Le compte-rendu des #VDV63
“ L’éloge de la patience ”. Voici le thème que j'avais proposé pour le 63ème opus des Vendredis du Vin. Un thème assez inattendu de la part d'une impatiente telle que moi, mais qui semble avoir inspiré la communauté des vendredistes. Je ne vais pas tester plus longtemps les limites de votre patience, place au compte-rendu des VDV #63 !
Commençons par Boris Politi, que j'ai accueilli sur le blog pour l'occasion. Dans son billet, Boris nous avoue qu'il est impatient et nous dévoile les stratégies qu'il a dû mettre en place pour gérer au mieux cette impatience dans le domaine du vin.
D'impatience, il en a aussi été question dans la participation de Sylvie Cadio sur Facebook. Comme Sylvie n'a pas de blog, je vous livre ci-dessous le texte qu'elle a publié sur la page des Vendredis du Vin :
La patience ? Non, non et re-non ! Je sais, plus qu'une qualité c'est même une vertu. Je n'ai pas ça en rayon. La patience c'est un truc qui pour s'apprivoiser demande du temps. Et pour l'apprivoiser, curieux paradoxe, faudrait se faire violence : ne dit-t-on pas « s'armer de patience » ? Eh bien je n'ai pas d'arme. D'aucune sorte. A moi l'impatiente qui veut tout et tout de suite, à moi qui fais tout dans l'urgence et au dernier moment pour que monte la salvatrice pression, le mot « patience » est une torture rien qu'à le prononcer. Mais je sais gré à tous les vignerons qui en ont eux, de la patience. Une vie entière pour « faire », et quelques minutes à moi pour « défaire ». Certes je suis capable d'attendre pour ouvrir une bouteille qu'elle ait sa majorité, qui heureusement n'est pas toujours à 18 ans. Mais aussitôt que je l'ai choisie, sortie de son casier, y a pas de temps à perdre. Je l'ouvre, je me verse juste ce qu'il faut pour voir à quoi ça ressemble, et ensuite je bichonne en carafant s'il en est besoin (et c'est dans 90% des cas le mieux de carafer). Ah merde, elle est où la carafe « kivabien » ? patience, patience, on ne s'énerve pas, elle doit bien être quelque part... bon ben en attendant que la mémoire me revienne je vais regoûter un peu, hein ! De sorte qu'il peut arriver à un vin d'être bu totalement sans jamais avoir eu le temps d'être carafé...
Sylvie reconnaît donc être impatiente.
Tout comme Isabelle Perraud (domaine des Côtes de la Molière) qui admet volontiers son manque de patience dans le vin. Elle aime "les vins jeunes...les fruits gourmands...la vivacité" et même quand il s'agit de ses vins, elle n'a pas besoin pour les apprécier de faire preuve de la patience qu'elle préconise pourtant à ses clients.
Si l'on en croit Nicolas de Rouyn (Bon Vivant), la patience n'est pas non plus le fort de Régis Franc, dont il a choisi de nous brosser le portrait pour ces VDV #63. Un impatient qui produit depuis quelques années du vin dans les Corbières, au domaine Chante Cocotte.
Serait-ce aussi l'impatience qui a poussé Sandrine Goeyvaerts (La PinardotheK) à nous livrer son billet dédié aux Vendredis du Vin dès jeudi soir ? Un billet où elle nous raconte ses débuts de caviste et sa première prise de risque avec les vins d'un vigneron du Languedoc pour lesquels elle avait eu un coup de coeur absolu.
Si Sandrine a dégainé son billet plus vite que Lucky Luke, elle a été suivie de près par Yann Dereu (Ah le vin). Dans son billet, Yann conclut en invitant ses lecteurs à choisir les vins à servir en fonction du plat mais aussi en se demandant si c'est ou non le bon moment pour ouvrir la bouteille. Pas toujours facile de déterminer ce "bon moment"...
Guillaume (God Bless Bacchus) a trouvé la solution : avoir plusieurs exemplaires de la même bouteille pour pouvoir concilier l'impatience de goûter et le besoin d'attendre. Pour sa première participation aux Vendredis du Vin, c'est dans la Loire qu'il a choisi de nous emmener avec un Chinon du Domaine de la Marinière de Boris Desbourdes.
La Loire est aussi à l'honneur sur le blog Bonum Vinum de Jacques Péneau. "Le Muscadet est-il patient ?" Voici la question que se pose Jacques. Je vous laisse découvrir sa réponse sur son blog.
La Loire toujours avec Anne Graindorge qui nous revient après une petite absence. Pour son retour dans les Vendredis du Vin, c'est un vin du Domaine Amirault sis au Clos des Quarterons sur l'appellation Saint-Nicolas-de-Bourgueil qu'elle a choisi de mettre en avant.
Après la Loire, place au Jura !
J'attendais Olif sur le vin jaune, et c'est finalement un autre Olivier, Olivier Zavattin (Le Blog du Caveau du Sommelier by Oz), qui a évoqué ce vin que j'aime tant. Un vin jaune de 1864...Ça laisse rêveur...
David Farge (Abistodenas) a lui aussi choisi de nous emmener sur les terres jurassiennes à l'occasion de ces VDV #63 avec une bouteille de Jean-François Ganevat. Une bouteille avec "une histoire bien enracinée dans les contours de cette éloge du temps qui passe", qu'il oppose au "zapping insipide des Neknominations".
Le Jura a décidément eu beaucoup de succès lors de cette 63ème édition, puisque c'est un "Pet'Nat" jurassien de Philippe Bornard qui a séduit Fred Truchon (Vortex du Gosier) et qui le contraint aujourd'hui à s'armer de patience...pour cause de rupture de stock !
Le Languedoc a également été à l'honneur pour cette 63ème édition des Vendredis du Vin grâce au domaine Clos Romain, évoqué par plusieurs de nos participants.
C'est en effet le Clos Romain qui a inspiré Olivier Lebaron (Showiniste).
Un domaine également cher au coeur de Gérard Garroy (Vins Coeurs) et dont il aime énormément la cuvée "Patience".
Une cuvée qu'Olivier Grosjean (Le blog d'Olif) a quant à lui savourée dans le millésime 2008, premier millésime de Céline Beauquel.
La cuvée Patience est enfin l'une des bouteilles choisies par Franck Kukuc pour illustrer sa petite participation sur Facebook aux Vendredis du Vin. Je vous livre ci-dessous ses quelques mots :
Ce ne sera qu'un clin d'oeil comme un instant en suspension au goût d'éternité.
Un jour prochain, je l'espère, viendront les mots. A la croisée des chemins, lorsque les choses ne sembleront pas être ce qu'elles sont, l'esprit et l'âme verront plus loin. Patient alors je serai et en parfait accord avec les vins qui auront attendu leur heure, j'agirai assagi. Calme et serein.
Nathalie, Michel et Daniel se sont eux retrouvés sur le chemin de la gourmandise puisqu'ils nous ont tous les trois parlé de vins et d'accords en cuisine.
Nathalie Merceron (Côte-du-Rhône News) est allée du côté de Rasteau pour nous raconter l'histoire du Rasteau VDN ambré du domaine des Escaravailles. Un Rasteau qu'elle a marié à un baba au sirop de cardamome, crémeux banane, sauce caramel pour un accord tout en subtilité.
Michel Smith (Pour le vin) nous raconte quant à lui le mariage inattendu du Rancio sec avec une spécialité japonaise baptisée «Cha No Ka», une langue-de-chat au thé vert Okoicha (Matcha) de Kyoto.
Daniel Sériot (Journal d'un passionné de la rive droite) enfin, nous explique, à travers quelques exemples d'accords qui nous donnent l'eau à la bouche, que "la cuisine et le vin sont des jeux de patience... et de récompense."
"La patience d'attendre LE plat idéal", voilà ce dont nous parle notamment Tom Delanoue (1098.fr) en prenant l'exemple de ce Dom Ruinart 1990 qu'il a retrouvé 6 ans après l'avoir goûté pour la première fois et qui s'est révélé sur une marmite de purée aux truffes. Mais il y a aussi selon lui la patience d'attendre le moment idéal, celui où sont présents les gens que l'on aime.
Guillaume Deschamps (Découverte Vins) a choisi de son côté de nous "conter une anecdote concernant un autre type de patience, celle de la bouteille déjà ouverte." Comme quoi, oublier une bouteille quelques jours après ouverture peut parfois réserver de bonnes surprises...
Catherine (Une femme des vins) a pour sa part eu envie de nous présenter un type de vin que l'on n'a pas l'habitude d'attendre : un rosé, et plus exactement un Côtes du Rhône rosé La Pialade du millésime 1991.
Comme à leur habitude, les membres du groupe des Brusseleirs, sous la plume ce mois-ci d'Arristo Bomba, nous ont donné envie en décrivant leur dégustation organisée pour coller au thème du mois, avec pas moins de 7 vins.
Marie (Drink a beat) a quant à elle choisi pour illustrer le thème de la patience de nous parler de l'édition limitée lancée par Perrier-Jouët pour son bicentenaire.
Si Gérard Garroy a décidé de nous faire son « samedi du vin du vendredi », il n'est pas le seul "retardataire" à avoir tester ma patience ;)
Première participation arrivée un peu après les autres, pour cause de décalage horaire : celle d'Alain P. du blog Hippovino en direct du Québec. Et c'est du Sud-Ouest qu'il est question, et plus particulièrement des vins de Cahors, "des vins pour les patients".
Pour se faire pardonner son retard, Eric Leblanc (Le p'tit blanc sans col) nous a "amené le dessert" avec un moût partiellement fermenté issu de raisins passerillés du Domaine de la Marfée portant le doux nom de "Sugar Baby Love".
Véronique Attard du domaine Mas Coris a pris son temps pour nous raconter son quotidien de vigneronne où la patience est omniprésente. Elle nous parle ainsi du temps des vignes, "un temps où les mains sont les aiguilles de cette horloge", mais aussi de "la patience d'après vigne", celle du vin, qu'elle compare à la "patience d'un parent attentif à ses enfants".
Après être allé puiser dans sa mémoire une dégustation verticale de Château de Suronde, Philippe Rapiteau (La Pipette aux quatre vins) questionne quant à lui notre confiance au temps en évoquant ces bouteilles à côté desquelles on passe pour les avoir attendues trop longtemps mais aussi celles qui dès leur ouverture nous laissent à penser qu'elles auraient pu patienter encore un peu.
Notre dernier retardataire, Antoon Laurent (The Wine Patriot), s'interroge lui aussi sur la patience nécessaire pour qu'un vin arrive à son apogée, tout en admettant que cette dernière est subjective. Pour illustrer cet éloge de la patience, c'est finalement un Château d'Yquem qu'il a choisi car il représente à ses yeux "le cru qui peut se permettre la patience absolue".
Si c'est un Chemin de Moscou qui m'a fait choisir le thème de la patience pour ces VDV #63, Yquem est l'un des vins que j'évoque aussi dans mon billet, aux côtés d'autres vins de Bordeaux et de Champagne.
Voilà, je crois que j'ai réussi à faire le tour de toutes les participations. J'espère que je n'ai oublié personne mais si c'est le cas, n'hésitez pas à me faire signe !
Pour ma première en tant que présidente, j'ai été ravie de vous voir aussi nombreux à répondre présents et j'ai pris énormément de plaisir à vous lire. Alors je crois que pour conclure cette 63ème édition des Vendredis du Vin je n'ai qu'une chose à dire : un grand merci à toutes et à tous !
Et maintenant, je vous laisse entre les mains de Doc ADN, du blog Escapades. Encore un peu de patience, et il ne devrait pas tarder à vous dévoiler le thème pour sa présidence des Vendredis du Vin 64e du nom...
P.S : on a aussi parlé des Vendredis du Vin sur le blog de France3 Midi-Pyrénées dédié au numérique !
#VDV63 : la patience...ou l'art d'espérer
J'ai beau avoir choisi le thème de ces VDV #63, en tant que présidente éphémère des Vendredis du Vin, j'ai tout de même eu des difficultés à trouver le sujet de ma participation. Une raison toute simple à cela : je ne suis pas patiente !
Je ne le suis pas dans la vie, et je ne le suis pas non plus pour tout ce qui a trait au vin. Dans ce dernier cas, j'ai quelques excuses. La première étant que je n'ai pas de vraie cave, mais seulement une petite armoire d'appartement, pas du tout adaptée pour faire vieillir des vins. La seconde excuse tient à mes parents et grands-parents qui n'en avaient pas non plus, donc je n'ai jamais eu l'habitude d'ouvrir de vieilles bouteilles en famille pendant mes jeunes années. Là, vous êtes sûrement en train de vous dire "Pourquoi diable avoir choisi ce thème si la patience n'est pas son fort ?"
Quand un Chemin de Moscou invite à la patience...
Tout a commencé avec un magnum de Chemin de Moscou du Domaine Gayda que l'on m'a offert à Noël. C'est un domaine que j'aime beaucoup, et une cuvée que j'apprécie également. Autant vous dire que j'avais des projets pour ce magnum dans un futur relativement proche. Mais ça c'était avant !
Avant de passer sur le stand du Domaine Gayda lors de mes tribulations à Millésime Bio et avant de discuter avec Vincent Chansault, le winemaker au domaine, de ses vins et de mon fameux magnum. Quand la personne qui est derrière le vin que vous aimez vous explique que ce dernier mérite vraiment qu'on l'attende encore quelques années (4-5 ans dans mon cas), vous avez du mal à faire la sourde oreille. Alors oui, j'aime ce vin, et pour l'avoir goûté dans ce millésime, je l'aime déjà tel quel. Sauf que voilà, à force de vouloir jouir trop vite du plaisir procuré par ce vin, je me suis rendue compte que je passais effectivement à côté de ce qu'il pourrait devenir, de son évolution vers plus de complexité. Une complexité qui pourrait potentiellement me séduire encore plus...
Faisons un parallèle en prenant l'exemple de Sean Connery (oui, oui, j'ai bien dit Sean Connery et non, je n'ai pas bu avant d'écrire ce billet, attendez que je vous explique !). Sean Connery donc, est à mes yeux l'exemple parfait de l'acteur que l'on jugeait séduisant "jeune", du temps des James Bond, mais qui est pour moi bien plus sexy et séduisant "vieux". C'est vrai qu'il n'a plus le physique (ni les muscles) d'un jeune premier. Il a des rides, les cheveux blancs...Un visage marqué par la vie en somme. Mais c'est justement ce vécu qui lui donne un ne sais quoi de plus qui le rend si charismatique à mes yeux. Pour un vin, j'imagine aisément que cela puisse être pareil.
J'ai donc décidé d'attendre (ou du moins, d'essayer d'attendre) mon Chemin de Moscou, en espérant qu'il vieillisse aussi bien que Sean.
Il me fallait donc trouver un autre sujet pour mon billet pour les #VDV63...
J'ai par conséquent essayé de me remémorer mes quelques expériences avec des vins de plus de 10 ans. Pas très compliqué, vu que ces expériences se comptent presque sur les doigts d'une main.
Patience et Bordeaux...
Il y a d'abord eu quelques vins de Bordeaux. Les Bordeaux font partie de ces vins que je ne commence à trouver intéressants que quand ils ont atteint un certain âge, pour ne pas dire un âge certain. Dans la jeunesse, je trouve qu'ils manquent souvent de finesse, d'élégance, de complexité. Mais il est vrai qu'en les attendant je ne doute pas que certains puissent au final me plaire.
J'ai par exemple eu l'occasion de goûter la Mission Haut-Brion en rouge dans 2 millésimes différents : un 1987 et un 2004. Eh bien, pour le coup, le 1987 m'a vraiment déçue. Je ne sais pas si c'est parce que j'en attendais beaucoup, parce que l'accompagnement en termes de mets ne convenait pas ou si tout simplement le vin avait été mal conservé, mais le moins que l'on puisse dire c'est que ce vin m'a laissée sur ma faim. C'est donc avec peu d'enthousiasme que j'ai ouvert plus récemment la bouteille du 2004. Et là, le charme a opéré comme par magie. J'ai apprécié ce vin, savouré sa complexité, même si je me suis aussi dit qu'il aurait pu être encore meilleur dans quelques années.
Je retiens aussi cette dégustation d'un Yquem 1998. Bon là, je n'en ai bu qu'une toute petite gorgée mais cela a suffi à me transporter. Une telle complexité dans ce vin ! Je suis convaincue que les liquoreux font partie de ces vins qui méritent d'attendre un moment en cave pour dévoiler toute la palette de leurs arômes. On les trouve souvent lourds, mais ce nectar qui a glissé sur ma langue était tout sauf lourd. Après tant d'années il avait réussi à conserver cette pointe d'acidité qui venait contrebalancer le sucre, et la richesse de ses arômes était incroyable (et pourtant je crois que 1998 n'est pas un grand millésime d'Yquem). Bref, il valait le coup d'attendre ! Et il va sûrement falloir que je m'arme de patience avant de pouvoir retremper mes lèvres dans ce vin...
Patience et champagne...
J'ai aussi eu l'opportunité de goûter 2 cuvées de champagne dans des millésimes un peu âgés : la Cuvée Cristal de Roederer 1994 et la Cuvée n°728 de Jacquesson.
Des styles différents, mais 2 cuvées qui ont su me prouver que le champagne vieillissait très bien et présentait des arômes vraiment intéressants en prenant un peu de bouteille.
Vauvenargues disait dans ses Réflexions et Maximes :
La patience est l'art d'espérer.
Bien qu'éternelle impatiente, j'aime bien cette idée.
Je vais donc tâcher de faire davantage preuve de patience dans le vin pour espérer découvrir les secrets que peuvent me réserver ces vieilles bouteilles oubliées au fond d'une cave...
Pour retrouver les autres participations à l'occasion des Vendredis du Vin, suivez les hashtag #VendredisduVin ou #VDV63 sur Twitter. Et rendez-vous dans quelques jours sur le blog pour le résumé de ces VDV #63, avec toutes les participations.
"Demain, puis demain, puis demain glisse à petits pas de jour en jour jusqu’à la dernière syllabe du registre des temps…"
Ce mois-ci, j'ai l'honneur de présider les Vendredis du Vin, un événement mensuel que j'apprécie particulièrement pour les valeurs de partage qu'il véhicule. Et ce que j'aime aussi, c'est l'idée que tout le monde puisse y participer, blogueur ou non. C'est donc avec un grand plaisir que j'accueille aujourd'hui sur mon blog Boris Politi (Champagnes François Diligent) pour lui permettre de partager avec vous et avec la communauté des Vendredis du Vin ce que lui a inspiré le thème que j'avais choisi pour cette 63ème édition : la patience.
Je vous souhaite une bonne lecture et laisse la parole à Boris...
Demain, puis demain, puis demain glisse à petits pas de jour en jour jusqu’à la dernière syllabe du registre des temps…
En réalité cette citation de Macbeth que je porte en moi jour après jour, mois après moi(s), je la porte de guingois... et elle devient « jour après jour sur le registre interminable du temps »... Voilà, avec une seule citation, j’ai réussi à montrer à la fois mon impatience et ma peur du temps qui passe (ainsi que ma capacité de synthèse)…
Depuis que je m’intéresse au vin je déclare à qui veut l’entendre que le vin est l’application matérielle d’une philosophie... Et que par voie de conséquence le vin ressemble à son créateur... Et que si ce n’est pas le cas, s' il y a un hiatus, un « gap » entre le vin et son créateur, si l'un n’était pas directement lié à l’autre par ses qualités intrinsèques alors le vin ne pouvait pas être bon... C’était à tel point que nous avions imaginé avec un ami écrire un livre sur des vignerons emblématiques avec d’un côté un questionnaire de « Proust » et de l'autre un guide de leurs cuvées...
Ma relation à la patience étant donc définie en négatif (bref je suis impatient), j’ai besoin de trouver des remèdes, des stratégies qui me permettent d’attendre ou qui me permettent de n'avoir pas à attendre...
Première stratégie, changer son goût pour ne plus être dépendant du vieillissement d'un vin, pour apprécier voire n'aimer que les vins jeunes... L’application de cette stratégie d’évitement m’a été facilitée par deux choses... Un palais de gros fumeur... (enfin plus exactement 0.5 mm de goudron sur la langue en permanence)... qui faisait que je n aimais que les vins sur la puissance, la jeunesse !! Les vins qui déménagent avec du bois et des tannins si possible agressifs ! Les blanc sur l’austérité et l’acidité, les rouges avec des lames de rasoirs... J'ai aussi travaillé pendant 10 ans à l'exportation des vins et à l’export, nos amis anglo-saxons veulent le dernier millésime, pas celui d'il y a 3 ans qui est prêt a boire, non... celui de la dernière vendange !! J'ai depuis arrêté de fumer...et je passe plus de temps en France, les choses changent...
Deuxième stratégie qui consiste à s’obliger à respecter le temps... Pour cela il existe plusieurs tactiques adaptées à différentes situations.
La tactique de la cave personnelle... Certains d'entre nous ont des caves perso complètes, organisées, remplies de vins divins et de nectars ( blah blah ad lib)... La mienne est remplie mais je ne sais pas de quoi au juste... Car je refuse de la ranger, j'entasse les cartons près de la porte, des fois je n’arrive plus à ouvrir la porte de la cave qui est bloquée par les cartons alors je vide les cartons sur des étagères... En fait, rien n'est organisé, je mets les bouteilles là où il y a de la place... Car surtout je ne veux pas savoir ce que j’ai ... J’aime aller explorer la cave telle une caverne d'ali baba et retrouver par hasard de vieux amis que je croyais disparus... Telle cette caisse de 12 de Cru Barrejats de Mirelle Daret... ou ces vieux Raymond Boulard époque pré Francis Boulard et fille... ou ce vieux mis en cave 83 de Diebolt Valois... Je suis un peu moins heureux quand je retrouve une caisse de rosé de Provence 2004... ou ces vieux Villatade (je les avais oubliés eux, c'est un post de Sandrine de la Pinardothek qui me les a ramenés sur le devant de ma mémoire) qui n'ont rien à faire dans ma cave (m’en fous, je les garde, j'ai la dent longue). Cela dit, cela amène à une variation par la force des choses de la première stratégie... En plus des vins jeunes, il faut avoir ou avoir créé une véritable passion pour les vieilles quilles sur des goûts tertiaires...
La tactique professionnelle... T’es provençal, tu bosses dans le vin, pourquoi tu vas pas faire du rosé de Provence !! C’est parfait pour les impatients ça ! Ben non... Tu vas faire du champagne, un peu comme une conduite contre-phobique, un pinard bien compliqué, en plus tu décides (à cause d'une phrase dite par Pierre Larmandier qui se plaignait de vendre des vins de plus en plus jeunes... Terre de Vertus de Larmandier arrête le temps, vous saviez pas ça, le tour de la ville à genoux pour en boire) que pour tes champagnes tu pousseras le vieillissement de façon arbitraire jusqu’à au moins 5 ans, si possible 8... Impatient et MASO !!
Quand tu pousses un peu plus loin le raisonnement tu te dis "ok, le vin doit ressembler à son créateur, je fais du champagne et je suis impatient... pourquoi donc ? y a-t-il une incohérence ?", et finalement tu comprends que c’est pour être immortel qu'il reste du plaisir à donner à d'autres... Plus tard quand tu ne seras plus mais que tu seras reconnu (en fait, t’essayes d expliquer ta mégalomanie a posteriori)...
Mais putain(g) c’est long !!!
Boris Politi
PS: il n y a pas de description de vin, c'est voulu... C'est une règle que je me suis imposé depuis iachos au début des années 80 heu pardon 2000... Les vins cités, leurs auteurs le sont volontairement... J'avoue que j'ai pas la patience d’essayer de parler de... trop long ! Bref, j'essaye de vous faire sourire ou en tout cas de vous embarquer sur des chemin plus droits qu'ils n'y paraissent.
Flashback sur les salons OFF de Millésime Bio
Alors que démarre Vinisud, il est grand temps pour moi de revenir sur l'autre événement qui se tenait il y a un mois à Montpellier, à savoir l'édition 2014 de Millésime Bio. Pour résumer ces 4 jours de dégustations en folie, je vous propose de commencer par les salons OFF de Millésime Bio, qui ont fait grincer des dents les organisateurs du salon IN.
Il faut bien admettre que d'un point de vue visiteur, il était compliqué de tout faire car il y avait plusieurs salons OFF en marge du salon principal. J'ai pour ma part essayé de faire un passage presque partout (j'ai manqué avec regret le petit salon Chemin en piste), mais a posteriori, je me dis que j'aurais finalement gagné à passer moins de temps sur certains salons pour davantage profiter du salon principal qui regroupait au même endroit un nombre impressionnant de belles choses. D'autant plus que certains vignerons étaient présents à plusieurs endroits.
Le Vin de mes Amis
La liste m'avait emballée au premier coup d'œil. Beaucoup de noms que je connaissais et aimais, beaucoup d'autres que j'avais envie de découvrir. Bref, si je n'avais dû choisir qu'un OFF, j'aurais choisi celui-là.
Premier constat en arrivant : nous avons dû être nombreux à penser la même chose car le moins que l'on puisse dire c'est qu'il y avait du monde dès le dimanche ! Un peu trop à mon goût car il fallait parfois vraiment jouer des coudes pour accéder au stand de certains vignerons. Mais l'atmosphère était très conviviale et on avait effectivement l'impression d'être entre amis.
Arrivée en milieu d'après-midi, avec mes compagnons de route de la cave Au Bec Fin (une cave à vins toulousaine qui fait aussi épicerie fine et dont je vous reparlerai à l'occasion), je n'ai malheureusement pas pu faire le tour de tous les vignerons présents, d'autant plus que nous étions attendus à un autre OFF en début de soirée.
J'ai tout de même pu regoûter avec plaisir les vins de Dominique Andiran et Fabien Jouves (2 vignerons du Sud-Ouest que j'aime beaucoup, tout comme Bernard Plageoles et Elian Da Ros que je n'ai pas eu le temps d'aller voir), ceux du domaine Antoine Arena (qui ont fini de me convaincre de programmer une escapade en Corse hors saison pour enfin prendre le temps de visiter plusieurs domaines) ainsi que d'autres cuvées de vignerons qui m'avait déjà convaincue comme Jean-Baptiste Sénat ou Catherine et Pierre Breton.
Dans la catégorie découverte totale : les vins de Dominique Hauvette (dont j'avais lu le plus grand bien sous la plume de Fabrice du blog Vin sur Vin), un très joli Fleurie d'Agnès et Jean Foillard, les très bons Chablis de Thomas Pico et enfin, les vins d'Édouard Fortin (le vigneron de Ventenac-Cabardès qui avait été victime d'un incendie criminel en fin d'année 2013), dont la fameuse cuvée Solidarité.
Et dans la catégorie "hors vin", j'ai adoré les spécialités d'Eric Bordelet, que je connaissais déjà pour son Sydre tendre. Mention spéciale à son Poiré Granit qui est tout simplement une tuerie !
Biotop
J'y étais allée principalement pour un producteur Corse présent : Yves Canarelli (oui, oui, celui avec lequel je vous bassine car son vin blanc est un de mes préférés).
Manque de bol, il est parti à notre arrivée ...
Passée cette petite frustration, je garde un bon souvenir de ce salon qui m'a fait découvrir un lieu atypique, le phare de Palavas, et où j'ai dégusté de belles choses, même si là encore, je n'ai pas goûté les vins de tous les vignerons présents.
J'en retiendrai :
J'ai savouré les cuvées du Champagne Fleury que je ne connaissais pas encore, comme la très belle cuvée Sonate n°9, et découvert avec beaucoup de plaisir les Champagnes Franck Pascal.
Avec le Château Gombaude Guillot dont j'avais beaucoup entendu parler sur Facebook (petite préférence pour le millésime 2004) et avec le domaine Closeries des Moussis, un tout petit domaine dans le Médoc dont j'ai particulièrement apprécié la cuvée Baragane, élaborée à partir de 6 cépages issus d'une vigne préphylloxérique.
Du Beaujolais, avec les vins de Bruno et Isabelle Perraud, à la Loire, avec la Grange Tiphaine. Sans oublier la Provence avec les vins d'Henri Milan et la Savoie dignement représentée par Yann Pernuit.
Les Affranchis
Peut-être le salon sur lequel mon avis est le plus mitigé.
Du côté des + : moins de monde qu'à Verchant donc plus agréable pour déguster et prendre le temps de discuter avec les vignerons.
Du côté des - : j'ai trouvé le niveau beaucoup plus hétérogène.
Je me contenterai de parler de ceux qui m'ont le plus plu, sans vous reparler pour la énième fois des champagnes de Francis Boulard que j'aime toujours autant (son Rosé des Rachais n'était pas à la dégustation mais Francis m'a convaincue de le découvrir d'urgence...affaire à suivre !).
Parmi mes coups de coeur :
Les Outsiders du Languedoc Roussillon et leurs amis
Nous avons fait un passage éclair le dimanche soir à la soirée organisée par les Outsiders du Languedoc Roussillon, qui avaient pour l'occasion invité quelques amis d'autres régions.
L'occasion de découvrir les vins du Mas Foulaquier ainsi qu'un chouette Pouilly Fumé.
C'est tout pour la partie "OFF" !
RDV bientôt sur le blog pour la suite avec un résumé de mon premier Millésime Bio.
Tasting Corsica Made : quand la Corse s'invite à Toulouse...
Hier soir, la Corse s'invitait à Toulouse pour un tasting Corsica Made organisé par l'Agence du Tourisme de la Corse.
J'ai eu le plaisir d'être invitée à cette soirée par Nicolas Stromboni, ambassadeur Vins et Gastronomie de l'Ile de Beauté et caviste au Chemin des Vignobles à Ajaccio (il avait d'ailleurs été élu meilleur caviste de France par la Revue du Vin de France en 2011).
Objectif de la soirée : à travers les plaisirs gourmands proposés par quelques producteurs corses (charcuterie, huile d'olive, fromages, miel, huiles essentielles, confitures) et un dîner cocktail placé sous le signe des accords mets & vins, faire découvrir aux toulousains les merveilles de la Corse, et les encourager à venir découvrir l'île hors-saison en profitant des lignes directes ouvertes à l'année au départ de Toulouse.
Plutôt que de longs discours, je vous invite à aller faire un tour sur la page Facebook du blog pour y voir quelques photos de cette belle soirée.
Et si ça vous intéresse, voici la liste des producteurs qui étaient présents :
- Paul Léoni de Zevaco et sa charcuterie Porc Nustrale AOC (Saucisson, Prisuttu et j'ai même eu la chance de goûter un petit bout de son savoureux Lonzu).
- Jean-Christophe Arri, récoltant producteur des huiles d'olive U Palazzu à Sainte Lucie de Tallano. J'ai eu un gros coup de cœur pour son huile élaborée à partir d'olives venant d'oliviers centenaires.
- Jean-Pierre Caux, producteur d'huiles essentielles, de produits cosmétiques et de condiments à base d'huiles essentielles à Ocana, sous la marque Corsica Pam.
- Lionel Pinzutti et ses fromages du domaine de Murtoli. J'ai adoré son brocciu passu seul, mais aussi accompagné du miel de Raymond Thouement !
- Raymond Thouement, donc, apiculteur à Prugna, qui fait un miel d'une incroyable complexité.
- Mattea Scarbonchi, exploitante agricole à Cutuli, et sa farine de châtaigne ainsi que ses confitures bio (dont une excellente confiture de citron et une délicieuse gelée d'oranges).