A Tavel, je vois la vie en rose
Autant vous le dire dès le début, malgré le titre, assister à cette Master Class sur Tavel et ses rosés était très loin d'être une évidence pour moi quand j'ai regardé pour la 1ère fois le programme du Salon Découvertes en Vallée du Rhône. Non pas que j'ai quelque chose contre Tavel, hein, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit. Simplement, je ne suis pas vraiment une fan de rosé. On peut même aller jusqu'à dire qu'en général je n'aime pas du tout ça. Vous comprendrez donc aisément pourquoi "Think Pink, Drink Tavel" ne m'emballait pas trop à première vue.
Sauf que voilà, je n'avais pas le souvenir d'avoir déjà trempé les lèvres dans un verre de rosé de Tavel et comme je suis bien élevée, je n'aime pas dire que je n'aime pas avant d'avoir goûté au moins une fois. Quant à l'accord Tavel/sushi proposé, j'avoue qu'il piquait ma curiosité.
Malgré mes réticences initiales, je me suis donc finalement inscrite à cette Master Class animée par le sommelier américain, Kelly Mc Auliffe. Un sommelier passionné par les vins de la Vallée du Rhône, qui a notamment travaillé avec les chefs Alain Ducasse et Christian Étienne, et dont vous pouvez retrouver un portrait plus complet sur le site d'Inter Rhône.
Mais rentrons dans le vif du sujet.
Une appellation dédiée au vin rosé
Pour vous situer, Tavel se trouve sur la rive droite du Rhône, entre Avignon et le Pont du Gard, et bénéfice d'un climat typiquement méditerranéen (pluviométrie réduite, ensoleillement exceptionnel, forte présence du mistral).
Classée AOC Cru en 1936 (1937 pour le décret définitif), l'appellation Tavel a été la 1ère AOC Rosé de France. J'ai également appris lors de la Master Class qu'elle était, avec l'appellation Rosé des Riceys en Champagne, la seule appellation de France uniquement dédiée à la production de vin rosé.
Et pas n'importe quel rosé puisque le rosé de Tavel, "le 1er rosé de France", était le vin favori du roi Philippe le Bel et des papes d'Avignon.
Une diversité de sols et de cépages
Les sols sur lesquels poussent les 960 ha de vignes sont multiples. On dénombre 3 types de terroirs qui, comme l'a expliqué Kelly Mc Auliffe, vont chacun apporter quelque chose au vin. Les 3 photos ci-dessous sont issues du site du Syndicat de l'AOC Tavel.
Le terroir des Vestides, composé de lauzes qui vont amener minéralité et fraîcheur
Le terroir d'Olivet, composé de sable et de cailloutis qui vont apporter finesse et élégance
Le terroir de Vallongue, composé de galets roulés qui vont donner du gras
Si le sol est multiple, la palette de cépages à partir desquels le Tavel rosé peut être élaboré est quant à elle très large. Si le Grenache sert de base, pas moins de 9 cépages sont autorisés (aucun ne pouvant dépasser 60% de l'assemblage). Des cépages noirs, avec, en plus du Grenache, la Syrah, le Cinsault, le Mourvèdre ainsi que le Carignan et le Calitor. Mais aussi des cépages blancs, avec le Bourboulenc, la Clairette et le Picpoul.
Voilà ce qui explique pourquoi il n'y a pas UN mais DES rosés de Tavel.
Des rosés riches et complexes
À la dégustation, ces vins se sont en effet révélés d'une étonnante richesse et complexité.
Tant à l'oeil qu'en bouche, ils sont très différents des rosés modernes, pâles et légers, de style provençal.
A l'œil d'abord car la robe des rosés de Tavel est très soutenue comme vous pouvez le voir ci-dessus.
Ceci est liée à la méthode de vinification généralement utilisée.
Tout commence par une longue macération à froid de 12 à 48h où le jus va rester en contact avec les peaux des raisins. Puis on pratique la "saignée" qui consiste à récupérer le jus qu'on appelle "jus de goutte". Les marcs sont ensuite pressés afin d'obtenir un "jus de presse". Avant la fermentation, les 2 jus sont assemblés : le jus de goutte va apporter les arômes, le fruité, la fraîcheur et l'acidité alors que le jus de presse va donner la richesse, la structure et la puissance.
En bouche, on a affaire à des rosés vineux, généreux, structurés et dotés d'une belle longueur. Des rosés aux notes de fruits rouges, beaucoup moins acidulés que les rosés de style provençal.
Autre caractéristique des rosés de Tavel : leur capacité à vieillir.
Comme cela est joliment dit sur le site du Syndicat de l'AOC Tavel,
Le Tavel a cette faculté d’avoir plusieurs vies : une enfance sucrée et fleurie, une adolescence corsée et épicée, un grand âge poivré et étoffé.
Les vins dégustés lors de la Master Class
6 vins étaient proposés par Kelly Mc Auliffe mais je ne parlerai ici que de mes 2 préférés.
Château d'Aquéria 2012
Terroir : coteaux sablonneux et argileux.
Cépages : Grenache, Syrah, Mourvèdre, Clairette, Cinsault, Bourboulenc et Picpoul.
Une robe rose intense, un nez très expressif de fruits rouges et une bouche sur le fruit, toute en élégance, alliant puissance et fraîcheur. Très très bon! Et délicieux avec le maki au saumon proposé en accord.
Cuvée Les Falaises de Braise 2012 - Domaine Moulin La Viguerie
Terroir : versants sableux, lauzes et galets roulés (les 3 terroirs de Tavel donc).
Cépages : Grenache, Cinsault, Syrah, Mourvèdre, Bourboulenc et Clairette.
Là encore, la robe est d'un beau rose soutenu. On est sur des arômes de fruits rouges nuancés par des notes florales.
Un rosé de garde, qui allie puissance et équilibre, et qui s'est parfaitement marié au california roll crabe avocat.
C'est celui qui m'a le plus fait penser à un Bordeaux Clairet.
Des vins définitivement à l'aise à table, quelle que soit la saison
Vous l'aurez compris, avec ces rosés, on est loin des rosés estivaux cantonnés à l'apéritif ou aux repas légers.
Si l'accord avec les sushis était sympa, la complexité et la puissance de ces rosés, tout comme leur longueur en bouche, leur permettent de se marier à de nombreux autres plats, et ce tout au long de l'année.
Cette diversité d'accords possibles est d'ailleurs une des forces des rosés de Tavel.
Voilà, j'en ai fini avec le résumé de la Master Class Tavel.
Si vous souhaitez en savoir plus sur cette appellation, n'hésitez pas à visiter le site du Syndicat de l'AOC Tavel à l'adresse suivante : www.vin-tavel.com.
Dans le prochain billet, je clôturerai le récit de mon escapade en Vallée du Rhône avec la Master Class dédiée à Vacqueyras.
(Re)Découvertes en Vallée du Rhône
La semaine dernière, je vous ai parlé du Vinocamp Rhône (le billet est ICI pour ceux qui l'auraient loupé), mais mon escapade avignonnaise ne s'est pas arrêtée là.
En effet, du 11 au 14 mars, donc juste après le Vinocamp, se tenait le Salon Découvertes en Vallée du Rhône, organisé par Inter Rhône. Un salon professionnel qui n'a lieu que tous les 2 ans et qui pour la première fois investissait pendant 2 jours le Palais des Papes à Avignon, avant de migrer au nord vers Tain l'Hermitage, Mauves et Ampuis.
Faute d'avoir prévu cela suffisamment en amont dans mon agenda, je n'ai pu me rendre au salon que le 1er jour, mais à lire les retours des uns et des autres, il semble que cela valait vraiment le coup d'enchaîner les 4 jours de dégustations.
Mais revenons aux dégustations qui se sont déroulées dans l'écrin prestigieux du Palais des Papes...
L'occasion de (re)découvrir les vins du sud de la Vallée du Rhône
Les 2 premières journées de cette 7ème édition étaient donc consacrées aux appellations méridionales de la Vallée du Rhône, avec plus de 500 exposants regroupés au coeur même du Palais des Papes.
N'ayant qu'une journée sur place, il m'a fallu faire des choix.
Heureusement, le Vinocamp m'avait déjà donné l'occasion de découvrir de nombreux vins lors des différentes dégustations du week-end. J'ai donc pris le parti de privilégier les Master Classes pour découvrir ou redécouvrir les vins de 3 appellations : Beaumes-de-Venise, Tavel et Vacqueyras.
Ces Master Classes ayant été riches d'enseignements, je vous propose de les évoquer dans 3 billets spécifiques, ce qui me permettra de vous en dire plus sur ces 3 appellations et sur les vins dégustés sans rallonger à outrance ce billet.
Les soirées OFF en marge du salon Découvertes en Vallée du Rhône
Le Salon Découvertes en Vallée du Rhône, c'est aussi les soirées OFF (clin d'oeil au Festival d'Avignon connu pour ses programmes IN et OFF). Ainsi, une fois les portes du Palais des Papes refermées, les visiteurs avaient la possibilité de poursuivre les échanges et les découvertes en se rendant aux diverses soirées organisées par les syndicats ou par des groupements de vignerons.
Pour ma part, j'ai commencé les OFF le dimanche soir en me rendant à la Great Grenache Night, aussi connue sous le nom de G-Night. Vous l'aurez compris, c'est la Grenache, le cépage roi de la Vallée du Rhône sud, qui était la star de la soirée, avec une trentaine de vignerons venus présenter leurs vins majoritairement ou 100% Grenache. Je vous l'avoue, je n'ai pas tout goûté mais mes préférences sont allées vers des vins de Châteauneuf du Pape et vers les vins du domaine Amistat, un domaine né de la collaboration de deux amis, Olivier Cazenave et Julien Ditté (plus d'informations sur ces vins en cliquant ICI).
Le lundi soir, la soirée "My terroir is rich" à laquelle j'ai assisté mettait à l'honneur les appellations Côtes du Rhône Villages Sablet et Séguret, deux appellations qui s'étendent au pied des Dentelles de Montmirail et qui se déclinent en rouge, rosé et blanc. Là encore, pas mal de découvertes et quelques coups de cœur.
En appellation Sablet, j'ai aimé les blancs et notamment les millésimes 2011 du Domaine de Boissan et du Domaine Chamfort.
En appellation Séguret, ce sont les rouges du domaine Jean David (domaine bio) qui m'ont séduites.
Un seul regret, ne pas avoir eu la force (à cause de la fatigue accumulée et d'un palais saturé) d'aller ensuite à la soirée Prohibition organisée par le Syndicat des vins de Gigondas!
C'est tout, pour aujourd'hui.
La suite de mon escapade en Vallée du Rhône dans les prochains billets!