Le compte-rendu des #VDV63
“ L’éloge de la patience ”. Voici le thème que j'avais proposé pour le 63ème opus des Vendredis du Vin. Un thème assez inattendu de la part d'une impatiente telle que moi, mais qui semble avoir inspiré la communauté des vendredistes. Je ne vais pas tester plus longtemps les limites de votre patience, place au compte-rendu des VDV #63 !
Commençons par Boris Politi, que j'ai accueilli sur le blog pour l'occasion. Dans son billet, Boris nous avoue qu'il est impatient et nous dévoile les stratégies qu'il a dû mettre en place pour gérer au mieux cette impatience dans le domaine du vin.
D'impatience, il en a aussi été question dans la participation de Sylvie Cadio sur Facebook. Comme Sylvie n'a pas de blog, je vous livre ci-dessous le texte qu'elle a publié sur la page des Vendredis du Vin :
La patience ? Non, non et re-non ! Je sais, plus qu'une qualité c'est même une vertu. Je n'ai pas ça en rayon. La patience c'est un truc qui pour s'apprivoiser demande du temps. Et pour l'apprivoiser, curieux paradoxe, faudrait se faire violence : ne dit-t-on pas « s'armer de patience » ? Eh bien je n'ai pas d'arme. D'aucune sorte. A moi l'impatiente qui veut tout et tout de suite, à moi qui fais tout dans l'urgence et au dernier moment pour que monte la salvatrice pression, le mot « patience » est une torture rien qu'à le prononcer. Mais je sais gré à tous les vignerons qui en ont eux, de la patience. Une vie entière pour « faire », et quelques minutes à moi pour « défaire ». Certes je suis capable d'attendre pour ouvrir une bouteille qu'elle ait sa majorité, qui heureusement n'est pas toujours à 18 ans. Mais aussitôt que je l'ai choisie, sortie de son casier, y a pas de temps à perdre. Je l'ouvre, je me verse juste ce qu'il faut pour voir à quoi ça ressemble, et ensuite je bichonne en carafant s'il en est besoin (et c'est dans 90% des cas le mieux de carafer). Ah merde, elle est où la carafe « kivabien » ? patience, patience, on ne s'énerve pas, elle doit bien être quelque part... bon ben en attendant que la mémoire me revienne je vais regoûter un peu, hein ! De sorte qu'il peut arriver à un vin d'être bu totalement sans jamais avoir eu le temps d'être carafé...
Sylvie reconnaît donc être impatiente.
Tout comme Isabelle Perraud (domaine des Côtes de la Molière) qui admet volontiers son manque de patience dans le vin. Elle aime "les vins jeunes...les fruits gourmands...la vivacité" et même quand il s'agit de ses vins, elle n'a pas besoin pour les apprécier de faire preuve de la patience qu'elle préconise pourtant à ses clients.
Si l'on en croit Nicolas de Rouyn (Bon Vivant), la patience n'est pas non plus le fort de Régis Franc, dont il a choisi de nous brosser le portrait pour ces VDV #63. Un impatient qui produit depuis quelques années du vin dans les Corbières, au domaine Chante Cocotte.
Serait-ce aussi l'impatience qui a poussé Sandrine Goeyvaerts (La PinardotheK) à nous livrer son billet dédié aux Vendredis du Vin dès jeudi soir ? Un billet où elle nous raconte ses débuts de caviste et sa première prise de risque avec les vins d'un vigneron du Languedoc pour lesquels elle avait eu un coup de coeur absolu.
Si Sandrine a dégainé son billet plus vite que Lucky Luke, elle a été suivie de près par Yann Dereu (Ah le vin). Dans son billet, Yann conclut en invitant ses lecteurs à choisir les vins à servir en fonction du plat mais aussi en se demandant si c'est ou non le bon moment pour ouvrir la bouteille. Pas toujours facile de déterminer ce "bon moment"...
Guillaume (God Bless Bacchus) a trouvé la solution : avoir plusieurs exemplaires de la même bouteille pour pouvoir concilier l'impatience de goûter et le besoin d'attendre. Pour sa première participation aux Vendredis du Vin, c'est dans la Loire qu'il a choisi de nous emmener avec un Chinon du Domaine de la Marinière de Boris Desbourdes.
La Loire est aussi à l'honneur sur le blog Bonum Vinum de Jacques Péneau. "Le Muscadet est-il patient ?" Voici la question que se pose Jacques. Je vous laisse découvrir sa réponse sur son blog.
La Loire toujours avec Anne Graindorge qui nous revient après une petite absence. Pour son retour dans les Vendredis du Vin, c'est un vin du Domaine Amirault sis au Clos des Quarterons sur l'appellation Saint-Nicolas-de-Bourgueil qu'elle a choisi de mettre en avant.
Après la Loire, place au Jura !
J'attendais Olif sur le vin jaune, et c'est finalement un autre Olivier, Olivier Zavattin (Le Blog du Caveau du Sommelier by Oz), qui a évoqué ce vin que j'aime tant. Un vin jaune de 1864...Ça laisse rêveur...
David Farge (Abistodenas) a lui aussi choisi de nous emmener sur les terres jurassiennes à l'occasion de ces VDV #63 avec une bouteille de Jean-François Ganevat. Une bouteille avec "une histoire bien enracinée dans les contours de cette éloge du temps qui passe", qu'il oppose au "zapping insipide des Neknominations".
Le Jura a décidément eu beaucoup de succès lors de cette 63ème édition, puisque c'est un "Pet'Nat" jurassien de Philippe Bornard qui a séduit Fred Truchon (Vortex du Gosier) et qui le contraint aujourd'hui à s'armer de patience...pour cause de rupture de stock !
Le Languedoc a également été à l'honneur pour cette 63ème édition des Vendredis du Vin grâce au domaine Clos Romain, évoqué par plusieurs de nos participants.
C'est en effet le Clos Romain qui a inspiré Olivier Lebaron (Showiniste).
Un domaine également cher au coeur de Gérard Garroy (Vins Coeurs) et dont il aime énormément la cuvée "Patience".
Une cuvée qu'Olivier Grosjean (Le blog d'Olif) a quant à lui savourée dans le millésime 2008, premier millésime de Céline Beauquel.
La cuvée Patience est enfin l'une des bouteilles choisies par Franck Kukuc pour illustrer sa petite participation sur Facebook aux Vendredis du Vin. Je vous livre ci-dessous ses quelques mots :
Ce ne sera qu'un clin d'oeil comme un instant en suspension au goût d'éternité.
Un jour prochain, je l'espère, viendront les mots. A la croisée des chemins, lorsque les choses ne sembleront pas être ce qu'elles sont, l'esprit et l'âme verront plus loin. Patient alors je serai et en parfait accord avec les vins qui auront attendu leur heure, j'agirai assagi. Calme et serein.
Nathalie, Michel et Daniel se sont eux retrouvés sur le chemin de la gourmandise puisqu'ils nous ont tous les trois parlé de vins et d'accords en cuisine.
Nathalie Merceron (Côte-du-Rhône News) est allée du côté de Rasteau pour nous raconter l'histoire du Rasteau VDN ambré du domaine des Escaravailles. Un Rasteau qu'elle a marié à un baba au sirop de cardamome, crémeux banane, sauce caramel pour un accord tout en subtilité.
Michel Smith (Pour le vin) nous raconte quant à lui le mariage inattendu du Rancio sec avec une spécialité japonaise baptisée «Cha No Ka», une langue-de-chat au thé vert Okoicha (Matcha) de Kyoto.
Daniel Sériot (Journal d'un passionné de la rive droite) enfin, nous explique, à travers quelques exemples d'accords qui nous donnent l'eau à la bouche, que "la cuisine et le vin sont des jeux de patience... et de récompense."
"La patience d'attendre LE plat idéal", voilà ce dont nous parle notamment Tom Delanoue (1098.fr) en prenant l'exemple de ce Dom Ruinart 1990 qu'il a retrouvé 6 ans après l'avoir goûté pour la première fois et qui s'est révélé sur une marmite de purée aux truffes. Mais il y a aussi selon lui la patience d'attendre le moment idéal, celui où sont présents les gens que l'on aime.
Guillaume Deschamps (Découverte Vins) a choisi de son côté de nous "conter une anecdote concernant un autre type de patience, celle de la bouteille déjà ouverte." Comme quoi, oublier une bouteille quelques jours après ouverture peut parfois réserver de bonnes surprises...
Catherine (Une femme des vins) a pour sa part eu envie de nous présenter un type de vin que l'on n'a pas l'habitude d'attendre : un rosé, et plus exactement un Côtes du Rhône rosé La Pialade du millésime 1991.
Comme à leur habitude, les membres du groupe des Brusseleirs, sous la plume ce mois-ci d'Arristo Bomba, nous ont donné envie en décrivant leur dégustation organisée pour coller au thème du mois, avec pas moins de 7 vins.
Marie (Drink a beat) a quant à elle choisi pour illustrer le thème de la patience de nous parler de l'édition limitée lancée par Perrier-Jouët pour son bicentenaire.
Si Gérard Garroy a décidé de nous faire son « samedi du vin du vendredi », il n'est pas le seul "retardataire" à avoir tester ma patience ;)
Première participation arrivée un peu après les autres, pour cause de décalage horaire : celle d'Alain P. du blog Hippovino en direct du Québec. Et c'est du Sud-Ouest qu'il est question, et plus particulièrement des vins de Cahors, "des vins pour les patients".
Pour se faire pardonner son retard, Eric Leblanc (Le p'tit blanc sans col) nous a "amené le dessert" avec un moût partiellement fermenté issu de raisins passerillés du Domaine de la Marfée portant le doux nom de "Sugar Baby Love".
Véronique Attard du domaine Mas Coris a pris son temps pour nous raconter son quotidien de vigneronne où la patience est omniprésente. Elle nous parle ainsi du temps des vignes, "un temps où les mains sont les aiguilles de cette horloge", mais aussi de "la patience d'après vigne", celle du vin, qu'elle compare à la "patience d'un parent attentif à ses enfants".
Après être allé puiser dans sa mémoire une dégustation verticale de Château de Suronde, Philippe Rapiteau (La Pipette aux quatre vins) questionne quant à lui notre confiance au temps en évoquant ces bouteilles à côté desquelles on passe pour les avoir attendues trop longtemps mais aussi celles qui dès leur ouverture nous laissent à penser qu'elles auraient pu patienter encore un peu.
Notre dernier retardataire, Antoon Laurent (The Wine Patriot), s'interroge lui aussi sur la patience nécessaire pour qu'un vin arrive à son apogée, tout en admettant que cette dernière est subjective. Pour illustrer cet éloge de la patience, c'est finalement un Château d'Yquem qu'il a choisi car il représente à ses yeux "le cru qui peut se permettre la patience absolue".
Si c'est un Chemin de Moscou qui m'a fait choisir le thème de la patience pour ces VDV #63, Yquem est l'un des vins que j'évoque aussi dans mon billet, aux côtés d'autres vins de Bordeaux et de Champagne.
Voilà, je crois que j'ai réussi à faire le tour de toutes les participations. J'espère que je n'ai oublié personne mais si c'est le cas, n'hésitez pas à me faire signe !
Pour ma première en tant que présidente, j'ai été ravie de vous voir aussi nombreux à répondre présents et j'ai pris énormément de plaisir à vous lire. Alors je crois que pour conclure cette 63ème édition des Vendredis du Vin je n'ai qu'une chose à dire : un grand merci à toutes et à tous !
Et maintenant, je vous laisse entre les mains de Doc ADN, du blog Escapades. Encore un peu de patience, et il ne devrait pas tarder à vous dévoiler le thème pour sa présidence des Vendredis du Vin 64e du nom...
P.S : on a aussi parlé des Vendredis du Vin sur le blog de France3 Midi-Pyrénées dédié au numérique !
#VDV63 : la patience...ou l'art d'espérer
J'ai beau avoir choisi le thème de ces VDV #63, en tant que présidente éphémère des Vendredis du Vin, j'ai tout de même eu des difficultés à trouver le sujet de ma participation. Une raison toute simple à cela : je ne suis pas patiente !
Je ne le suis pas dans la vie, et je ne le suis pas non plus pour tout ce qui a trait au vin. Dans ce dernier cas, j'ai quelques excuses. La première étant que je n'ai pas de vraie cave, mais seulement une petite armoire d'appartement, pas du tout adaptée pour faire vieillir des vins. La seconde excuse tient à mes parents et grands-parents qui n'en avaient pas non plus, donc je n'ai jamais eu l'habitude d'ouvrir de vieilles bouteilles en famille pendant mes jeunes années. Là, vous êtes sûrement en train de vous dire "Pourquoi diable avoir choisi ce thème si la patience n'est pas son fort ?"
Quand un Chemin de Moscou invite à la patience...
Tout a commencé avec un magnum de Chemin de Moscou du Domaine Gayda que l'on m'a offert à Noël. C'est un domaine que j'aime beaucoup, et une cuvée que j'apprécie également. Autant vous dire que j'avais des projets pour ce magnum dans un futur relativement proche. Mais ça c'était avant !
Avant de passer sur le stand du Domaine Gayda lors de mes tribulations à Millésime Bio et avant de discuter avec Vincent Chansault, le winemaker au domaine, de ses vins et de mon fameux magnum. Quand la personne qui est derrière le vin que vous aimez vous explique que ce dernier mérite vraiment qu'on l'attende encore quelques années (4-5 ans dans mon cas), vous avez du mal à faire la sourde oreille. Alors oui, j'aime ce vin, et pour l'avoir goûté dans ce millésime, je l'aime déjà tel quel. Sauf que voilà, à force de vouloir jouir trop vite du plaisir procuré par ce vin, je me suis rendue compte que je passais effectivement à côté de ce qu'il pourrait devenir, de son évolution vers plus de complexité. Une complexité qui pourrait potentiellement me séduire encore plus...
Faisons un parallèle en prenant l'exemple de Sean Connery (oui, oui, j'ai bien dit Sean Connery et non, je n'ai pas bu avant d'écrire ce billet, attendez que je vous explique !). Sean Connery donc, est à mes yeux l'exemple parfait de l'acteur que l'on jugeait séduisant "jeune", du temps des James Bond, mais qui est pour moi bien plus sexy et séduisant "vieux". C'est vrai qu'il n'a plus le physique (ni les muscles) d'un jeune premier. Il a des rides, les cheveux blancs...Un visage marqué par la vie en somme. Mais c'est justement ce vécu qui lui donne un ne sais quoi de plus qui le rend si charismatique à mes yeux. Pour un vin, j'imagine aisément que cela puisse être pareil.
J'ai donc décidé d'attendre (ou du moins, d'essayer d'attendre) mon Chemin de Moscou, en espérant qu'il vieillisse aussi bien que Sean.
Il me fallait donc trouver un autre sujet pour mon billet pour les #VDV63...
J'ai par conséquent essayé de me remémorer mes quelques expériences avec des vins de plus de 10 ans. Pas très compliqué, vu que ces expériences se comptent presque sur les doigts d'une main.
Patience et Bordeaux...
Il y a d'abord eu quelques vins de Bordeaux. Les Bordeaux font partie de ces vins que je ne commence à trouver intéressants que quand ils ont atteint un certain âge, pour ne pas dire un âge certain. Dans la jeunesse, je trouve qu'ils manquent souvent de finesse, d'élégance, de complexité. Mais il est vrai qu'en les attendant je ne doute pas que certains puissent au final me plaire.
J'ai par exemple eu l'occasion de goûter la Mission Haut-Brion en rouge dans 2 millésimes différents : un 1987 et un 2004. Eh bien, pour le coup, le 1987 m'a vraiment déçue. Je ne sais pas si c'est parce que j'en attendais beaucoup, parce que l'accompagnement en termes de mets ne convenait pas ou si tout simplement le vin avait été mal conservé, mais le moins que l'on puisse dire c'est que ce vin m'a laissée sur ma faim. C'est donc avec peu d'enthousiasme que j'ai ouvert plus récemment la bouteille du 2004. Et là, le charme a opéré comme par magie. J'ai apprécié ce vin, savouré sa complexité, même si je me suis aussi dit qu'il aurait pu être encore meilleur dans quelques années.
Je retiens aussi cette dégustation d'un Yquem 1998. Bon là, je n'en ai bu qu'une toute petite gorgée mais cela a suffi à me transporter. Une telle complexité dans ce vin ! Je suis convaincue que les liquoreux font partie de ces vins qui méritent d'attendre un moment en cave pour dévoiler toute la palette de leurs arômes. On les trouve souvent lourds, mais ce nectar qui a glissé sur ma langue était tout sauf lourd. Après tant d'années il avait réussi à conserver cette pointe d'acidité qui venait contrebalancer le sucre, et la richesse de ses arômes était incroyable (et pourtant je crois que 1998 n'est pas un grand millésime d'Yquem). Bref, il valait le coup d'attendre ! Et il va sûrement falloir que je m'arme de patience avant de pouvoir retremper mes lèvres dans ce vin...
Patience et champagne...
J'ai aussi eu l'opportunité de goûter 2 cuvées de champagne dans des millésimes un peu âgés : la Cuvée Cristal de Roederer 1994 et la Cuvée n°728 de Jacquesson.
Des styles différents, mais 2 cuvées qui ont su me prouver que le champagne vieillissait très bien et présentait des arômes vraiment intéressants en prenant un peu de bouteille.
Vauvenargues disait dans ses Réflexions et Maximes :
La patience est l'art d'espérer.
Bien qu'éternelle impatiente, j'aime bien cette idée.
Je vais donc tâcher de faire davantage preuve de patience dans le vin pour espérer découvrir les secrets que peuvent me réserver ces vieilles bouteilles oubliées au fond d'une cave...
Pour retrouver les autres participations à l'occasion des Vendredis du Vin, suivez les hashtag #VendredisduVin ou #VDV63 sur Twitter. Et rendez-vous dans quelques jours sur le blog pour le résumé de ces VDV #63, avec toutes les participations.
"Demain, puis demain, puis demain glisse à petits pas de jour en jour jusqu’à la dernière syllabe du registre des temps…"
Ce mois-ci, j'ai l'honneur de présider les Vendredis du Vin, un événement mensuel que j'apprécie particulièrement pour les valeurs de partage qu'il véhicule. Et ce que j'aime aussi, c'est l'idée que tout le monde puisse y participer, blogueur ou non. C'est donc avec un grand plaisir que j'accueille aujourd'hui sur mon blog Boris Politi (Champagnes François Diligent) pour lui permettre de partager avec vous et avec la communauté des Vendredis du Vin ce que lui a inspiré le thème que j'avais choisi pour cette 63ème édition : la patience.
Je vous souhaite une bonne lecture et laisse la parole à Boris...
Demain, puis demain, puis demain glisse à petits pas de jour en jour jusqu’à la dernière syllabe du registre des temps…
En réalité cette citation de Macbeth que je porte en moi jour après jour, mois après moi(s), je la porte de guingois... et elle devient « jour après jour sur le registre interminable du temps »... Voilà, avec une seule citation, j’ai réussi à montrer à la fois mon impatience et ma peur du temps qui passe (ainsi que ma capacité de synthèse)…
Depuis que je m’intéresse au vin je déclare à qui veut l’entendre que le vin est l’application matérielle d’une philosophie... Et que par voie de conséquence le vin ressemble à son créateur... Et que si ce n’est pas le cas, s' il y a un hiatus, un « gap » entre le vin et son créateur, si l'un n’était pas directement lié à l’autre par ses qualités intrinsèques alors le vin ne pouvait pas être bon... C’était à tel point que nous avions imaginé avec un ami écrire un livre sur des vignerons emblématiques avec d’un côté un questionnaire de « Proust » et de l'autre un guide de leurs cuvées...
Ma relation à la patience étant donc définie en négatif (bref je suis impatient), j’ai besoin de trouver des remèdes, des stratégies qui me permettent d’attendre ou qui me permettent de n'avoir pas à attendre...
Première stratégie, changer son goût pour ne plus être dépendant du vieillissement d'un vin, pour apprécier voire n'aimer que les vins jeunes... L’application de cette stratégie d’évitement m’a été facilitée par deux choses... Un palais de gros fumeur... (enfin plus exactement 0.5 mm de goudron sur la langue en permanence)... qui faisait que je n aimais que les vins sur la puissance, la jeunesse !! Les vins qui déménagent avec du bois et des tannins si possible agressifs ! Les blanc sur l’austérité et l’acidité, les rouges avec des lames de rasoirs... J'ai aussi travaillé pendant 10 ans à l'exportation des vins et à l’export, nos amis anglo-saxons veulent le dernier millésime, pas celui d'il y a 3 ans qui est prêt a boire, non... celui de la dernière vendange !! J'ai depuis arrêté de fumer...et je passe plus de temps en France, les choses changent...
Deuxième stratégie qui consiste à s’obliger à respecter le temps... Pour cela il existe plusieurs tactiques adaptées à différentes situations.
La tactique de la cave personnelle... Certains d'entre nous ont des caves perso complètes, organisées, remplies de vins divins et de nectars ( blah blah ad lib)... La mienne est remplie mais je ne sais pas de quoi au juste... Car je refuse de la ranger, j'entasse les cartons près de la porte, des fois je n’arrive plus à ouvrir la porte de la cave qui est bloquée par les cartons alors je vide les cartons sur des étagères... En fait, rien n'est organisé, je mets les bouteilles là où il y a de la place... Car surtout je ne veux pas savoir ce que j’ai ... J’aime aller explorer la cave telle une caverne d'ali baba et retrouver par hasard de vieux amis que je croyais disparus... Telle cette caisse de 12 de Cru Barrejats de Mirelle Daret... ou ces vieux Raymond Boulard époque pré Francis Boulard et fille... ou ce vieux mis en cave 83 de Diebolt Valois... Je suis un peu moins heureux quand je retrouve une caisse de rosé de Provence 2004... ou ces vieux Villatade (je les avais oubliés eux, c'est un post de Sandrine de la Pinardothek qui me les a ramenés sur le devant de ma mémoire) qui n'ont rien à faire dans ma cave (m’en fous, je les garde, j'ai la dent longue). Cela dit, cela amène à une variation par la force des choses de la première stratégie... En plus des vins jeunes, il faut avoir ou avoir créé une véritable passion pour les vieilles quilles sur des goûts tertiaires...
La tactique professionnelle... T’es provençal, tu bosses dans le vin, pourquoi tu vas pas faire du rosé de Provence !! C’est parfait pour les impatients ça ! Ben non... Tu vas faire du champagne, un peu comme une conduite contre-phobique, un pinard bien compliqué, en plus tu décides (à cause d'une phrase dite par Pierre Larmandier qui se plaignait de vendre des vins de plus en plus jeunes... Terre de Vertus de Larmandier arrête le temps, vous saviez pas ça, le tour de la ville à genoux pour en boire) que pour tes champagnes tu pousseras le vieillissement de façon arbitraire jusqu’à au moins 5 ans, si possible 8... Impatient et MASO !!
Quand tu pousses un peu plus loin le raisonnement tu te dis "ok, le vin doit ressembler à son créateur, je fais du champagne et je suis impatient... pourquoi donc ? y a-t-il une incohérence ?", et finalement tu comprends que c’est pour être immortel qu'il reste du plaisir à donner à d'autres... Plus tard quand tu ne seras plus mais que tu seras reconnu (en fait, t’essayes d expliquer ta mégalomanie a posteriori)...
Mais putain(g) c’est long !!!
Boris Politi
PS: il n y a pas de description de vin, c'est voulu... C'est une règle que je me suis imposé depuis iachos au début des années 80 heu pardon 2000... Les vins cités, leurs auteurs le sont volontairement... J'avoue que j'ai pas la patience d’essayer de parler de... trop long ! Bref, j'essaye de vous faire sourire ou en tout cas de vous embarquer sur des chemin plus droits qu'ils n'y paraissent.
#VDV63 : Éloge de la patience...
Nous y voilà, il fallait bien que ça arrive un jour, après notre chère Véronique du Mas Coris, me voici présidente des Vendredis du Vin pour cette 63ème édition. La pression est montée ces dernières semaines... Qu'allais-je donc bien pouvoir vous proposer pour ces VDV #63 ?
Pour avoir listé l'ensemble des thèmes proposés depuis le début des Vendredis du Vin (vous trouverez tout ça sur la page du groupe pour ceux que ça intéresse), je me suis vite rendue compte qu'il n'était pas si aisé de trouver un sujet qui n'ait pas déjà été abordé, ou d'en trouver un déjà abordé il y a longtemps mais à attaquer sous un angle nouveau.
Février oblige, j'ai envisagé un temps de choisir un thème en lien avec la Saint Valentin mais ça ne m'inspirait pas plus que ça, même si j'aimais beaucoup l'idée de déclarer sa flamme à un vin.
Ce ne sera donc pas le thème de ces VDV #63.
Cependant, puisque j'aimais bien cette idée, j'en profite pour faire un petit aparté. Il se trouve que les vins du Château de Reignac ont eu une idée similaire et vous propose de leur envoyer votre lettre d'amour pour tenter de gagner une bouteille jusqu'au 12 février (plus d'infos sur la page Facebook du domaine). Donc, si vous connaissez et aimez ces vins, prenez votre plus belle plume pour leur dire tout votre amour. Fin de l'aparté, revenons-en aux Vendredis du Vin !
C'est sans le moindre début d'idée de sujet que je suis partie la semaine dernière à Montpellier. Et finalement, c'est là-bas, en discutant avec plusieurs vignerons, que m'est venue l'idée du thème pour cette 63ème édition des Vendredis du Vin.
Ce mois-ci, je vous invite donc à plancher sur le sujet suivant : Éloge de la patience.
[P.S: Que ceux qui me connaissent bien et sont en train de se marrer à l'association de ma personne au terme "patience" cessent immédiatement ;-)]
Libre à vous d'aborder ce thème comme vous le souhaitez !
Envie de parler de "vieux" vins qui valent le coup d'attendre ? Envie de nous conter une verticale qui vous a particulièrement marqués ? Envie d'évoquer la patience nécessaire dans l'apprentissage du vin ou encore dans le travail du vigneron à la vigne ou au chai ?
Envie au contraire de faire l'éloge de l'impatience ?
Tout est permis donc ne vous sentez pas bridés et laissez libre cours à votre imagination. L'important c'est de participer et surtout de se faire plaisir !
Côté pratique, vos participations sont attendues pour le Vendredi 28 Février à partir de 0h01.
Si vous avez un blog, il suffit de poster votre participation sur votre blog, avec un lien vers l'annonce du thème, mais n'oubliez pas de la poster aussi sur la page des Vendredis du Vin dédiée à l'événement.
Si vous avez un blog, mais pas de Facebook, laissez un lien vers votre billet en commentaire ici et je m'occuperai de le partager.
Si vous êtes SBF ("sans blog fixe"), je me ferai un plaisir de vous héberger sur le mien pour l'événement, donc n'hésitez pas à m'envoyer votre texte à l'adresse suivante : verywinetrip [at] gmail.com.
L'éternelle impatiente que je suis (que voulez-vous, on ne peut pas avoir que des qualités !) vous donne donc rendez-vous le 28 février ici et sur les réseaux sociaux pour célébrer ces VDV #63.
J'ai hâte de vous lire et de découvrir plein de jolies bouteilles, alors lancez-vous !
Crédit pour la photo illustrant l'article : Kuzma
#VDV62 : La Grande Année de Bollinger pour m'accompagner en 2014
"LE vin d'un tournant de votre vie..."
Quand j'ai lu le thème proposé par Véronique du Mas Coris, je me suis dit qu'elle ne pouvait pas mieux tomber.
Car si ce début d'année 2014 a été riche en célébrations (le premier anniversaire du blog il y a quelques semaines, le mien il y a quelques jours...), il a aussi été synonyme de nouveau départ, puisque je me suis lancée dans l'aventure de l'entrepreneuriat.
Comme le disait très justement Éric Leblanc dans son billet pour ces Vendredis du Vin, se lancer dans une nouvelle aventure c'est un mélange d'excitation et d'appréhension. Un projet ça se mûrit, donc cela fait un moment que l'idée me trottait dans la tête, et maintenant qu'elle a abouti à quelque chose de concret, j'ai hâte de rentrer dans le vif du sujet !
Et en même temps, après un peu plus de 7 ans en tant que salariée, et bien qu'ayant eu des postes à responsabilités, me dire que je vais être mon propre patron me fait aussi un peu peur. Sans compter que je me lance dans un domaine, à la fois proche et différent du mien.
Mais voilà, l'envie de me consacrer à l'aspect qui m'a le plus plu dans mon job au cours de ces derniers années tout en me rapprochant de ma passion et en mettant enfin à profit des compétences techniques assez peu exploitées jusqu'à présent, ont suffi pour me convaincre de me lancer dans l'aventure.
Après tout, 100% des gagnants ont tenté leur chance comme on dit à la Française des Jeux !
Mais revenons-en au vin, puisque c'est de ça qu'il est question dans les Vendredis du Vin.
J'aimerais que cette année soit riche en rencontres, en projets, en clients satisfaits...alors quand j'ai réfléchi au vin qui pourrait m'accompagner j'ai tout de suite pensé à un champagne qui me faisait envie depuis un moment (notamment à cause d'une certaine blogueuse belge qui, dit-on, porte des escarpins rouges et passe son temps à nous dire tout l'amour qu'elle a pour ce champagne).
Concernant la cuvée, c'était tout trouvé. L'objet de ma convoitise ne pouvait mieux porter son nom : La Grande Année de Bollinger.
La Grande Année de Bollinger 2004
J'ai eu la chance de pouvoir savourer ce champagne le soir de mon anniversaire (grâce à mon cher et tendre que je remercie), et je suis complètement tombée sous le charme.
Déjà, d'un point de vue purement "marketing", le coffret est très chouette. Il y a même un petit livret qui accompagne la bouteille dans lequel on trouve (en plusieurs langues) quelques explications sur la vendange 2004 et sur la cuvée, ainsi que cette fameuse citation de Madame Jacques Bollinger.
D'habitude, j'ai une préférence pour les blancs de noirs (c'est-à-dire des champagnes élaborés à base de cépages rouges), que je trouve plus complexes, mais pour La Grande Année de Bollinger, j'étais prête à faire une exception. D'autant plus que dans cette cuvée, le pinot noir est majoritaire (66% de Pinot Noir, 34% de Chardonnay).
Cette Grande Année n'était certainement pas à son apogée en terme de maturité (le millésime 2004 reste "jeune" et doit certainement encore pouvoir supporter sans souci quelques années en cave) mais laissez-moi vous dire que ce champagne était déjà grand, et même très grand. Finesse des bulles, complexité des arômes, ampleur en bouche, longueur de folie...Bref, si je n'ai pas "pleuré de bonheur" en buvant ce champagne, il m'a suffisamment épatée pour que j'en redemande ! J'aurais d'ailleurs bien fait tout le repas avec, si le plat s'y était prêté.
Mais il faut savoir raison garder car cette petite chose n'est pas donnée.
Si le millésime 1999 que j'ai croisé chez un autre caviste me fait déjà de l'œil, je le garde pour plus tard quand j'aurai, je l'espère, plein de projets en cours et mes premiers clients satisfaits à célébrer ;)
Et vous, quel vin auriez-vous choisi pour accompagner cette nouvelle année ?
P.S : Retrouvez les autres contributions sur la page Facebook de l'événement.