Suite à mon dernier billet dans lequel je vous présentais le vignoble de Gaillac (billet que vous pouvez relire en cliquant ICI), je vous propose de continuer avec une série de portraits de vignerons gaillacois.
Et pour entamer cette série, je vous emmène à la rencontre de Virginie Maignien du Domaine de Causse Marines, situé sur les hauteurs du village de Vieux, sur le plateau cordais.
Causse Marines, c’est un domaine conduit en biodynamie par un duo de choc, Patrice Lescarret et Virginie Maignien. Patrice étant absent ce jour-là, c’est Virginie, accompagnée de son chien Darius (dont ma doudoune se souvient encore de l’enthousiasme ;-)) qui m’a accueillie sur place en début d’après-midi.
Au programme : un échange très intéressant sur l’appellation et ses problématiques, puis une visite du domaine en compagnie d’un couple de vignerons italiens de passage dans la région.
Un domaine qui fut baptisé lors de son rachat par Patrice en 1993. « Causse » car l’ensemble du vignoble s’étend sur un causse calcaire et « Marines » eut égard au nom du ruisseau délimitant le bas de la propriété. Une propriété qui s’étend aujourd’hui sur 40 ha, dont 12 ha de vignes qui entourent la maison (une ancienne ferme que Virginie et Patrice ont restaurée).
Si on y regarde de plus près, rien ne prédisposait a priori Patrice et Virginie à atterrir à Gaillac puisque le premier est originaire de Bordeaux et la seconde du Jura.
Patrice, diplômé de l’Institut d’Oenologie de Bordeaux, fit ses classes à Sancerre et en Provence avant de se lancer en solo en 1993. Virginie quant à elle est d’abord passée sur les bancs d’une grande école de commerce et a travaillé dans d’autres domaines avant de choisir la voie du vin et d’entreprendre des études viti-vinicoles au CFPPA de Beaune. En 2005, elle est venue faire les vendanges à Causse Marines et n’est jamais repartie.
Alors pourquoi le choix de Gaillac?
Mise à l’honneur des cépages autochtones
Leur intérêt commun pour les vieux cépages autochtones est une des raisons principales.
Les vignes travaillées sur le domaine sont ainsi soit des vieilles vignes « greffées en place » (celles en bas de la maison datent de 1932 et celles près de la route ont 70 ans) soit de nouvelles plantations issues de sélection massale ; et on y trouve pas moins de 13 cépages : Muscadelle, Loin de l’Oeil, Ondenc, Mauzac, Chenin, Sémillon et Petit Manseng pour les blancs ; Braucol, Duras, Prunelard, Syrah, Jurançon et Alicante pour les rouges.
Bio, biodynamie et vins natures : une évidence
Le choix de cette propriété un peu à l’écart du village et le rachat par la suite des terrains et forêts l’entourant ont été motivés par leur volonté de se créer un petit îlot isolé leur permettant d’être tranquilles et de travailler comme ils le souhaitaient, c’est-à-dire en accord avec la nature. Comme je l’évoquais plus haut, le domaine de Causse Marines est conduit en biodynamie. Officiellement certifié bio depuis 2008 (même s’il l’était officieusement depuis 1997), il est également certifié Demeter depuis 2009.
C’est Virginie qui s’occupe des préparations nécessaires au travail en biodynamie.
Les sols sont travaillés un rang sur deux, les vignes bichonnées et taillées en guyot sur fil ou en gobelet selon les cépages. A partir de mi septembre pour les vins blancs secs et jusqu’à fin octobre ou fin novembre pour les vins doux, les raisins sont vendangés et triés manuellement (un gîte est loué pour l’occasion pour la ribambelle d’amis fidèles qui viennent leur prêter mains fortes). Un travail d’orfèvre qui se traduit par des rendements, d’environ 25 hectolitres par hectare.
Le soin apporté dans les vignes pour obtenir les meilleurs raisins, est suivi d’un travail de vinification à la cave qui se veut le plus naturel possible. Les raisins sont pressés en inertage sous gaz carbonique afin de limiter l’usage du soufre, et collage et filtration sont réduits au maximum.
Maintenant que vous savez tout ou presque sur le domaine et sur la façon dont les vins sont élaborés, passons à une étape essentielle, la dégustation !
Et côté dégustation, ça donne quoi?
Niveau production, Causse Marines produit environ 50% de vins blancs ou moelleux et 50% de vins rouges.
Le jour J, je n’ai pas eu l’occasion de tout goûter car plusieurs cuvées étaient en rupture de stock ou pas encore mises en bouteille.
Mais nous avons tout de même eu le plaisir de découvrir plusieurs vins, classés en vins de table : Dencon, Rasdu, Zacmau.
Bizarres ces noms me direz-vous, mais il s’agit en fait des noms à l’envers des cépages avec lesquels ils sont élaborés (une façon astucieuse de contourner la règle qui empêche de mentionner le nom des cépages sur les vins de table) : Dencon pour Ondenc, Rasdu pour Duras et Zacmau pour Mauzac.
Pour ma part, j’ai été séduite par le Zacmau qui parvient à allier finesse et peps, et possède une belle longueur. Mais j’ai aussi trouvé le Rasdu très intéressant, avec des tannins présents et une belle acidité, typique du Duras. Un vin que j’apprécierais cependant davantage à table à mon avis.
Pour finir, Virginie nous a réservé une petite surprise en sortant un truc un peu barré, une cuvée baptisée Hystérie. Hystérie en résumé c’est un moût partiellement fermenté, 10 ans d’élevage et seulement 1° d’alcool, le tout dans une bouteille allongée de 10 cl. Le résultat : un nectar ultra concentré, à la texture sirupeuse, mais qui conserve de l’acidité. Très original en bouche !
De retour à Toulouse, je suis allée faire un saut chez mon caviste et j’ai réussi à y dégoter quelques cuvées supplémentaires, en AOC ce coup-ci, que je me suis empressée de goûter.
Les Greilles 2011 (blanc) : un vin qui m’a moins convaincue que le Zacmau. Nez un peu fermé, bouche manquant d’acidité à mon goût. Mais j’aurais peut-être dû l’aérer un peu plus. À retester donc!
Les Peyrouzelles 2011 (rouge) : un vin sur le fruit, tout en légèreté, avec une pointe d’épices. Seul bémol : une finale qui m’a semblée un peu courte.
Grains de Folie 2008 (blanc moelleux) : une jolie robe dorée, de la finesse, de la complexité et surtout un bel équilibre entre la douceur et l’acidité qui évite l’écueil de certains vins moelleux que je trouve parfois trop sucrés.
Pour finir ce billet, je citerais la phrase de conclusion sur la brochure présentant le domaine que Virginie m’a remise en partant car elle traduit très bien pour moi l’état d’esprit des vins de Causse Marines :
« On peut faire bio « sans avoir le cheveu long et fumer la moquette » ; on peut faire des vins natures qui ne sentent pas le pet de vache ».
Domaine de Causse Marines
Patrice Lescarret & Virginie Maignien
81140 Vieux
Tél : +33 (0)5 63 33 98 30
Je vous invite également à aller sur leur site internet www.causse-marines.com pour découvrir les autres cuvées disponibles et suivre l’actualité du domaine.
[…] des produits chimiques. Or là (comme c’était le cas avec Patrice Lescarret du domaine de Causse Marines), on a affaire à un œnologue qui a fait le choix de travailler en bio pour suivre ses convictions […]
[…] […]
[…] […]
[…] vous avais parlé de Causse Marines sur le blog, donc je vous laisse relire le billet, si besoin, pour en savoir plus sur le domaine de Virginie Maignien et Patrice Lesc…. Lors de ma visite, je n’avais pas pu déguster les bulles donc je ne savais pas du tout à […]
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[…] ravie de retrouver Virginie Maignien (Causse Marines), Florent Plageoles (Domaine Plageoles) et Nicolas Lebrun (L’Enclos des Braves), auxquels […]
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