Vacqueyras, à la pointe du bio en Vallée du Rhône
Voici venu le moment de terminer le récit de mon escapade en Vallée du Rhône avec la dernière Master Class à laquelle j'ai assisté lors du Salon Découvertes en Vallée du Rhône : celle dédiée à l'appellation Vacqueyras et à ses vins bio.
Vous vous demandez peut-être pourquoi Inter Rhône a souhaité mettre l'accent sur le bio lors de cette Master Class. Tout simplement parce qu'au sein des AOC rhodaniennes, Vacqueyras tient le haut du pavé en matière de viticulture biologique.
Vacqueyras, la force du biologique
Les chiffres 2011 communiqués par Inter Rhône lors de la Master Class parlent d'eux-mêmes.
Si l'appellation Vacqueyras (AOC Cru depuis 1990) ne représente que 2% des surfaces totales de la Vallée du Rhône, elle pèse plus de 4.6% des surfaces certifiées AB ou en conversion avec 110 ha certifiés AB et 160 ha en conversion (soit 270 ha sur les 1400 ha que compte au total l'appellation).
De la même façon, sur les 285 entreprises certifiées bio, en biodynamie ou en conversion des AOC de la Vallée du Rhône, Vacqueyras compte 35 entreprises (31 entreprises de production et 4 maisons de négoce) soit 12.2%. Sachant que l'appellation compte au total 83 caves particulières, 5 coopératives et 32 maisons de négoce.
Enfin, si elle ne représente que 14% des surfaces des 16 AOC Crus de la Vallée du Rhône (Châteauneuf-du-Pape et Château-Grillet n'étant pas inclus dans l'étude d'Inter Rhône), elle pèse 23.2% des surfaces des AOC Crus en bio ou en conversion.
Et la dégustation?
La Master Class m'a donné l'occasion de déguster pas moins de 12 vins, mais je me contenterai ici de vous parler de ceux que j'ai le plus appréciés.
NB : Ceux que ça intéresse pourront retrouver la liste complète des vins dégustés à la fin de ce billet.
Il faut savoir que sur l'appellation au global (donc bio + conventionnel), les rouges se taillent la part du lion avec 95% des volumes produits contre 3% pour les blancs et 2% pour les rosés.
Assez logiquement, les rouges étaient en supériorité numérique lors de la Master Class.
Coup de coeur avéré pour le domaine Montirius
La dégustation a d'abord confirmé mon coup de cœur du week-end pour les vins du domaine Montirius.
Montirius, c'est un domaine de 58 ha sur les appellations AOC Vacqueyras, Gigondas et Côtes du Rhône qui fut le 1er vignoble certifié en biodynamie sur les appellations Vacqueyras et Gigondas (certification Ecocert et Biodyvin depuis 1999). C'est aussi un domaine familial depuis 5 générations, où se sont installés Christine et Eric Saurel depuis 1986.
Pour la petite anecdote, le nom du domaine est une contraction des prénoms de leurs enfants : MON (Manon) - TI (Justine) - RIUS (Marius), enfants qui sont également très actifs sur le domaine, notamment Justine, leur fille aînée, en cours d'installation jeune agricultrice sur Montirius. Pour en savoir plus sur la démarche d'Eric et Christine vis-à-vis de la biodynamie je vous invite à aller sur leur site (www.montirius.com) mais aussi à aller regarder leur interview vidéo sur le site de VE2F (Vin Equitable de France) en cliquant ICI.
Pour en revenir à la dégustation, lors du Vinocamp, comme beaucoup des participants, j'avais d'emblée été séduite par le Vacqueyras blanc, Montirius "Minéral" 2006, que nous avaient présenté Christine et Justine Saurel. J'avais notamment apprécié sa finesse et sa fraîcheur. Pendant la Master Class j'ai eu l'occasion de regoûter ce vin, cette fois-ci dans le millésime 2008. Ses notes florales et son étonnante fraîcheur, alliée à une finale minérale et un brin saline, m'ont une fois de plus convaincue (même si au final, je crois que j'ai préféré le 2006).
Ce vin est réalisé à partir de Grenache blanc (25% - âge des vignes = 66 ans), de Roussanne (25% - âge des vignes = 20 ans) et de Bourboulenc (50% - âge des vignes = 20 ans) ; les vignes reposant sur des sols de garrigues et des sous-sols de sables et de grés jaunes de l'Helvétien. Comme le Bourboulenc est un cépage à maturité tardive, il est ramassé plus tard que les 2 autres, généralement fin octobre. Au moment de la vinification (en cuve inox), le vin de Grenache-Roussanne est assemblé au vin de Bourboulenc. L'élevage se fait ensuite en bouteille sombre pendant 1 an.
Autre vin dégusté lors du Vinocamp et de la Master Class : un Vacqueyras rouge, Montirius "Le Clos" 2007. Un vin dont j'ai là encore beaucoup aimé la finesse et l'élégance, même si j'ai trouvé le nez moins engageant lors de la Master Class. En bouche, les arômes de fruits plutôt rouges se mêlent à des notes d'épices, les tanins sont présents mais restent soyeux et le vin est doté d'une belle longueur.
Le nom de la cuvée provient du fait que la parcelle de 8,5 ha de vignes, située au début du Plateau des Garrigues, est un lieu clos, entouré de bois de chênes centenaires.
Sur ce vin, on est sur un assemblage de Grenache (50% - âge des vignes = 24 ans) et de Syrah (50% - âge des vignes = 24 ans). Le terroir sur lequel repose ces vignes est exceptionnel : en surface, on a affaire à un sol de garrigues, mais le sous-sol est composé de marnes argileuses bleues et de sable et grés de l'Helvétien contenant la plus complexe des argiles, la Montmorillonite. Après éraflage et vinification traditionnelle, le vin est élevé pendant 18 mois en cuve béton puis en bouteille.
2ème coup de cœur : le domaine Le Sang des Cailloux
La Master Class a également été l'occasion de confirmer un autre gros coup de coeur du week-end pour un domaine également en biodynamie, le domaine Le Sang des Cailloux.
Le Sang des Cailloux, c'est un domaine de 17 ha sur l'appellation Vacqueyras.
Il fut créé en 1975 au moment de la séparation des 2 frères Ricard. L'actuel propriétaire, Serge Férigoule, a d'abord intégré le domaine en tant qu'ouvrier agricole en 1979, avant de devenir associé en 1982 puis l'unique propriétaire en 1990. C'est suite à l'arrivée de son fils Frédéri sur le domaine qu'il a décidé de travailler en bio et en biodynamie. Le domaine est ainsi en certification biodynamie depuis 2008 et les vendanges sont certifiées Ecocert depuis 2010. Pour en savoir plus sur le domaine, n'hésitez pas à visiter le site internet : www.sangdescailloux.com.
Pour en revenir à la dégustation, au Vinocamp comme lors de la Master Class, je n'ai malheureusement pu déguster qu'un seul vin, un Vacqueyras rouge, Le Sang des Cailloux "Floureto" 2010, qui est la principale cuvée du domaine.
Pour la petite anecdote, selon les années, cette cuvée traditionnelle se nomme soit "Floureto" soit "Azalaïs" soit "Doucinello" et derrière ces 3 noms se cachent les prénoms des 3 filles de Serge Férigoule.
Un seul vin disais-je, mais quel joli vin! De la richesse et de la complexité aromatiques alliées à des tanins tout en douceur pour cet assemblage de Grenache (70%), de Syrah (20%), de Mourvèdre (7%) et de Cinsault (3%).
Autres découvertes
Parmi les autre vins dégustés, j'ai aussi particulièrement apprécié la cuvée "Lao Muse" 2009 (rouge) du domaine Le Clos de Caveau (en culture biologique depuis 1989).
Voilà, j'en ai fini avec cette Master Class Vacqueyras mais aussi avec le récit de mon escapade en Vallée du Rhône.
J'espère que ces quelques billets vous ont plu et vous auront donné envie de découvrir certains de ces domaines/vins par vous-mêmes. Moi en tout cas, je sais que je reviendrai!
NB : Pour ceux que ça intéresse, voici comme promis la liste des autres vins dégustés pendant la Master Class (en plus des 4 vins cités précédemment):
En blanc :
Cuvée "Mélodine" - 2011 - Domaine de Montvac
En rosé :
Vacqueyras - 2011 - Domaine La Ligière
En rouge :
Cuvée "Les Restanques de Cabassole" - 2010 - Domaine Roucas Toumba
Cuvée "Fruit Sauvage " - 2010 - Domaine Le Clos de Caveau
Cuvée "Arabesque" - 2010 - Domaine de Montvac
Vacqueyras - 2010 - Domaine de l'Espigouette
Vacqueyras - 2011 - Domaine La Ligière
Cuvée "Tradition" - 2011 - Domaine de Fontavin
(Re)Découvertes en Vallée du Rhône
La semaine dernière, je vous ai parlé du Vinocamp Rhône (le billet est ICI pour ceux qui l'auraient loupé), mais mon escapade avignonnaise ne s'est pas arrêtée là.
En effet, du 11 au 14 mars, donc juste après le Vinocamp, se tenait le Salon Découvertes en Vallée du Rhône, organisé par Inter Rhône. Un salon professionnel qui n'a lieu que tous les 2 ans et qui pour la première fois investissait pendant 2 jours le Palais des Papes à Avignon, avant de migrer au nord vers Tain l'Hermitage, Mauves et Ampuis.
Faute d'avoir prévu cela suffisamment en amont dans mon agenda, je n'ai pu me rendre au salon que le 1er jour, mais à lire les retours des uns et des autres, il semble que cela valait vraiment le coup d'enchaîner les 4 jours de dégustations.
Mais revenons aux dégustations qui se sont déroulées dans l'écrin prestigieux du Palais des Papes...
L'occasion de (re)découvrir les vins du sud de la Vallée du Rhône
Les 2 premières journées de cette 7ème édition étaient donc consacrées aux appellations méridionales de la Vallée du Rhône, avec plus de 500 exposants regroupés au coeur même du Palais des Papes.
N'ayant qu'une journée sur place, il m'a fallu faire des choix.
Heureusement, le Vinocamp m'avait déjà donné l'occasion de découvrir de nombreux vins lors des différentes dégustations du week-end. J'ai donc pris le parti de privilégier les Master Classes pour découvrir ou redécouvrir les vins de 3 appellations : Beaumes-de-Venise, Tavel et Vacqueyras.
Ces Master Classes ayant été riches d'enseignements, je vous propose de les évoquer dans 3 billets spécifiques, ce qui me permettra de vous en dire plus sur ces 3 appellations et sur les vins dégustés sans rallonger à outrance ce billet.
Les soirées OFF en marge du salon Découvertes en Vallée du Rhône
Le Salon Découvertes en Vallée du Rhône, c'est aussi les soirées OFF (clin d'oeil au Festival d'Avignon connu pour ses programmes IN et OFF). Ainsi, une fois les portes du Palais des Papes refermées, les visiteurs avaient la possibilité de poursuivre les échanges et les découvertes en se rendant aux diverses soirées organisées par les syndicats ou par des groupements de vignerons.
Pour ma part, j'ai commencé les OFF le dimanche soir en me rendant à la Great Grenache Night, aussi connue sous le nom de G-Night. Vous l'aurez compris, c'est la Grenache, le cépage roi de la Vallée du Rhône sud, qui était la star de la soirée, avec une trentaine de vignerons venus présenter leurs vins majoritairement ou 100% Grenache. Je vous l'avoue, je n'ai pas tout goûté mais mes préférences sont allées vers des vins de Châteauneuf du Pape et vers les vins du domaine Amistat, un domaine né de la collaboration de deux amis, Olivier Cazenave et Julien Ditté (plus d'informations sur ces vins en cliquant ICI).
Le lundi soir, la soirée "My terroir is rich" à laquelle j'ai assisté mettait à l'honneur les appellations Côtes du Rhône Villages Sablet et Séguret, deux appellations qui s'étendent au pied des Dentelles de Montmirail et qui se déclinent en rouge, rosé et blanc. Là encore, pas mal de découvertes et quelques coups de cœur.
En appellation Sablet, j'ai aimé les blancs et notamment les millésimes 2011 du Domaine de Boissan et du Domaine Chamfort.
En appellation Séguret, ce sont les rouges du domaine Jean David (domaine bio) qui m'ont séduites.
Un seul regret, ne pas avoir eu la force (à cause de la fatigue accumulée et d'un palais saturé) d'aller ensuite à la soirée Prohibition organisée par le Syndicat des vins de Gigondas!
C'est tout, pour aujourd'hui.
La suite de mon escapade en Vallée du Rhône dans les prochains billets!
Vinocamp Rhône, dans les coulisses du conclave des passionnés du vin et du web
Il y a 3 semaines jour pour jour, je me trouvais dans le train qui m'emmenait dans la cité des Papes pour participer à un conclave... Ici, pas question d'élire un nouveau pape, mais simplement de réunir en un seul et même endroit des passionnés et professionnels du vin et du web d'horizons variés pour leur permettre d'échanger sur les nouveaux moyens de communication autour du vin.
Vous l'aurez compris, c'est du Vinocamp qu'il est question et plus précisément de la 11ème édition qui était organisée par notre duo de choc, Anne-Victoire Monrozier (aka Miss Vicky Wine) et Grégoire Japiot, en collaboration avec les équipes d'Inter Rhône (l'interprofession des vins du Rhône).
Ce Vinocamp Rhône avait donc lieu à Avignon. La ville où j'ai vécu pendant 5 ans mais aussi la ville où tout a commencé puisque c'est dans cette ville qu'est née mon idylle avec le vin. "La ville de mon premier amour" en quelque sorte... Ah nostalgie quand tu nous tiens ! Mais revenons à nos moutons et au programme de ce week-end bien chargé.
Vendredi : soirée d'accueil pour les premiers arrivants avec déjà quelques belles découvertes en provenance du nord de la Vallée du Rhône (Crozes-Hermitage, Cornas, Condrieu...).
Samedi : rendez-vous à la Maison des Vins pour le démarrage officiel du Vinocamp. Un bel endroit pour accueillir plus d'une centaine de participants : des petits nouveaux, des vieux de la vieille, beaucoup de vignerons et même un "gourou du marketing" et un hérisson géant! Autant vous dire que c'était LE lieu où il fallait être ce jour-là! Après l'habituelle présentation des participants en 3 hashtags, place aux propositions de thématiques pour les 3 sessions d'une heure qui vont rythmer la journée. Le tableau se remplit rapidement pour aboutir aux 11 thèmes suivants :
Les troupes se répartissent alors dans les différents ateliers et les discussions s'enchaînent jusqu'au milieu de l'après-midi, entrecoupées par une pause déjeuner ensoleillée. Pendant les ateliers, ça participe, ça débat, ça rigole, ça tweete (bien pratique pour suivre virtuellement les ateliers auxquels on a dû renoncer), et entre chaque session, les participants se retrouvent pour un résumé rapide, effectué par un volontaire de chaque atelier, des échanges qui viennent d'avoir lieu.
A peine les sessions terminées, on ne perd pas le rythme puisque vient l'heure du Live Tasting. L'occasion de découvrir un nombre incalculable de vins, du Rhône bien sûr, mais aussi de Loire, de Savoie, de Champagne... Bien sûr on a envie de tout goûter et de passer des heures à discuter avec ces vigneron(ne)s souriant(e)s et passionné(e)s qui nous parlent tellement bien de leurs vins. Mais voilà, ce coup-ci, il y avait tellement de vins à déguster qu'il a fallu trouver une astuce pour satisfaire tout le monde : le BottleSwap. Un super concept qui permet d'échanger avec un autre participant la bouteille qu'on a apportée (car amener une bouteille à faire découvrir fait partie des traditions du Vinocamp). L'idée étant ensuite de partager son avis post dégustation avec le hashtag #bottleswap. Bref, avec un excellent moyen de faire des découvertes, de rencontrer de nouvelles personnes et de prolonger ce moment de convivialité.
S'en suit un jeu de piste en équipes dans les rues d'Avignon, un polar entre les mains. Jeu qui nous emmène en début de soirée au Grenier à sel pour une soirée aux accents jazzy. Au programme de nouvelles découvertes, avec notamment les vins du Massif d'Uchaux, une jolie appellation des Côtes du Rhône dont je reparlerai sûrement bientôt car j'ai été séduite par plusieurs des vins dégustés.
Dimanche : la traditionnelle visite nous emmène au pied des dentelles de Montmirail. D'abord à Vacqueyras avec 2 vignerons en biodynamie, puis sur les hauteurs de Gigondas en présence notamment du célèbre géologue Georges Truc, pour finir à Beaumes-de-Venise pour un déjeuner et de nouvelles dégustations autour de ces 3 appellations.
Appellations dont je parlerai dans un prochain billet car le salon Découvertes en Vallée du Rhône, qui avait lieu après le Vinocamp, m'a donné l'occasion d'assister à d'intéressantes Master Classes.
En résumé, un weekend placé sous le signe de la bonne humeur, des belles rencontres et des jolies découvertes !
C'est tout, pour aujourd'hui.
La suite de mon escapade en Vallée du Rhône dans les prochains billets !