’élégance, de la complexité et un équilibre qui laisse présager un bon potentiel de vieillissement.
On enchaîne avec le Tranoï blanc 2015. Un 100% Vermentinu également, mais cette fois-ci né sur des coteaux de schistes. Un vin plus en tension, avec une belle richesse aromatique, mais un peu moins de complexité que le Patrimonio. Très sympa aussi.
Ce n’est pas faute de le répéter, vous savez qu’en général ce sont les blancs qui me séduisent, en particulier à Patrimonio. Eh bien, chez Thomas Santamaria, les rouges aussi m’ont emballée !
Les rouges
A commencer par la cuvée « Montre tes yeux ». Ce 100% Cinsault issu des vieilles vignes plantées par le grand-père de Thomas, est une vraie bombe ! C’est un vin facile, très frais, croquant et gourmand, qui glisse tout seul. Clairement une bouteille à partager entre amis (mais attention, vous risquez d’en ouvrir une autre sans même vous en rendre compte tellement c’est bon) ! Et puis de toute façon, rien que pour l’étiquette de dingue signée Scott Pennor’s (qui évoque les geais qui ont planté 6 amandiers sur la parcelle de Cinsault), vous ne pouvez pas passer à côté de cette bouteille. Bon, en revanche, petite production dit rupture de stocks rapide. Donc il vous faudra peut-être attendre l’année prochaine avant de vous procurer ce précieux nectar (dit celle qui est repartie avec une caisse entière...).
Après le Cinsault, on passe au Grenache avec la cuvée Tranoï rouge 2016. Un quasi 100% Grenache, avec une pointe de Niellucciu ajoutée en cuve. Un vin là aussi frais, croquant, juteux, très charmeur et tout en élégance, même s’il reste assez simple.
Voici venu le moment d’attaquer celui qui a fait la renommée du domaine, la « tête de gondole » comme le dit Thomas en rigolant : le Patrimonio rouge, issu des fameuses vignes de Niellucciu qui longent le lac de Padula.
On commence avec le millésime 2014. Au nez comme en bouche, on retrouve la puissance et les arômes typiques du Niellucciu, mais déjà un petit quelque chose de différent de ce à quoi je suis habituée avec les rouges de Patrimonio.
Une impression qui se confirme quand Thomas ouvre une seconde bouteille, un millésime 2011. L’évolution est top, avec toujours ces arômes de fruits bien mûrs mais aussi de la complexité et surtout une fraîcheur et une finesse assez incroyables. On est loin de l’image de « vin parfois un peu dur et rustique ». Sans compter qu’on sent que ce vin en a encore sous la pédale.
Et là, comme je le disais plus haut, Thomas nous sort l’artillerie lourde. Un millésime 2006. Autant vous dire que celui-là on l’a plus que savouré. Une pure merveille ! On n’a qu’une envie, aller se mettre à table pour finir la bouteille autour d’un bon repas.
Thomas nous explique alors que la clé c’est de récolter un Niellucciu à parfaite maturité (quand la peau est bleutée et que les raisins tombent presque tout seuls), puis de procéder à une extraction longue. Quant à l’élevage, 3 ans minimum. A date, les vins sont élevés en cuve inox pendant ces 36 mois.
La conclusion...
En dehors de ces superbes rouges, Thomas nous a aussi fait goûter au cours de la dégustation un autre vin assez incroyable : un « Montre tes yeux » version blanc, vendu en exclusivité par son importatrice suédoise. Un 100% Vermentinu mais travaillé un peu comme un vin orange. Un essai né d'une petite erreur l'année dernière (débourbage un peu trop tôt du vermentinu et du coup trop de jus sur les bras) et de l'idée de Thomas de mettre le surplus à part et de le laisser fermenter, sans filtrer, avec la partie basse de la cuve laissée en contact le jus, et sans soufrer. Plutôt très sympa aussi pour un premier essai.
Le garçon a beau rester humble, très ouvert et à l'écoute des critiques, il a définitivement du potentiel ! Et quand on sait qu’il a pas mal d’autres idées qui semblent tout aussi prometteuses, ça ne m’étonnerait pas qu’on en entende encore parler longtemps des vins de Thomas Santamaria.
D’ailleurs, quand on voit le niveau des vins rouges du papa, je crois qu’une seule conclusion s’impose : les Santamaria père et fils ont du talent !
Si vous aimez les vins sucrés, il paraît que leur muscat du Cap Corse est top aussi. Mais pour le coup, je ne l’ai pas encore goûté, donc je vous confirmerai ça à l’occasion.
Où goûter les vins du Domaine Santamaria ?
Maintenant que je vous ai fait saliver, j’imagine que vous n’avez qu’une question sur les lèvres : où se procure-t-on les vins du domaine Santamaria ?
Je commence par une mauvaise nouvelle : le domaine ne produit à date qu’environ 50 000 bouteilles par an. Et en 2017, la Corse représentait environ 60-70% du CA.
Venir en Corse et déguster les vins au domaine, au restaurant ou chez l’un(e) des supers cavistes de l’île est donc la première réponse à votre question.
La bonne nouvelle c’est que l’un des premiers chantiers de Thomas Santamaria à son retour sur l’exploitation a été d’améliorer la distribution de ses vins, notamment en se déplaçant sur certains salons sur le continent.
Résultat : vous pouvez désormais trouver plus facilement une partie de ses vins sur le continent, notamment à Paris (par exemple chez Paco à la Cave d’Ivry) ou encore à Lyon (chez Muraato notamment). Du côté de l'export, le domaine Santamaria s'exporte un peu au Canada mais aussi depuis peu aux Etats-Unis (via Selection Massale, le même importateur que Mathieu Marfisi) et en Suède.
Nous en tout cas, on ressort de cette visite vraiment conquis, autant par les vins que par le vigneron. En plus d'être doué, Thomas Santamaria est aussi très pédagogue et a vraiment le sens du partage. Donc on ne peut que vous conseiller d'aller lui rendre visite si vous en avez l'occasion.
A prestu
Domaine Santamaria
Route du lac de Padula
202232 Oletta
Tel: +33 (0)4 95 39 03 51
Email : domaine.santamaria@orange.fr
Page Facebook : https://www.facebook.com/Domaine.santamaria
Compte Instagram : @domaine.santamaria
Rencontre avec Lina Venturi-Pieretti, vigneronne dans le Cap Corse
On continue la série de portraits de vigneron(ne)s de Haute-Corse. Cette fois-ci, je vous emmène dans le Cap Corse, et plus précisément à Santa Severa, la marine de Luri, pour faire connaissance avec Lina Venturi-Pieretti.
[NB : photo ci-dessus prise au milieu des vignes de Muscat petits grains du domaine Pieretti plantées en 2007]
J’étais tombée amoureuse du blanc cuvée Marine du Domaine Pieretti lors d’un apéro chez Joëlle Benigni. Puis de nouveau lors de la Foire de Luri 2017 avec un millésime 2010. Depuis, j’avais vraiment envie de rencontrer cette vigneronne souvent présentée comme l'une des figures incontournables du Cap Corse.
Rendez-vous pris en juillet, juste après la Foire de Luri 2018. Arrivés de bon matin au caveau de dégustation situé à Santa Severa, nous sommes accueillis par une Lina en pleine ébullition à cause d'un problème d’étiquettes en retard de livraison. Un petit problème à première vue mais qui pose un réel souci en raison du manque de place à la cave et du besoin d’embouteiller rapidement les vins avant les vendanges d’août.
Après quelques échanges téléphoniques pour tenter de trouver une solution, Lina propose de nous emmener en 4x4 dans ses vignes.
Nous voici donc partis pour une ascension sportive au milieu des vignes du Domaine Pieretti. Pour rappel, l’appellation s’appelle « Coteaux du Cap Corse » et le moins qu’on puisse dire c’est que ça grimpe ! Le temps était un peu changeant ce jour-là mais la vue tout en haut, entre les rangs de vignes de Muscat petits grains, valait le détour. Et quel cadre parfait pour commencer à évoquer l’histoire du domaine Pieretti !
Lina Venturi-Pieretti : 6ème génération à la tête du domaine familial
Lina a repris les rênes du domaine en 1989, mais l’histoire du domaine Pieretti remonte à bien plus longtemps. La famille Pieretti exploitait en effet déjà des vignes dans le Cap Corse au 16ème siècle !
6ème génération à la tête de l’exploitation, Lina a pris la succession de son père, Jean. Un personnage haut en couleurs et charismatique, qui travaillait de façon artisanale et était très apprécié dans la région. Une figure incontournable dans le paysage viticole corse car il est est aussi à l’origine de la création de la célèbre Fiera di u Vinu de Luri qui se déroule tous les ans en juillet.
Pour cette fille et petite-fille de vignerons, la reprise du domaine familial était pourtant loin d’être un chemin tout tracé. Lina a en effet d’abord évolué dans un secteur bien différent avant de reprendre le flambeau suite à de graves incendies qui ont détruit une partie des vignes de son père. Un vrai pari puisqu’il lui a fallu tout apprendre sur le tas et passer un BPA pour pouvoir s’installer officiellement en tant que vigneronne. Ce fut d'ailleurs l'une des premières femmes à la tête d'un domaine en Corse.
Une réussite collective
Un travail qui ne fut pas de tout repos pour cette jeune femme de moins de 30 ans à l’époque. Mais si vous avez la chance de rencontrer Lina, vous comprendrez vite pourquoi les difficultés qu’elle a pu rencontrer n’ont eu que peu de poids face à sa détermination. Il suffit en effet de parler quelques instants avec elle pour comprendre que derrière ce grand sourire se cache une femme de caractère, à l’énergie débordante. Et surtout une personne qui sait que c’est à force d’efforts et de travail qu’on atteint ses objectifs.
Et puis Lina a toujours eu une autre botte secrète : sa famille et ses proches.
Pour elle, ils sont aussi la clé de sa réussite. Son père Jean bien sûr qui lui a transmis sa passion. Mais aussi son beau-frère Jean-Marc Venturi, également vigneron, qui l’a aidée lors de son installation. Sa fille Maria, que vous aurez sûrement l’occasion de croiser au caveau ou lors de dégustations et que Lina aimerait voir reprendre le flambeau. Et puis surtout Alain, son mari, qu’elle a rencontré en 1986 et qui est à ses côtés depuis le début de l’aventure.
On parle toujours de moi mais le domaine Pieretti, c’est aussi lui. Il m’a aidée dans la restructuration nécessaire du domaine et dans sa modernisation, et il est toujours présent lors des vendanges.
C’est d’ailleurs ensemble qu’ils ont appris les ficelles du métier, à travers des stages à l’institut œnologique de Bordeaux mais aussi sur le tas, en « faisant des bêtises » comme le dit Lina avec un sourire.
La philosophie dans les vignes
On a essayé de faire du mieux qu’on peut, mais on a la chance d’avoir un beau terroir.
Lina et son mari caressent le rêve de replanter des vignes à 400m d’altitude, sur un ancien terroir du village qui appartenait à la famille Pieretti. Mais pour l'heure, c’est proche de la mer que naissent les vins du domaine Pieretti.
De 2 ha au moment de son installation, Lina a fait passer son vignoble à 14 ha aujourd’hui. Réparties sur les communes de Luri, Meria et Pietracorbara, les vignes s’épanouissent au bord de la mer ou au milieu du maquis corse, sur des sols argilo schisteux.
Le cépage « signature » de la maison pour les rouges et rosés, c’est l’Alicante (qu’on appelle aussi Elegante). Apparenté au Grenache noir, c’est l’un des cépages traditionnels du Cap Corse et presque un cépage corse à part entière. Pour s’en convaincre, il suffit selon Lina d’aller faire un tour dans les vignes le lendemain d’une journée de fort Libecciu pour voir à quel point le cépage est adapté au climat du Cap.
La plus vieille vigne d’Alicante a été plantée en 1959 par le grand-père de Lina. Elle est toujours présente dans le vignoble (sur échalats) et a depuis donné naissance via une sélection massale à d’autres pieds, plantés en 1998 sur le domaine.
Une sélection massale qui a aussi été effectuée pour le Niellucciu, à partir de vignes plantées en 1975.
Son père ne travaillait que les cépages rouges. Mais Lina a fait le choix de réintroduire les 2 cépages blancs incontournables de la région du Cap : le Vermentinu (vignes plantées en 1991) et le Muscat petits grains (vignes plantées en 1993 et 1999).
Plus récemment, ce sont 3 ha de vignes qui ont été replantés et vont entrer en production cette année. Un peu de Vermentinu mais aussi du Biancu Gentile, du Minustellu, du Sciacarellu ainsi que quelques pieds de Syrah.
Ces 3 nouveaux hectares de vignes sont certifiés bio. Mais pour le reste du vignoble Lina préfère travailler en agriculture raisonnée, dans un esprit bio, en limitant au maximum les traitements. A en juger par la bonne santé de ses vignes et par la nature qui s’épanouit entre les rangs, cet état d’esprit semble réussir au domaine Pieretti.
Les vendanges continuent quant à elles d’être faites à la main pour préserver l’intégrité des grappes.
La philosophie à la cave
Du côté de la cave, le domaine Pieretti a aussi pas mal évolué depuis l’arrivée de Lina. La vinification était artisanale du temps de son père Jean. Mais Lina a vite souhaité moderniser les choses pour améliorer la qualité des vins.
Elle a commencé par vinifier en-dessous de sa maison située de l’autre côté du caveau actuel de dégustation. Puis elle a petit à petit acheté du matériel de vinification moderne (cuves inox thermo-régulées, pressoir pneumatique…).
L'actuelle cave de vinification a quant à elle vu le jour en 1994. Lina est en attente de l'obtention d'un permis de construire pour l'agrandir un peu car elle commence à manquer de place, surtout au moment des vendanges.
L’essentiel des vinifications et élevages est fait en cuves inox. Un fût de 600L sert quant à lui pour les rouges (principalement pour la cuvée « vieilles vignes », et parfois pour la cuvée A Murteta).
Et la dégustation dans tout ça ?
Pour la dégustation, retour dans le caveau de dégustation construit en 2017 juste à côté de la cave, et ouvert au public d’avril à octobre. La déco du lieu est plutôt très réussie avec une alliance de bois et de matériaux modernes.
On commence la dégustation avec les blancs (hormis la cuvée domaine qui était épuisée) et les rosés.
Du côté des blancs, entrée en matière avec la cuvée Lina 2017 dont 2018 sera le 3e millésime. Un 100% Vermentinu issu de jeunes parcelles. Bon, frais, sur les agrumes, avec une pointe de tilleul. Pas mal comme vin pour tous les jours.
On passe ensuite à ma cuvée chouchou, la cuvée Marine 2017. Un 100% Vermentinu, fruit d'une sélection parcellaire et d'un élevage sur lies fines avec bâtonnages réguliers. Très joli nez sur les agrumes et les fleurs, belle matière en bouche avec de la fraîcheur et de la minéralité, mais aussi cette pointe saline et cette subtile amertume que j'aime tant dans les vins blancs du Cap. Voilà un vin parfait à table pour accompagner des poissons et des crustacés (dont la célèbre Langouste du Cap Corse). Mais il s'accorde aussi très bien à l'apéro avec de la charcuterie artisanale.
Du côté des rosés, le rosé domaine 2017 est parfait pour un apéro estival. Assemblage de Niellucciu et d'Alicante (70%/30%), c'est un vin facile, léger, fruité et frais.
Je lui ai cependant préféré le rosé Marine 2017 (80% Niellucciu / 20% Alicante), un peu plus aromatique grâce à une macération pelliculaire et un élevage sur lies. Les grappes de Niellucciu qui composent en partie cette cuvée viennent des vignes au bord de la mer que vous pouvez voir en photo un peu plus haut.
Quand on parle du Cap Corse, on a souvent tendance à penser vins blancs & muscats (moi la 1ère !). Mais cette dégustation m’a montré que ce terroir pouvait aussi produire de très beaux vins rouges.
Je n’ai pas particulièrement accroché avec le rouge domaine 2017 (70% Niellucciu / 30% Alicante) qui présentait un peu trop d’astringence à mon goût. En revanche, les 2 cuvées qui ont suivi font partie des belles découvertes de la journée.
La cuvée A Murteta 2016 d'abord, un quasi 100% Alicante issu de plants obtenus en sélection massale à partir de la plus vieille vigne du domaine.
C'est un vin aux tannins fins, avec des arômes de fruits mûrs (cerise noire, pruneau) et une pointe d'épices et d'herbes du maquis. Vraiment très chouette !
Mais mon plus gros coup de cœur a été pour la cuvée Vieilles Vignes 2016 (50% Niellucciu / 50% Alicante), issues des plus vieilles vignes du domaine. Un vin que j'ai trouvé un peu plus complexe que le précédent et d'une élégance folle avec du fruit, de la finesse mais aussi de la fraîcheur. Clairement taillé pour la garde, on peut l'oublier quelques années dans la cave.
Nous avons fini la dégustation avec le clou du spectacle : le Muscat du Cap Corse de la maison, millésime 2017. « Un vrai bonbon » tant au nez qu’en bouche, avec un parfait équilibre entre le sucre, les agrumes et la fraîcheur. Si vous ne connaissez pas encore les Muscats du Cap Corse, je ne peux que vous encourager à découvrir très vite ces vins doux naturels qui présentent une incroyable palette d’arômes et de styles. A cet égard, j’ai d’ailleurs adoré les masterclass de la dernière foire de Luri mettant en avant les accords mets/vins possibles autour de ces vins. Je n’aurais pas forcément pensé spontanément à associer un vin doux naturel à du poisson ou à de l’agneau et pourtant je me suis régalée !
Où goûter les vins du Domaine Pieretti ?
Pour goûter les différents vins du Domaine Pieretti, vous pouvez déjà vous rendre au caveau ouvert d'Avril à Octobre (10h/12h - 15h/19h).
En dehors du caveau, c’est plutôt chez les cavistes et restaurateurs que vous trouverez les vins du domaine Pieretti.
Du côté du continent, le domaine Pieretti a un agent sur Paris et depuis quelques années également en Bretagne et en Alsace.
A l’international, le domaine vend un peu au Royaume-Uni et au Luxembourg, ainsi qu’en Californie et au Québec.
Si vous êtes à Paris, sachez qu'une dégustation professionnelle est organisée annuellement avec l'UVA Corse, une association de vignerons corses créée en 1976 à l'initiative de Christian Imbert du domaine Torraccia. Si vous avez l'occasion d'y aller, foncez car les domaines membres de l'association sont au top !
Domaine Pieretti
Santa Severa
20228 Luri
Tel: +33 (0)4 95 35 01 03 - +33 (0)6 17 93 92 17
Email : domainepieretti@orange.fr
Page Facebook : https://www.facebook.com/domainepieretti
Site internet : www.vinpieretti.com
Compte Instagram : @domainepierettiofficiel
Rencontre avec Mathieu Marfisi, vigneron à Patrimonio
Me voilà de retour sur le blog après des mois d’absence ! Pour me faire pardonner ce silence prolongé, je vous propose une nouvelle rencontre vigneronne. Direction Patrimonio pour faire connaissance avec Mathieu Marfisi, vigneron au Clos Marfisi et jeune président de l’A.O.P. Patrimonio.
Je suis avec intérêt Mathieu et sa sœur Julie depuis plusieurs années via les réseaux sociaux. Depuis mon installation en Corse, je n’avais pas encore pris le temps de venir leur rendre visite. J’avais cependant eu la chance de découvrir une partie de leurs vignes l’an passé lors d’une journée portes ouvertes organisée par Interbio Corse. Et quelles vignes ! Si vous suivez Mathieu ou Julie sur Instagram vous avez sûrement déjà eu un aperçu de la vue splendide qu’on a depuis leurs parcelles situées sur la route de Farinole. En vrai, c’est encore plus chouette !
Mais trêve de bavardages, rentrons dans le vif du sujet.
Julie était absente le jour de ma visite. C’est donc Mathieu qui nous a fait visiter seul la cave et nous a parlé du domaine.
Julie et Mathieu Marfisi : une histoire de famille
Comme de nombreux domaines en Corse, le Clos Marfisi est un domaine familial. Créé en 1870, il a vu se succéder 4 générations avant l’arrivée de Julie et Mathieu Marfisi.
Partie à Nice après son BAC, Julie a été la première à céder à l’appel de la terre. De retour en Corse, elle suit en 2010 des études au lycée agricole de Borgo pour obtenir son brevet professionnel de responsable d'exploitation agricole et commence à travailler sur le domaine avec ses parents. A l’été 2011 elle présente son premier vin : la cuvée Julie (un joli rosé dont je vous parlerai plus bas).
De son côté, Mathieu fait des études d’ingénieur sur le continent et travaille plusieurs années dans la finance à Paris avant de tout quitter pour devenir vigneron. Il suit alors un BTS viticulture et œnologie et rejoint sa sœur sur les terres familiales.
Tous deux sont officiellement à la tête du Clos Marfisi depuis 2015. A écouter Mathieu parler de leurs différents projets, ils n’ont pas l’air de regretter leurs choix !
La philosophie dans les vignes
Le vignoble du Clos Marfisi s’étend sur 15 hectares de vignes, répartis sur 3 terroirs différents :
- Le terroir de Ravagnola. Il concentre le plus gros des vignes du domaine (avec environ 10 ha) et se trouve sur des coteaux argilo-calcaire exposés sud-ouest et situés en bord de mer, sur la route de Farinole
- Le terroir de Gritole. Sur la route de Farinole également mais un peu plus dans les terres, il se compose d’un mélange d'érosions de calcaire et d’alluvions
- Le terroir de Grotta di Sole, plus à l’intérieur et légèrement en coteaux, sur la bosse la plus au sud de l’arène calcaire qui sépare Patrimonio de Saint-Florent. Un terroir plus chaud aux sols argilo-calcaires avec quelques alluvions et un peu de schistes, qui donne des vins plus riches et plus minéraux.
Depuis leur reprise de l’exploitation Julie et Mathieu Marfisi ont restructuré 5 ha et arraché 1,4 ha de muscat petits grains. Ils ont également replanté quelques vieux cépages autochtones (carcaghjolu neru, minustellu et riminese).
La demande de certification bio a également été l’un de leurs chantiers prioritaires dès leur reprise du domaine familial. Après 3 ans de conversion, 2018 sera le 1er millésime à être labellisé « agriculture biologique ». Même si, comme le souligne Mathieu, les vignes du Clos Marfisi ont toujours été travaillées par leur père Toussaint dans cet esprit, sans désherbant et sans produit phytosanitaire chimique.
Il faut dire que le vignoble de Patrimonio jouit de conditions climatiques particulièrement favorables à la pratique de l’agriculture biologique. Sa situation entre mer et montagne permet de réguler les températures en hiver comme en été, et de multiples vents viennent balayer les vignes et les assainir.
En tant que président de l’A.O.P. Patrimonio, Mathieu espère d’ailleurs voir dans quelques années l’appellation à 100% convertie au bio. Un projet qui semble en bonne voie ! Aujourd’hui près des 2/3 des domaines de Patrimonio sont déjà certifiés ou en conversion vers l’agriculture biologique.
La philosophie à la cave
Du côté de la cave, là aussi Julie et Mathieu travaillent de façon non interventionniste, dans un esprit « vins naturels », pour exprimer au mieux le terroir et l’effet millésime. L’ajout de SO2 est limité (et en-dessous de la limite autorisée pour les vins bio) et les vins peu ou pas filtrés afin de ne pas appauvrir leur matière.
Dans la cave récemment climatisée, se côtoient des cuves en inox thermorégulées et des cuves en béton. Ces dernières sont notamment utilisées pour l’élevage des rouges car elles bénéficient d’une plus grande inertie thermique. Mais on trouve aussi 4 amphores en terre cuite et quelques barriques neuves avec lesquelles Julie et Mathieu font quelques expérimentations d'élevage.
Et la dégustation dans tout ça ?
Comme souvent à Patrimonio, j’ai eu une préférence pour les vins blancs du domaine. En matière de rouges corses, mon cœur balance en effet plutôt du côté du sud et du sciacarellu. Ce qui ne m’a pas empêchée d’apprécier également les vins rouges et rosés du Clos Marfisi.
J’ai notamment beaucoup aimé la cuvée Patrimonio – Gritole. Un vin élaboré à partir de vieilles vignes de niellucciu plantées sur un terroir aux sols très profonds. Sur le fruit, avec des tannins fins et une belle fraîcheur, il peut se servir éventuellement un peu rafraîchi.
Côté rosés, le Clos Marfisi propose 2 vins au style très différent : la cuvée « Julie » et la cuvée « Rosé d’une nuit ». J'ai apprécié le côté gourmand et fruité du 1er (un rosé 100% niellucciu en pressurage direct). Mais le 2nd rosé m'a davantage séduite. Ce « Rosé d’une nuit » est obtenu par pressurage direct pour 95% de la cuvée, avec une incorporation de 5 % d'une saignée d'une cuve de rouge ayant macérée une nuit. En bouche, il est à la fois fruité et complexe, avec un bel équilibre. Un vin que j’imagine très bien à table, avec des rougets par exemple.
Côté vins blancs, j’ai adoré la cuvée Patrimonio – Grotta di Sole. On retrouve dans ce 100% vermentinu riche et complexe la minéralité du terroir de calcaire sur lequel il a vu le jour. Gros coup de cœur également pour la cuvée « Empiriques - L'amphore » que j’avais goûtée l’an passé : un 100% vermentinu avec une macération longue de 40 jours et un élevage en amphore. (N.B : Il existe aussi une version en rouge, qui n'est pas mal non plus)
Le Clos Marfisi propose aussi 2 autres vins blancs que je n’ai pas eu l’occasion de goûter. La cuvée Patrimonio – Ravagnola, qui a été en production pour la 1ère fois l’an passé. Et la cuvée « Inseme », un mélange des terroirs de Grotta di Sole et de Ravagnola, qui est déjà en rupture de stock.
J'ai aussi découvert le Muscat du Cap Corse du domaine. Un vin doux obtenu selon le cahier des charges de l’A.O .P., donc avec mutage à l’alcool, mais plutôt dans la limite basse niveau teneur en sucres (93g quand le seuil limite est à 90g). En bouche, cela lui donne un bel équilibre et une certaine finesse aromatique.
Il y a aussi quelques autres vins dans les tuyaux, notamment une collaboration avec Nicolas Mariotti-Bindi, un autre vigneron de Patrimonio qui fait de très jolis vins. Mais il faudra patienter encore un peu pour goûter tout ça ! Un indice ? Si vous aimez les bulles, ça devrait vous plaire ;)
Où goûter les vins du Clos Marfisi ?
Pour goûter les différents vins du Clos Marfisi, vous pouvez déjà vous rendre au caveau. Vous y découvrirez le sonnet composé en l’honneur de Toussaint-Mathieu Marfisi, le fondateur du Clos Marfisi, par les « amis du bon vin » lors d’une fête de la Saint Martin. C’est d’ailleurs ce sonnet qui apparaît en filigrane sur une grosse partie des étiquettes du domaine.
Mettons le mauvais rêve en fuite, chassons le noir souci qui nous poursuit en vain.
Buvons, chantons, dansons et que la Saint Martin se célèbre toujours, à présent comme ensuite.
En dehors du caveau, pas la peine de chercher les vins au supermarché. Julie et Mathieu Marfisi préfèrent privilégier les cavistes et restaurateurs.
Seule ombre au tableau: sur les 50 000 bouteilles produites par le Clos Marfisi, la majorité est écoulée en Corse. Heureusement on trouve quand même quelques bouteilles sur le continent, notamment à Paris et Marseille. Le domaine exporte aussi aux Etats-Unis (via l’importateur Sélection Massale) et un peu au Japon.
Le plus simple pour savoir où chercher les vins du Clos Marfisi c’est de contacter directement Julie et Mathieu Marfisi!
Clos Marfisi
20253 Patrimonio
Tel: +33 (0)6 14 75 22 41
Email : mathieu.marfisi@gmail.com
Page Facebook : https://www.facebook.com/closmarfisi/
Compte Instagram : @closmarfisi (compte de Mathieu)
Calendrier de l’Avin 2017 : un pétillant de muscat petits grains pour le 15e jour !
Qui dit décembre dit retour du traditionnel Calendrier de l’Avin ! Eva étant fort occupée cette fin d'année par l'arrivée d'une jolie petite frimousse, c'est Laurent qui a pris la relève pour ne pas priver la vinosphère de ce RDV devenu incontournable. Mais celui-ci avait corsé la chose en imposant comme contrainte les bulles. Qu'à cela ne tienne, cette année encore c'est un vin nustrale que j'ai décidé de mettre à l'honneur à l'occasion de ce 15e jour de l'Avin 2017 : le Pétillant de muscat petits grains, signé Mlle D !
Après 2 participations sous le signe de la Corse, je me devais de vous trouver cette année encore une jolie quille insulaire à découvrir à l’occasion du Calendrier de l’Avin. Mais Laurent, qui a remplacé au pied levé notre chère Eva occupée par une heureuse nouvelle, avait ajouté une contrainte qui a rendu la tâche ardue. Ce dernier nous a en effet demandé de faire pétiller les jours qui nous séparent de Noël. La Corse n’étant pas spécialement connue pour sa production de vins effervescents, le pari n’était pas gagné d’avance. Heureusement, l’une de mes vigneronnes corses préférées a eu la bonne idée de s’essayer à la bulle et, comme souvent avec elle, le résultat est une réussite. Il aurait donc été dommage de ne pas l’évoquer dans ce pétillant calendrier de l’Avin !
En ce 15 décembre, direction les terres de la plus célèbre appellation insulaire, et plus précisément un petit village de Haute-Corse, sur la route entre Patrimonio et Bastia : Barbaggio. C’est ici qu’officie Marie-Françoise Devichi.
Pour en savoir plus sur le Pétillant de Muscat petits grains de Marie-Françoise Devichi, rendez-vous sur le tumblr dédié au Calendrier de l'Avin 2017 !
Et si vous ne connaissez pas encore Marie-Françoise, je vous invite à relire cet article que j'avais écrit sur le blog, mais surtout à écouter son passage dans l'émission I Giranduloni sur RCFM (mon petit doigt me dit que vous pourrez même nous entendre y évoquer l'association Women Do Wine autour des 43 min).