#VdV67 : Rencontres du troisième type
Quand Patrick Böttcher du blog Vins Libres a dévoilé son thème pour de ce #VDV67, je me suis tout de suite dit "Cool, un chouette thème !".
«Par ces bouteilles, souvenir de vos voyages dans la galaxie du glou, faites-nous revivre vos rencontres du 3e type avec ces vignerons qui ont fait du monde du vin, votre passion indestructible».
A mes yeux, vin et vigneron(ne) sont effet indissociables. J'aime les relations humaines, et quand un vin me plaît, j'ai forcément envie de rencontrer son créateur ou sa créatrice (si possible sur ses terres), de l'écouter me raconter comment ce vin que j'aime est devenu ce qu'il est aujourd'hui, de l'accompagner dans ses vignes...
Dire que ce thème me parle est un euphémisme.
Et pourtant, quand je me suis attelée à la tâche pour rédiger mon billet pour ces derniers Vendredis du Vin avant la trêve estivale, j'ai vite réalisé que ça n'allait pas être tâche si aisée que ça. Pourquoi ? Tout simplement parce que j'ai déjà évoqué sur ce blog les rencontres que j'ai pu faire avec ces "vignerons du 3e type", et les prochaines rencontres programmées n'auront pas lieu avant cet été.
Pour faire honneur à notre président du mois, j'ai tout de même décidé de participer en revenant rapidement avec vous sur les rencontres qui ont égrené ces 18 derniers mois.
Nicolas Lebrun, de l'Enclos des Braves, et Virginie Maignien, de Causse Marines : voici les 2ères visites que j'ai faites pour tenter de percer les mystères de Gaillac. 2 personnalités assez différentes, qui se rejoignent dans l'envie de faire un vin qui leur ressemble et dans l'importance qu'ils accordent au terroir et aux cépages du Gaillacois.
Bernard Plageoles, du domaine Plageoles (désolée, je ne retrouve pas sa photo, mais vous pouvez le voir en vidéo dans le billet qui lui est consacré sur le blog) : quand on parle de Gaillac, Plageoles c'est un peu le nom incontournable, je ne pouvais donc pas passer à côté. J'ai adoré cette rencontre et la personnalité de Bernard Plageoles. De la passion, du caractère, une folle envie de partager...J'aurais pu rester discuter avec lui pendant des heures tant je l'ai trouvé passionnant !
Thomas Quintard, : j'ai rencontré Thomas lors d'un mini Vinocamp pendant le salon Vinitech et j'ai tout de suite accroché avec sa personnalité. Après l'avoir revu lors du Vinocamp à Cognac, c'est tout naturellement que j'ai eu envie d'aller lui rendre visite à Chadenac. Si je suis définitivement folle de son vieux Pineau des Charentes rouge, ce que j'aime particulièrement chez Thomas, c'est son enthousiasme débordant et communicatif. Il multiplie les initiatives pour faire connaître son domaine et ses produits et saura vous convaincre à lui seul qu'à Cognac, il n'y a pas que les gros qui comptent !
Marine et Sébastien Luigi, du Clos Nicrosi : ma visite à Sébastien et Marine Luigi était ma première visite d'un domaine en Corse. Ce que j'ai aimé chez Marine et Sébastien, c'est ce mélange de fougue et de jeunesse, avec l'envie d'innover et de faire progresser encore le domaine, et ce profond respect du travail accompli par leurs aïeuls.
Un mélange de tradition et de modernité que j'ai aussi retrouvé chez les producteurs rencontrés lors de mon weekend en Armagnac.
Il y a eu plein d'autres rencontres que je n'ai pas initiées : quelques visites œnotouristiques quand j'habitais à Avignon, des discussions pendant des Vinocamps, des rencontres pendant des salons et événements destinés aux professionnels, etc.
Quand je repense à ces rencontres, je me dis qu'elles sont une bonne illustration de la diversité que l'on peut retrouver dans le monde du vin, mais aussi de l'importance du facteur humain dans l'équation.
Le vin, ce n'est pas un produit de consommation comme les autres, c'est un produit où l'émotionnel est omniprésent. Et je crois bien que c'est justement pour ça que ça me passionne autant !
Retrouvez les autres participations aux #VDV67 sur la page Facebook de l'événement ou sur le compte twitter des Vendredis du Vin.
Rencontre avec les vignerons de Terres de Gaillac au restaurant La Pente Douce
Lundi 14 avril, en fin de journée, j'étais de sortie pour enfin découvrir La Pente Douce, un restaurant toulousain déjà prisé de mes contacts gourmands et gourmets, mais surtout pour déguster des vins (oui, encore !). Les organisateurs de cette dégustation n'étaient autres que les membres de l'association Terres de Gaillac. Je connaissais déjà quelques uns des vignerons de ce collectif, mais cette dégustation était une excellente occasion de les avoir tous (ou presque) au même endroit.
Terres de Gaillac, késako ?
Terres de Gaillac, c'est une association regroupant plusieurs vignerons du gaillacois, 11 vignerons et 1 distillateur (qui produit également des vins depuis quelques années) pour être exacte.
L'association Terres de Gaillac est née le 1er juillet 2005 de la volonté d'un petit groupe de vignerons se reconnaissant dans la notion d'AOC telle que définit au début du XXème siècle par Joseph Capus, autour des principes suivants :
- l’originalité gustative du vin
- l’histoire et les acquis collectifs, qualifiés d’usages locaux, loyaux et constants
- le “ génie ” du lieu, accepté jusque dans son défaut. Source : Site internet de Terres de Gaillac
La plupart des membres de l'association sont en conversion ou déjà certifiés en agriculture biologique.
12 vignerons donc, rassemblés par des valeurs communes, mais dont les vins reflètent autant d'expressions de ce sol gaillacois "qui parle vin depuis 2000 ans" comme ils le précisaient sur l'affiche de leur dégustation.
Ce lundi-là, ils étaient presque au grand complet puisqu'il ne manquait que Michel Issaly, vigneron au Domaine de la Ramaye (et président des vignerons indépendants).
Si vous voulez en savoir plus sur Terres de Gaillac, je vous invite à vous rendre sur leur site internet www.terresdegaillac.fr.
Vous pouvez également suivre leurs actualités sur leur page Facebook et leur compte Twitter.
Une dégustation #HappyGaillac haute en couleurs
J'étais ravie de retrouver Virginie Maignien (Causse Marines), Florent Plageoles (Domaine Plageoles) et Nicolas Lebrun (L'Enclos des Braves), auxquels j'avais rendu visite il y a quelques mois. Comme j'ai déjà évoqué leurs vins sur ce blog, je vais plutôt me concentrer sur les domaines que j'ai découverts.
Je ne connaissais pas du tout les vins d'Aurélie Balaran (qui est la fille de Jean-Marc Balaran du Domaine d'Escausses). J'ai notamment apprécié sa Méthode Ancestrale - Brut (la photo sur mon téléphone étant floue, j'ai récupéré la photo de la bouteille sur internet)
Après en avoir beaucoup entendu parler, j'avais eu l'occasion de goûter la cuvée Anthocyanes de Damien Bonnet qui m'avait bien plu. La dégustation organisée par Terres de Gaillac m'a permis d'enfin rencontrer Damien, mais aussi de déguster d'autres vins de sa gamme. J'ai aimé quasiment tout ce que j'ai goûté en rouge : Anthocyanes encore, mais aussi Vendemia et Brin de Temps. Quant à son Brin de Folie, son rosé moelleux à base de cabernet sauvignon, c'est un peu atypique mais moi j'ai trouvé ça très sympa et très gourmand (sûrement délicieux avec des desserts).
Laurent étant en déplacement, j'ai eu le plaisir de faire la connaissance de la pétillante Marina Cazottes. Côté dégustation, je reste une fervente admiratrice de leurs eaux-de-vie artisanales (dont j'avais un peu parlé ici). En revanche, je suis moins convaincue pour l'instant par les vins.
Je crois que la cuvée emblématique du domaine est la cuvée Renaissance, mais j'ai pour ma part préféré L'Ame ainsi que la toute nouvelle cuvée sans soufre baptisée Esquisse. Francis Marre a fini de me convaincre avec le vin de liqueur rouge du Domaine Rotier, Noces de Feu, pour lequel j'ai eu un gros coup de coeur.
C'est Julie de la cave Au Bec Fin qui m'a vivement encouragée à aller goûter les vins de Jérôme Galaup et je n'ai pas été déçue. Non seulement j'ai beaucoup aimé son Lou Gabel et son Lou Grésignol, mais j'ai en plus beaucoup accroché avec le personnage, à la fois simple et chaleureux.
J'avais déjà eu l'occasion de goûter à la méthode ancestrale lors d'un salon à Toulouse. Ce coup-ci, Nicolas Hirissou m'a étonnée en me faisant goûter une cuvée à base de tannat et de braucol nommée Le Faucon. Une cuvée étonnante puisque le tannat y est majoritaire, alors que ce cépage est généralement plutôt associé à l'appellation Madiran. J'étais un peu dubitative sur l'utilisation de ce cépage à Gaillac, mais je dois avouer qu'au final le résultat n'est vraiment pas mal, donc c'est une cuvée que je regoûterai avec plaisir.
Concernant ce domaine, je suis désolée, mais je ne vais pas pouvoir vous en dire grand chose car quand j'ai goûté les vins d'Eric Lépine, je papotais en même temps avec Julie dont je vous parlais plus haut, et du coup je n'ai pas suffisamment fait attention à ce que je buvais. De mémoire, la bulle m'a plutôt plu, mais il faudrait vraiment que je regoûte ces vins pour me faire un avis.
Je connaissais vaguement le domaine de nom mais je n'avais encore jamais rien goûté venant du Domaine de Labarthe. Globalement, parmi les vins que m'a fait goûter Thibault Albert, j'ai trouvé l'ensemble plutôt bien, mais j'ai eu une nette préférence pour les blancs, et surtout pour les blancs moelleux.
En résumé, une dégustation très sympa (qui portait bien son nom #HappyGaillac), qui m'a permis de rencontrer d'autres vignerons gaillacois. Des vignerons auxquels j'irai sûrement rendre visite un de ces jours pour découvrir leurs domaines in situ.
Un seul regret, ou plus deux : que les vignerons de Terres de Gaillac n'organisent pas plus souvent ce type de dégustations, et que ces dégustations soient uniquement ouvertes aux professionnels, car je suis sûre qu'ils gagneraient à se faire davantage connaître du grand public.
P.S : si j'ai beaucoup aimé le lieu, je ne peux pas trop vous parler de la cuisine de La Pente Douce car étant un peu pressée ce jour-là, je me suis concentrée sur les vins et je n'ai finalement pas mangé beaucoup (les boulettes que j'ai goûtées au début, qui ressemblaient à des keftas, étaient délicieuses, donc je ne doute pas que le reste était du même acabit).
Chroniques au cœur du vignoble de Gaillac #3 : L'Enclos des Braves
C'est parti pour le 3ème billet sur Gaillac et le 2ème portrait de vigneron!
Ce coup-ci je vous emmène à Vertus, tout près de Rabastens (et donc au sud-ouest de Gaillac), pour découvrir le vigneron qui se cache derrière les vins d'un domaine joliment nommé L'Enclos des Braves. Ce vigneron c'est Nicolas Lebrun.
Ce dernier m'a reçue mi février pour une visite de son domaine. Le temps étant à la pluie ce matin-là, nous n'avons pas pu nous balader dans les vignes. Heureusement, le chai était là pour nous accueillir, même s'il fallait cependant être chaudement vêtu pour s'y aventurer car la température y avoisinait les 8°C.
Nicolas Lebrun est d'origine gersoise. C'est sa passion pour le vin et la vigne qui l'a poussé à faire des études d'oenologie à Bordeaux. Puis c'est en suivant sa femme Chantal qu'il s'est retrouvé dans la région toulousaine, et plus précisément à Gaillac, où il a exercé pendant plusieurs années ses talents d'oenologue et de vinificateur auprès de 5 domaines de l'appellation. En 2005, mû par l'envie de faire des vins qui lui ressemblent, il réalisa son rêve de devenir vigneron en achetant avec sa femme 6 ha de vignes et en construisant un chai.
Qu'est-ce qui lui a plu à Vertus?
Ces parcelles situées sur un coteau, il les a choisies pour leur environnement préservé et surtout pour leur très bonne exposition plein sud.
Côté sols, on est sur les coteaux de la rive droite du Tarn, et donc sur un terroir caractérisé par des sols argilo-calcaires comme je l'évoquais dans mon précédent billet sur le vignoble gaillacois. Sur les parcelles de l'Enclos des Braves, on a affaire à des sols riches en argiles, argiles pouvant aller jusqu'à 3 m de profondeur.
L'association de cette exposition et de ces sols permet une maturation lente des raisins, gage, pour Nicolas Lebrun, de "richesse, finesse et équilibre pour les vins".
Priorité aux cépages locaux
5 cépages se côtoient sur le domaine, avec une belle part accordée aux cépages autochtones. Sur la partie haute du coteau, on retrouve ainsi du Duras, du Braucol (ou Fer Servadou) et du Gamay (cépages plantés en 1978 et 1992). Et sur la partie basse, du Loin de L'Oeil et du Sauvignon (plantés en 1992). Cépages qui vont bientôt être rejoints par le Prunelart et le Mauzac que Nicolas s'apprête à planter avec du Braucol sur les 2 ha supplémentaires qu'il a rachetés.
Pour revenir au Duras, il reste, aux yeux de Nicolas, un cépage assez peu utilisé car il est très typé mais aussi compliqué à travailler (demande du travail à la vigne, donne de petits rendements, oblige à vraiment ramasser les raisins à maturité). Et pourtant selon lui il donne des grands vins de garde car il conserve beaucoup d'acidité.
Un oenologue convaincu par le bio
Dans l'imaginaire de certains, les oenologues sont forcément des techniciens adeptes des produits chimiques. Or là (comme c'était le cas avec Patrice Lescarret du domaine de Causse Marines), on a affaire à un œnologue qui a fait le choix de travailler en bio pour suivre ses convictions personnelles. Le déclic, il l'a eu en 2007 et le vignoble est conduit en agriculture biologique depuis 2009 et en biodynamie depuis 2012. Un choix qui amène Nicolas Lebrun à passer beaucoup de temps dans ses vignes.
Il me disait d'ailleurs qu'il était convaincu que les rapports du vigneron avec ces vignes avaient une incidence sur la qualité du vin. Un discours qu'on retrouvait aussi chez Causse Marines et chez les vignerons en biodynamie présentés dans la Clef des Terroirs.
La vinification quant à elle est, selon ses propres termes, "non interventionniste mais maîtrisée". Le raisin est vinifié et le vin élevé sans produits œnologiques.
Il n'utilise plus de levures, et les remplace par un levain qu'il réalise avec les premières pressées.
Plusieurs de ses cuvées sont élevées sur lies, en cuve. Les lies apportent du gras et protègent de l'oxydation, ce qui permet de limiter l'usage du soufre.
Et la dégustation dans tout ça?
L'Enclos des Braves produit 3 gammes: Les Gourmands, L'Enclos, Bravissimo.
Les Gourmands sont des vins d'entrée de gamme, frais et fruités.
Les cuvées L'Enclos sont des vins plus ambitieux, qui reflètent la profondeur du terroir et mêlent puissance et finesse.
La cuvée Bravissimo est la cuvée haut de gamme du domaine, celle où le travail est poussé le plus loin. Une cuvée 100% Braucol qui est affectivement la cuvée préférée de Nicolas Lebrun.
J'ai eu l'occasion sur place de goûter toutes les cuvées (certaines n'étant cependant pas encore mises en bouteille).
Les Gourmands - blanc sec - 2012: assemblage 50% Sauvignon, 50% Loin de l'Oeil (les 2 jus fermentent ensemble). Assez frais, un peu épicé, relativement complexe.
L'Enclos - blanc sec - 2011: raisins récoltés à surmaturité, assemblage 75% Sauvignon, 25% Loin de l'Oeil. Robe pâle (couleur absorbée par les lies). Plus gras, minéral, floral. Pas mal du tout.
Les Gourmands - rosé (je n'ai pas retenu le millésime): rosé de saignée, assemblage 60% Duras, 30% Braucol, 10% Gamay. Frais, mais je ne suis pas une grande fan de rosé...
Les Gourmand - rouge - 2010: assemblage 70% Duras, 30% Braucol. Bonne acidité grâce au Duras, notes de fruits rouges, de poivre et d'épices. Très agréable.
L'Enclos - rouge - 2010: assemblage 80% Braucol, 20% Prunelart. Elevage en cuve et en barrique. Un peu fermé au moment de la dégustation. Fruits noirs et épices, assez riche. À carafer.
Bravissimo - rouge - 2009: 100% Braucol. Élevé et vinifié en barrique. Fruits noirs, cassis, notes de chocolat, de grillé. Puissant mais élégant, avec des tanins maîtrisés. Sera à mon avis encore meilleur dans quelques années.
Les Gourmands - blanc doux - 2011: 50% Sauvignon, 50% Loin de l'Oeil. Sauvignon passerillé, Loin de l'Oeil botrytisé. Robe assez claire. Joli nez (poire, fleurs) et belle fraîcheur.
L'Enclos - blanc doux - 2010: 100% Loin de l'Oeil. Fermente 1 an en barrique. Nez riche et complexe de fruits confits, mais bouche un peu trop sucrée à mon goût.
En revanche, j'ai été séduite par la cuvée 2012, goûtée sur barrique, qui présente de belles notes exotiques (mangue notamment) et beaucoup de fraîcheur contrebalançant le sucre.
Ce qui confirme ce que me disait Nicolas Lebrun, à savoir que le millésime 2012 s'annonçe au top pour les doux et les liquoreux.
Pour finir ce billet, je citerais une phrase de Nicolas Lebrun sur sa brochure de présentation car elle résume ce qu'il recherche dans ses vins :
"Cette démarche, basée sur l'observation et l'accompagnement de nos parcelles, permet d'obtenir un vin sain, non pollué, expression fidèle de notre terroir, de notre vigne, du millésime et de ma personnalité de vigneron".
L'Enclos des Braves
Chantal & Nicolas Lebrun
RD 18 - Vertus
81800 Rabastens
contact@lenclosdesbraves.com
Tél : +33 (0)5 63 40 33 49
Je vous invite aussi à aller sur leur site internet http://www.lenclosdesbraves.com pour suivre l'actualité du domaine.