Le combat de la chandeleur : muscat du Cap Corse vs cidre de glace
Oui, je sais, la Chandeleur c'était hier, mais je pars du principe que quand on aime les crêpes, on ne se contente pas d'en faire une fois par an ! Du coup, pour votre prochaine tournée de crêpes, j'ai testé pour vous deux accompagnements liquides différents, histoire de changer un peu des traditionnelles bulles.
Laissez-moi vous présenter les deux concurrents du jour, avant leur entrée sur le ring.
Muscat du Cap Corse
L'appellation "Muscat du Cap Corse", née en 1993, est l'une des 9 AOP de Corse.
La zone de production couvre le nord du Cap Corse et de la région du Nebbio, et bénéficie d'un climat méditerranéen, très influencé par la mer et les vents. On y trouve principalement des sols argilo-calcaires.
L'appellation en quelques chiffres : Surface : 98 hectares / Production moyenne : 2 813 hectolitres / Nombre de producteurs : 35 caves particulières (source : dossier de presse 2014 de l'Interprofession des Vins de Corse).
A ma droite, le "solaire", originaire du village de Barbaggio en Haute-Corse et représentant la maison Devichi : le muscat du Cap Corse, Fruttu di Sole.
[N.B : j'aurais pu choisir le muscat du Clos Nicrosi, qui est aussi en AOP Muscat du Cap Corse, mais cette fois-ci j'ai préféré opter pour un représentant venant de la région du Nebbio, tout près de Patrimonio].
Élevé au minimum 3 ans en cuve inox, après un pressurage direct de la vendange entière de muscat petits grains (sans collage ni levurage), il affiche 95g/l de taux de sucre résiduel au compteur.
Cidre de glace
Le cidre de glace est un cidre venu du Québec, dont la fermentation s'effectue sur un jus de pommes concentré par l'action du froid naturel. C'est le climat unique du Québec qui a inspiré ce produit car des températures hivernales extrêmes sont requises pour que la pomme gèle de façon naturelle (permettant ainsi la séparation entre le nectar et la glace) et puisse donner naissance au cidre de glace. Pour obtenir cette concentration des sucres par le froid, 2 procédés sont possibles : la cryoconcentration et la cryoextraction. Lorsque le nectar a atteint , grâce à l'un de ces deux procédés, 30º Brix ou plus sans aucune addition de sucre ou d’alcool, celui-ci est fermenté à basse température pendant plusieurs mois. Le produit fini doit, selon la réglementation, avoir une teneur en sucre résiduel d'au moins 130 g/L et un titre alcoométrique acquis de plus de 7 % et d'au plus 13 % d'alcool par volume.
A ma gauche, "celui qui venait du froid", et plus précisément du Québec, représentant la maison Félibre : le cidre de glace, Givré.
[N.B : j'aurais pu citer le cidre de glace Neige de La Face Cachée de la Pomme, qui est le tout premier cidre de glace à avoir été commercialisé au Québec et dans le monde, et qui est apparemment une référence en la matière, mais il se trouve que j'ai découvert l'existence du cidre de glace via la bouteille du domaine Félibre que l'on m'a offerte].
Obtenu par la fermentation de jus de pommes (principalement McIntosh et Cortland, avec un ajout de Spartan, Lobo et Empire) ayant atteint une concentration de sucre avant fermentation d’au moins 30 degrés Brix via le procédé de la cryoextraction, il affiche 135g/l de taux de sucre résiduel au compteur.
Rencontre au sommet
Entre ces deux-là, c'est un peu le match du feu contre la glace.
D'un côté, le petit gars venant du froid, qui vous enrobe les papilles d'un manteau tout doux en vous susurrant des mots tendres au creux de l'oreille.
De l'autre, un sudiste qui, après la douceur du premier contact, vous bouscule avec une acidité parfaitement maîtrisée et finit par vous embrasser fougueusement.
Avec deux "techniques de combat" aussi différentes, difficile de désigner un vainqueur.
A l'épreuve de la crêpe au sucre avec un filet de jus de citron (ma préférée), je dirais que le muscat l'emporte grâce à sa vivacité et à la complexité qu'il apporte en bouche.
A l'épreuve de la crêpe au chocolat ou à la pâte à tartiner (la version favorite de monsieur), le cidre de glace, jugé plus "gourmand", semble obtenir les faveurs de l'assemblée. Personnellement, je reste plus réservée car le cidre de glace reste quand même un chouille trop sucré pour moi, et l'absence de bulles me manque un peu (en même temps, j'ai du sang breton qui coule dans les veines donc je manque sans doute d'objectivité quand il est question de cidre ;)).
Je n'ai pas essayé d'autres variantes de crêpes, mais je serais curieuse de savoir ce que ça pourrait donner avec du caramel au beurre salé ou de la crème de marron. Et pourquoi pas avec des galettes salées (j'ai notamment bien envie de tester l'accord avec une crêpe au bleu ou au roquefort par exemple).
Si vous tentez l'expérience, dites-moi ce que vous en pensez !