Le mois dernier était placé sous le signe des #womendowine corses. En effet, après Joëlle Benigni, je suis allée à la rencontre d’une autre néo-vigneronne : Laetitia Albertini.
Avant de faire les présentations, laissez-moi vous situer le cadre géographique de cette rencontre…
La cave où Laetitia vinifie ses vins se trouve dans le village d’Oletta. Ses vignes se situent quant à elle dans la plaine, près de la route reliant Oletta à Saint-Florent.
Laetitia Albertini : de la médecine à la vigne
Je vous ai souvent parlé ici d’enfants de vignerons reprenant le domaine familial (Marine et Sébastien Luigi, Marie-Françoise Devichi…). Ce ne sera pas le cas aujourd’hui car Laetitia Albertini ne vient pas d’une famille de vignerons. Ce qui l’a amenée au vin ? La passion !
Son premier métier c’est médecin (métier qu’elle exerce encore aujourd’hui). C’est lors de ses études à Bordeaux qu’elle a découvert le monde du vin. Et son intérêt pour cet univers a grandi au cours des années qu’elle a passées dans la cité girondine.
Je suis restée 10 ans à Bordeaux, ce qui m’a laissée le temps de « creuser » pour comprendre quelles caractéristiques de vin j’aimais et comment les approcher.
Passée cette phase d’observation, Laetita Albertini décide de se lancer et de reprendre des vignes pour faire son vin. Et c’est en Corse et nul part ailleurs qu’elle choisit de concrétiser son projet de devenir vigneronne.
Elle se met donc à la recherche de vignes non loin de Santo Pietro di Tenda, son village d’origine, et passe son bac pro en alternance.
Elle rachète finalement en 2015 environ 3 hectares de vignes qui appartenaient au domaine Paul Pelloni. De vieilles vignes (certaines de 1924) aux racines profondes mais à l’abandon depuis plusieurs années et recouvertes de maquis. S’ensuit alors un travail de longue haleine pour leur redonner vie, comme me l’explique Laetitia lors de notre tour dans ses vignes…
Sa philosophie dans les vignes
Il aura en effet fallu 6 mois pour commencer à y voir clair.
La vigne a dû affronter des maladies la 1ère année et 1 hectare a dû être arraché (il sera replanté l’an prochain).
Mais sur les 1.8 hectares restants, vermentinu, niellucciu et ugni ont repris du poil de la bête. Et ce malgré la sécheresse de cette année.
Il faut dire que Laetitia a fait en sorte de travailler de façon la plus respectueuse possible de la plante, selon les principes de la biodynamie.
En biodynamie, tu ne fais que donner une information à la plante, tu l’accompagnes.
Outre les préparations biodynamiques, elle utilise des quantités infinitésimales de cuivre et de soufre pour lutter contre les maladies. Ce respect du sol et de la plante l’a également poussée à bannir le tracteur de ses vignes et à opter pour la traction animale pour le travail des sols.
Ça ne viendrait à l’idée de personne de promener un bébé en poussette derrière un tracteur ? Eh bien, c’est la même logique. Je considère la vigne comme un organisme vivant donc je ne veux pas l’exposer à l’essence d’un tracteur.
Elle ne vise cependant pas pour l’instant la certification Demeter. Mais les vignes sont certifiées en agriculture biologique par Ecocert.
Les vendanges sont bien sûr manuelles. Ce qui n’est pas de tout repos car différents cépages se côtoient au sein d’une même rangée (héritage du temps passé où l’on faisait les assemblages sur pieds). Des couleurs et des maturités différentes au sein d’un même rang ? Je vous laisse imaginer le micmac que ça peut donner au moment des vendanges.
Sa philosophie à la cave
Quelques jours après les vendanges, j’ai retrouvé Laetitia pour qu’elle me parle de son travail en cave.
RDV pris devant la vieille cave de Paul Pelloni pour découvrir le local que lui loue l’ancien propriétaire de ses vignes.
Laetitia m’explique que sa philosophie ici est la même qu’à la vigne. [NB : sa cave va d’ailleurs également être certifiée Ecocert ce mois-ci].
Son objectif : produire à partir de raisins sains un vin naturel et « vivant » qui soit caractéristique du terroir de Patrimonio. Elle travaille ainsi à partir des levures indigènes présentes sur la peau de ses raisins, et limite au maximum les interventions (pas de filtrage, pas ou très peu de collage, pas de régulation du froid, éventuellement du pigeage et du batonnage, macération pelliculaire sous vide mais pas à froid, usage très limité du soufre…).
Pour la vinification, Laetitia a fait le choix de la cuve inox mais aussi de l’amphore.
Quand je l’interroge sur ce dernier choix, elle m’explique qu’elle est passionnée par les vins géorgiens et par ce qu’elle appelle « les vins de terre ». Puis elle ajoute que l’amphore a pour elle un côté naturel et vivant. Ses atouts ? Son inertie thermique mais aussi sa porosité qui permet une micro-oxygénation permanente du vin, comme une barrique, sans apporter de côté boisé.
A terme, elle aimerait utiliser aussi des cuves béton pour garder ce côté « pierre ».
Si elle pense à l’avenir, Laetitia est consciente qu’elle est encore en phase d’apprentissage du métier. Elle reconnaît avoir fait beaucoup d’erreurs l’an passé et essaie donc d’apprendre de ces erreurs. Pour ce second millésime, elle a choisi d’être pragmatique. C’est pourquoi elle passe son temps à goûter pour juger l’évolution des jus et agir en conséquence.
Et la dégustation dans tout ça ?
L’an passé, Laetitia n’a produit que 2 cuvées : un rouge, « Per Paulina », que je n’ai pas eu l’occasion de goûter, et un blanc, « Puru Vermentinu ».
J’ai goûté ce blanc à la Foire de Luri et j’avoue qu’il m’avait bien plu avec son profil rappelant un peu celui d’un vin orange (bien qu’il n’en ait pas la couleur). Une impression confirmée lors de ma 2nde dégustation il y a quelques jours.
Côté dégustation, Laetitia recommande de le conserver au frigo puis de l’ouvrir un peu à l’avance et de le carafer (voire de le secouer si besoin). Selon elle, il doit se déguster comme un rouge frais, donc aux alentours de 15-16°.
Pour ce nouveau millésime, il est encore trop tôt pour savoir quel sera le profil des vins, même si le rouge sera sûrement plus léger que l’an passé. Une chose est sûre : il y aura au moins une cuvée supplémentaire, à base d’ugni, car les vieilles vignes ont donné de beaux raisins cette année et Laetitia a donc pu remplir 2 cuves avec leur jus.
Pour en savoir plus, il faudra patienter encore un peu…
Où goûter les vins de Laetitia Albertini ?
Pour son premier millésime, Laetitia Albertini s’est fait connaître des restaurateurs et des particuliers grâce à ses contacts, au bouche à oreille et à sa présence sur la Nuit du Millésime et à la Foire de Luri.
Jusqu’à présent elle n’a pas fait le choix de passer par des revendeurs intermédiaires afin de maîtriser au mieux les conditions de stockage de ses vins. Une position qui pourrait évoluer dans l’avenir.
Mais à l’heure actuelle, si ses vins vous intéressent, il vous faudra la contacter directement (coordonnées ci-dessous).
Le tout petit vignoble – Laetitia Albertini
A Sulaghja
Lieu dit Vicciolaja
20232 Oletta
Tel: +33 6 28 02 21 43
Email : lalbertini[at]letoutpetitvignoble.com
Site Internet : www.letoutpetitvignoble.com
Compte Instagram : @laetiziafrancesca_albertini
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