Chez les frères Quintard, entre Cognac et Pineau des Charentes, mon coeur balance
Début janvier, à l'occasion d'un Vinocamp à Cognac, j'ai découvert et appris à apprécier le Cognac, mais ce fut aussi pour moi l'occasion de goûter un autre produit de la région, le Pineau des Charentes, qui m'a tout autant séduite.
Il ne m'en fallait pas plus pour décider il y a quelques semaines de retourner au pays des alambics afin d'aller à la rencontre de 2 frères, Thomas et Bastien Quintard, qui ont la bonne idée de produire du Cognac ET du Pineau des Charentes (et aussi du vin, mais je vous en parlerai à la fin du billet).
Me voici donc partie de bon matin en direction de Chadenac, un village de Charente-Maritime, situé à une vingtaine de kilomètres de Cognac. Je précise "de bon matin" car Chadenac se trouve quand même à 3h30 de Toulouse...Mais comme on dit, quand on aime on ne compte pas (je précise que je parle des produits, hein, je vous connais, n'allez pas vous imaginer des choses!).
C'est Thomas Quintard, rencontré pour la 1ère fois à l'occasion du Vinocamp Vinitech, qui me reçoit en cette journée ensoleillée (...eh oui, c'était avant que le soleil ne décide de mettre les voiles...).
Thomas travaille donc avec son frère, Bastien, d'où le nom tout choisi pour leur société : "Quintard frères". Quatrième génération à travailler sur la propriété familiale, ils ont pris la succession de leur père à la tête de l'exploitation, même si ce dernier continue de leur donner un coup de main. Bastien s'est installé à Chadenac en 2001 et Thomas l'a rejoint il y a 5 ans.
Côté répartition des tâches, Bastien s'occupe principalement des vignes (et des céréales, dont la culture fait aussi partie des activités de l'exploitation) et Thomas du travail au chai et de l'activité commerciale.
Comme de nombreux viticulteurs de la région, la majorité de la production d'eaux-de vie des frères Quintard est destinée au négoce, et notamment à de célèbres maisons de Cognac. Mais ils utilisent également une partie de leur production pour élaborer leur propre gamme de Cognac et Pineau des Charentes, une gamme commercialisée sous la marque Du Frolet.
Pourquoi "Du Frolet" me direz-vous? L'exploitation des Quintard est en fait une ancienne ferme et "Frolet" était le nom des premiers propriétaires de cette ferme, nom qu'on retrouve gravé sur une pierre au-dessus d'un porche de la propriété. Les Quintard y ont ajouté le "Du" pour créer une marque.
Ma visite commence par la visite du chai, qui se trouve être une ancienne écurie.
Thomas me montre les différentes cuves en inox, l'emplacement du futur pressoir et m'explique la notion de "réserve climatique"...avant de m'emmener dans l'espace où reposent les fûts contenant eau-de-vie, Pineau des Charentes ou Cognac. J'adore l'ambiance de cet endroit, où on a l'impression d'être dans une sorte de "salle des trésors secrète".
Puis on ressort, croisant au passage les grandes cuves blanches en fibre de verre qui se trouvent à l'extérieur et accueillent les moûts d'Ugni Blanc destinés à la production des eaux-de-vie, et nous voilà dans le bâtiment où a été installé l'alambic.
Car Bastien et Thomas Quintard ont rajouté une corde à leur arc en acquérant la maîtrise de l'étape de distillation, que leur père faisait auparavant faire à façon ailleurs.
La période de distillation étant finie (la limite étant fixée au 31 mars), le bel alambic est au repos. Il me faudra donc revenir l'hiver prochain pour le voir à l'oeuvre.
En attendant, vous pouvez aller lire le billet de Guillaume, du blog God Bless Bacchus, qui a eu l'occasion de rendre visite à Thomas Quintard pendant cette période : http://godblessbacchus.blogspot.fr/2012/12/visite-dans-le-cognac.html.
Après une petite dégustation et un déjeuner où Thomas m'a régalée d'un civet de lièvre concocté par sa grand-mère et d'un assortiment de fromages accompagnés d'une gelée de vin faite maison - un pur délice! - c'est parti pour un tour dans les vignes.
Quelques rangées se trouvent juste à côté de la maison, mais pour rejoindre les autres vignes, une petite virée en voiture s'impose.
Sur les 31 hectares de vignes, environ 25 hectares sont dévolus à l'Ugni Blanc (le principal cépage blanc utilisé pour le Cognac), 2.5 au Colombard et 3 à des cépages rouges (dont le Merlot). Les vignes sont majoritairement situées en appellation Cognac Petite Champagne, et notamment sur les coteaux d'Archiac où le sol est très calcaire.
J'en ai fini pour la visite donc maintenant que le décor est planté, parlons un peu des produits.
Le Cognac d'abord.
La gamme Du Frolet des frères Quintard comprend des V.S. ou *** (3 étoiles), des V.S.O.P. et des X.O.; des mentions qui font référence au vieillissement des eaux-de-vie. Le Cognac V.S. (Very Special) est ainsi fait à partir d'un assemblage d'eaux-de-vie dont la plus jeune a au moins 2 ans. Pour les V.S.O.P. (Very Superior Old Pale), l'eau-de-vie la plus jeune a au moins 4 ans et pour le X.O. (Extra Old), au moins 6 ans. J'ai pour ma part une nette préférence pour le X.O. (et sa carafe qui ressemble au flacon du Chanel n°5) mais si vous préférez consommer le Cognac en cocktail, le V.S. sera plus adapté.
Autre produit : le Pineau des Charentes. Ce vin de liqueur d'origine contrôlée depuis 1945 est obtenu en mélangeant le jus des raisins à de l'eau-de-vie de Cognac (environ 3/4 - 1/4). Pour en savoir plus, je vous invite à aller sur le site http://www.pineau.fr.
Sous la marque Du Frolet, on retrouve du Pineau Blanc, du Pineau Rouge mais aussi du Vieux Pineau Blanc et du Vieux Pineau Rouge (ou Vieux Pineau Rosé).
Mon préféré est définitivement le Vieux Pineau des Charentes Rosé, complexe et gourmand à la fois, mais le jeune Pineau des Charentes Rouge, plus fruité (fruits rouges), n'est pas non plus pour me déplaire et a clairement recueilli les faveurs de Monsieur au moment de la dégustation à la maison. Mon frère préfère quant à lui le Pineau des Charentes Blanc, plus sur des notes de fruits frais et de fleurs, comme quoi il y en a pour tous les goûts.
Si le site du Pineau des Charentes parle d'apéritif, personnellement je vous le conseillerais davantage au dessert, car c'est quand même sucré.
A cet égard, Thomas m'avait parlé du parfait mariage entre son Vieux Pineau des Charentes Rosé et un fondant au chocolat. Ni une ni deux, avant de rédiger ce billet, je suis allée récupérer la recette de Rébecca du blog La Kuisine de Kaki pour faire le test. Vous trouverez la recette ici : http://lakuisinedekaki.fr/fondant-au-chocolat/, et le résultat en photo ci-dessous. Conclusion : accord validé à 100%!
D'ailleurs si vous voulez tester ce que donne ce genre d'accords, et que vous êtes parisiens ou de passage à Paris, sachez que Fabrice du blog VinSurVin organise un Tupperwine "Choco-Pineau-Cognac" le 28 mai à 19h30 à la cave Wine by One. Plus d'infos sur la page Facebook FANS DE TUPPERWINE !!! (il faut réserver je crois).
Last but not least, Thomas et Bastien Quintard ne se contentent pas de produire des eaux-de vie, avec lesquels ils élaborent du Pineau et du Cognac, ils font aussi du vin de pays. Blanc, rosé et rouge sont ainsi commercialisés à leur nom et disponibles en BIB (bag in box) et en bouteille. Le blanc notamment est parfait pour un accord avec des fruits de mer mais Thomas me disait que c'est le rosé qui rencontre le plus de succès.
Voilà, vous savez tout de mon escapade en terre charentaise.
Si je vous ai donné envie de découvrir la gamme de Cognac et Pineau des Charentes Du Frolet et les autres produits de Bastien et Thomas Quintard, je vous invite à aller faire un tour sur leur site internet ou leur page Facebook.
Pour ma part, je retourne dévorer ce qu'il reste de mon fondant au chocolat accompagné d'un verre de Vieux Pineau des Charentes Rosé parce que la gourmandise n'attend pas!
SARL DU FROLET
Quintard Frères
Bastien & Thomas Quintard
13, Route du Petit Morlut
17800 Chadenac
Tél : +33 (0)6 86 15 18 89
Site internet : www.cognacdufrolet.com
Page facebook : https://www.facebook.com/CognacDuFrolet/
Chronique d'un week-end au pays des alambics (Vinocamp, la suite)
Si vous avez lu mon précédent post, vous savez déjà que j'ai récemment participé à un Vinocamp à Cognac (pour les retardataires et les nouveaux venus, le lien du post est ici). Je vous y ai surtout parlé des sessions de travail participatives du samedi au BNIC, mais au Vinocamp on aime aussi aller sur le terrain !
1ère visite le samedi soir pour découvrir le parcours oenotouristique mis en place par la Compagnie de Guyenne, propriétaire du cognac Meukow. Un parcours au milieu des bureaux et surtout des chais qui a pour joli nom "De l'ambre à la lumière". La visite se fait dans une ambiance feutrée, avec de très beaux jeux de lumière et de la vidéo. Ici se côtoient fûts, dames Jeanne et autres bouteilles vintage et l'atmosphère recréée donne vraiment l'impression de rentrer dans les secrets de fabrication de ce cognac qui a pour emblème une panthère, symbolisant la force, l'élégance et la souplesse des cognac Meukow. Une visite féerique qui s'est terminée par une soirée magique, pendant laquelle nous avons eu droit à une démonstration façon "Cocktail" (vous savez, le film avec Tom Cruise) pour finir de nous convaincre de ranger au placard l'image vieillotte qu'on pouvait avoir du cognac (vidéo à aller voir sur le blog de Lost in Wine).
Pour comprendre encore mieux le cognac, il ne manquait plus qu'une visite de distillerie. Rendez-vous pris le dimanche au Domaine Boinaud, où Rémi Boinaud nous a chaleureusement accueillis avec son équipe pour une visite de cette propriété familiale, qui figure parmi les plus grosses de la région, et produit sa propre marque, le cognac De Luze. Un gros domaine (pas moins de 18000 barriques sont stockées sur le site!) qui maîtrise en interne l'ensemble des étapes de production, y compris la tonnellerie.
Mais puisque nous y sommes, c'est quoi justement les grandes étapes de la production d'un cognac? Ne prenez pas peur, je ne vais pas rentrer dans des explications longues et compliquées mais juste vous donner les grandes lignes.
A l'origine du cognac, il y a du vin blanc. Les 1ères étapes de production sont donc similaires à celles connues dans l'univers du vin. Tout commence dans les vignes où l'Ugni Blanc est le cépage majoritaire, puis viennent ensuite les traditionnelles vendanges, le pressurage des raisins et la vinification. Une fois la fermentation alcoolique terminée le vin blanc doit être distillé pour en faire de l'eau-de-vie. C'est là qu'interviennent les fameux alambics charentais qui vont permettre une distillation en deux "chauffes". Une fois la double distillation terminée, les eaux-de-vie obtenues sont transférées dans des fûts de chêne pour reposer et vieillir. Vient ensuite l'étape essentielle de l'assemblage, avant la mise en bouteille. Eaux-de-vie d'âges et de crus différents sont assemblées pour arriver à l'équilibre et à l'harmonie recherchés par le maître de chai. Au Domaine Boinaud, certaines eaux-de-vie ont précieusement été conservées pour être transmises de génération en génération, et Rémi Boinaud compte bien maintenir cette belle tradition.
Voilà, vous savez comment on fait du cognac !
Bien sûr, si vous souhaitez plus de détails, n'hésitez pas à aller faire un tour sur le site www.cognac.fr.
Je ne sais pas vous, mais moi j'ai adoré ce voyage en pays cognaçais et il n'est pas dit que je n'y retourne pas prochainement !
D'autant plus qu'au pays des alambics, on trouve aussi du vin, le fameux Pineau des Charentes. Je n'en avais pour ma part jamais goûté mais grâce à un autre jeune producteur de cognac charentais, Thomas Quintard (Cognac du Frolet), j'ai fait de belles découvertes. Son vieux Pineau des Charentes blanc est excellent mais j'avoue avoir complètement craqué pour son vieux Pineau des Charentes rosé, avec ses notes de pruneau et de fruits confiturés. Une merveille qui, je pense, ferait des étincelles avec un fondant au chocolat.
Mais je m'éloigne du sujet. Revenons au cognac pour finir avec un clin d'œil au grand-père de Rémi Boinaud, dont je vous invite à retenir la devise :
"Le cognac n'est pas un poison.
C'est un élixir au contraire.
Buvez-en avec raison.
Et vous deviendrez centenaire."
Au coeur du Vinocamp Cognac : quand double distillation rime avec passion et cerveaux en ébullition
Ce week-end, j'ai participé à un Vinocamp à Cognac. Après celui du Vinitech à Bordeaux, c'était le 2ème Vinocamp auquel je participais physiquement (j'avais suivi celui en Savoie à distance grâce à Twitter), mais le 1er en mode week-end complet.
Vous êtes peut-être en train de vous dire "Vinocamp, Vinocamp, mais c'est quoi au juste un Vinocamp?!". Pour faire simple, le Vinocamp, organisé par Anne-Victoire Monrozier (aka Miss Vicky Wine) et Grégoire Japiot, avec le concours d'une interprofession (ici le BNIC), regroupe des acteurs du vin et d'Internet, tous animés par une même passion, le vin (et par extension les spiritueux dans le cas présent), et mués par la même soif de découvrir et la même volonté de partager leurs expériences pour aider le monde du vin à mieux communiquer. Si on devait résumer le Vinocamp en 3 hashtags (vous savez, ces trucs bizarres qu'on utilise sur Twitter), personnellement j'opterais pour #passion #échange #rencontres.
10 ateliers ont rythmé la journée, autour de thèmes choisis par les participants (thèmes dont vous trouverez la liste ci-dessous), et avec pour mot d'ordre "tout le monde acteur".
Face à tous ces thèmes fort intéressants, mon 1er dilemme a consisté à n'en choisir que 3 (c'est dans ces moments-là qu'on aimerait avoir le don d'ubiquité!) et finalement mon choix s'est porté sur ceux-ci : "Interprofession 2.0 Quelle communication pour quels modes de consommation?", "Parrainage et fidélisation dans l'e-business du vin" et un dernier qui s'est rajouté en cours de journée sur la Loi Évin.
Le 1er atelier en particulier a été très riche et a mis en lumière la problématique d'image du cognac en France. Si à l'étranger, et notamment aux USA, ce dernier est vu comme une boisson tendance, plébiscitée par les rappeurs, et consommée dans les lieux branchés sous forme de cocktails et long drinks, en France il est plutôt associé à l'idée du digestif un peu "trop" fort et à l'image d'un grand-père sirotant son verre au coin du feu (c'est d'ailleurs plus ou moins l'image que j'en avais, à ceci près que j'aurais rajouté un cigare à la scène). Pas facile avec une telle image de séduire un public large, notamment avec les contraintes imposées par la loi Evin. Et pourtant, le cognac a tout pour plaire. À qui se donne la peine de le découvrir et de l'apprécier à sa juste valeur, il dévoile une impressionnante palette d'arômes et de nuances. Il sait aussi être versatile. Si sa force vous fait peur, goûtez par exemple un VSOP sous forme de cocktail (un cognac summit par exemple), et vous découvrirez qu'il est loin de cette image d'alcool qui vous brûle les papilles.
L'après-midi s'est terminé par un live tasting de cognac lui aussi très instructif. Car pour profiter pleinement des arômes d'un cognac quand on est néophyte, il faut par exemple commencer par perdre l'habitude de mettre le verre juste sous son nez, comme on le ferait avec un verre de vin, sous peine de ne plus sentir grandchose pendant quelque temps. Ce fut pour moi l'occasion de me découvrir une nouvelle passion pour le XO et de succomber aux subtilités de l'accord cognac/chocolat.
Voilà pour le résumé du samedi dans les locaux du BNIC.
Rendez-vous dans le prochain post pour un peu plus de détails sur l'aspect production.