Toulouse, capitale des vins du Sud Ouest ?
"Toulouse, capitale des vins du Sud Ouest ?", voici le sujet qui animé les débats lors de l'émission de radio à laquelle j'ai participé il y a quelques semaines sur Radio FMR.
J'ai été invitée à donner mon avis sur ce sujet par Ludovic Roif et Chantal Pisey, aka Enflammée sur les réseaux sociaux, co-animateurs de l'émission "C'est une tuerie tes épinards", une émission dédiée à l'actualité de la cuisine et de l'alimentation à Toulouse et dans sa région, et qui a vu le jour en octobre 2014.
Pour échanger sur ce sujet, étaient également de la partie François-Xavier d'Arras, l'un des membres du duo à la tête des 2 caves toulousaines Lacrima Vini, et Philippe Maffre, vigneron gaillacois du domaine Bois-Moisset.
Comme vous l'entendrez en écoutant l'émission, nous avons tous été d'accord pour dire que Toulouse avait encore du pain sur la planche pour incarner réellement la capitale des vins du Sud Ouest dont il est question dans les campagnes de communication de l'Interprofession des Vins du Sud Ouest.
Et vous, qu'en pensez-vous ?
Que devraient faire selon vous les vins du Sud Ouest pour reconquérir le cœur des Toulousains ?
Comment faire de Toulouse une vraie ville de vin et un porte-drapeau des vins du Sud Ouest ?
N'hésitez pas à profiter des commentaires pour me donner votre point de vue sur le sujet.
L'émission sur "Toulouse, capitale des vins du Sud Ouest" est disponible en podcast sur le site de Radio FMR.
Pour écouter le podcast, il vous suffit de cliquer sur le lien ci-dessous :
#VDV59 : au rythme des accords Vin et Musique
Ce mois-ci c'est Lolita, du blog J'aime ton wine, qui prend la présidence éphémère des Vendredis du Vin pour cette 59ème édition et nous propose un thème qui lui est cher : les accords Vin & Musique.
Pour ce VdV#59 c’est à votre tour de m’annoncer vos accords vin et musique. Un Saint Joseph avec de la pop ? Un Pomerol avec une sonate de Chopin ? Un Champagne avec du bon vieux rock ? Un Touraine avec de la chanson française ?
Ça tombe bien, j'aime autant le vin que la musique !
Côté musique j'ai des goûts très très éclectiques, donc je ne vais pas essayer de caser tous les styles que j'aime sinon on ne va pas s'en sortir.
Je vais me contenter de quelques morceaux et vins que j'adore, et tenter de les accorder.
J'ai eu l'occasion de boire les vins cités ci-dessous au cours des derniers jours/mois/années et non lors de la même soirée, mais pour l'exercice des Vendredis du Vin, je vous propose de les imaginer s'inviter les uns après les autres à votre table, au cours d'une soirée 100% Vin et Musique, en bonne compagnie cela va sans dire.
On commence ?
L'apéro
A l'apéro, je ne sais pas vous, mais moi j'ai des fois envie d'un environnement "calme" pour arriver à me détendre après une journée de boulot et des fois je suis d'humeur festive et j'ai envie de tout de suite me mettre dans l'ambiance pour être d'attaque pour le reste de la soirée.
A chaque humeur, son vin, mais ils ont quand même un point commun : ils sont tous les 2 corses ;-)
Pour décompresser, je vous suggère un rouge sur le fruit, super agréable à boire, fait par Sébastien Poly, un vigneron qui travaille en biodynamie : la cuvée Antica 2010 du Domaine U Stillicionu.
Et pour l'accompagner, une ambiance soul avec Wine, un groupe découvert grâce à François de Bourgogne Live, et leur titre "Lettin'go" (cliquez sur le titre pour écouter le titre sur Deezer).
Plutôt envie de danser jusqu'au bout de la nuit ?
Le Blanc 2012 du Clos Nicrosi me semble parfait, avec son peps et ses notes d'agrumes. A déguster en écoutant "I gotta feeling" des Black Eyed Peas (cliquez sur le titre pour accéder à la vidéo) .
Ça y est, vous êtes dans l'ambiance ? Alors on passe à table !
On commence en douceur
La soirée a bien commencé et vous avez envie que ça continue.
Pour s'en assurer, à table, on va démarrer en douceur et monter en puissance au fur et à mesure.
Afin de réconcilier les amateurs de rouge et les amateurs de blancs, j'ai 2 propositions pour vous. Une qui nous amène dans la Loire et une autre dans le Languedoc.
Avec le Chardonnay 2011 du domaine Le Rocher des Violettes de Xavier Weisskopf, on est sur un cépage classique, mais sur un vin qui reste vif, avec une belle acidité et un joli côté fruité. Moi, avec ça j'aurais envie d'un morceau "old school", rythmé mais pas trop. Mon choix s'est donc porté sur "Under The Bridge" des Red Hot Chili Peppers (cliquez sur le titre pour accéder à la vidéo).
Vous aviez opté pour l'apéro version "envie de danser jusqu'au bout de la nuit" et vous avez envie de rester sur votre lancée ?
C'est le King of Pop qu'il vous faut, "Billie Jean" de Michael Jackson (cliquez sur le titre pour accéder à la vidéo), et un vin rouge du Languedoc à la fois corsé et aérien (oui, oui, c'est possible !) : Figure Libre 2011 du Domaine de Gayda.
L'ambiance de la soirée se réchauffe, les mains commencent à se frôler...
Vous êtes prêts pour la suite !
La température monte
Vous avez apprécié ce démarrage en douceur et vous profitez pleinement de la soirée, mais alors que le plat principal arrive sur la table, vous avez envie de passer à la vitesse supérieure...
Là encore 2 options s'offrent à vous :
Vous êtes d'humeur câline et romantique...
Le Clos Canarelli Blanc 2010, tout en finesse et en complexité, sera une très bonne entrée en matière. Ce vin figurant parmi mes préférés, quel meilleur accord que l'une des chansons incontournables de l'un de mes groupes préférés, "One" de U2 (cliquez sur le titre pour accéder à la vidéo).
Vous êtes d'humeur canaille...
Il vous faut un vin mêlant puissance et sensualité, la cuvée Les Acacias 2010 de Fabien Jouves du Mas Del Périé, et une musique suggestive, "Foxy Lady" de Jimi Hendrix (cliquez sur le titre pour accéder à la vidéo)
C'est moi ou il fait chaud d' un coup ?
On relâche la pression
Nous ne sommes pas encore au dessert et déjà vous ne tenez plus sur votre chaise en imaginant la suite de la soirée.
C'est le moment de relâcher un peu la pression. Ne dit-on pas "Qui veut aller loin ménage sa monture" ?
Pour cette petite pause, rien de tel que le Ruminant des Vignes de Dominique Andiran du Domaine Haut Campagnau (désolée, mais je ne me souviens plus de l'année de la cuvée dégustée).
Un très joli vin oxydatif du Sud-Ouest qui vous étonnera par sa complexité et s'accordera à merveille avec un fromage très affiné.
Et pour aller avec, je pense au titre Knockin' On Heaven's Door des Guns N' Roses (cliquez sur le titre pour accéder à la vidéo) parce qu'avec un tel vin, moi j'approche du "paradis" !
Avant de finir en apothéose
Le repas touche à sa fin, mais vous savez que la soirée ne fait que commencer...
Les plus romantiques d'entre vous choisiront de prolonger la soirée avec le Jurançon Au Capcèu 2011 du domaine Camin Larredya de Jean-Marc Grussaute, un vin moelleux sublime et très aromatique. Avec le Hallelujah de Jeff Buckley (cliquez sur le titre pour accéder à la vidéo) en fond sonore, plus besoin de trouver une excuse pour vous lover dans les bras de votre chéri(e).
Si vous avez envie de quelque chose de plus déjanté, je vous propose des bulles, mais attention, pas n'importe quelles bulles ! Un de mes coups de coeur en Champagne : la Cuvée Petraea XCVII - MMVII de Francis Boulard. Cette cuvée est juste énorme, un plaisir immense en bouche. Le champagne c'est classique, mais cette cuvée ne l'est pas du tout. Elle a un petit plus, un petit soupçon de folie. Et quand je pense au mélange classique/folie, c'est la Bohemian Rhapsody de Queen (cliquez sur le titre pour accéder à la vidéo) qui me vient en tête et ses superbes solos de guitare !
Et c'est comme cela que se finissent pour moi ces VDV #59 placés sous le signe des accords Vin et Musique.
Merci encore à Lolita pour ce thème qui m'aura mise de bonne humeur pour le weekend !
Comme quand il n'y en a plus, il y en a encore, je vous laisse avec un dernier petit clin d'oeil musical : la parodie de "Blurred Lines" de Robin Thicke (morceau que j'adore, même si le clip et les paroles sont très polémiques) par Jordan Vineyard & Winery, intitulée "Blurred Vines"...
http://www.youtube.com/watch?v=19T90ut2JEE
Chroniques au cœur du vignoble de Gaillac #4 : Domaine Plageoles
Plageoles. Un nom qu'on ne peut ignorer à Gaillac quand on est amateur de vin tant cette famille a marqué de son empreinte l'histoire du vignoble gaillacois au cours des dernières décennies, notamment par le travail de Robert Plageoles et de son fils Bernard sur les cépages historiques "oubliés".
Pas étonnant que ce nom fut le premier sur ma liste de visites à programmer quand je me suis mis en tête de mieux connaître les vignerons de Gaillac!
Après plusieurs occasions manquées, rendez-vous pris un dimanche matin au Domaine des Tres Cantous, à Cahuzac-sur-Vère, pour une rencontre avec Bernard Plageoles.
Exploité depuis 1805, le domaine Plageoles a vu 6 générations de vignerons se succéder à sa tête. Jules, François, Emile, Marcel, Robert et aujourd'hui Bernard, qui a pris les rênes du domaine avec sa femme Myriam. Sans compter la 7ème génération qui se prépare puisque Florent, le fils aîné de Bernard, a lui aussi rejoint l'exploitation familiale.
Si Robert Plageoles a officiellement pris sa retraite en tant que vigneron, il continue de cultiver sa passion pour l'ampélographie (l'étude des cépages), d'écrire des livres* et d'animer des conférences. J'ai d'ailleurs eu le plaisir de voir à l'œuvre cet orateur passionné lors du colloque sur le vin auquel j'ai assisté à Albi courant avril.
Comme je n'ai pas encore eu la chance d'échanger plus longuement avec lui, je vous invite à lire ce billet de Vincent Pousson qui connaît bien le personnage et en a dressé un joli portrait sur son blog http://ideesliquidesetsolides.blogspot.fr/2012/08/le-vigneron-dont-je-bois-les-paroles.html.
Un journaliste de La Dépêche décrivait quant à lui Robert Plageoles ainsi :
"Ce vigneron est un passionné, un amoureux de son terroir et de tout ce qui touche de près ou de loin aux agapes et à une certaine façon de vivre : c'est un épicurien. Il a le goût du terroir, le verbe haut, l'amitié sincère, la sensibilité à fleur de peau comme les cépages qu'il protège."
Eh bien, je trouve qu'on retrouve pas mal de ces caractéristiques chez son fils Bernard.
Lors de ma visite à Cahuzac-sur-Vère, si j'ai aimé les vins dégustés, j'ai aussi été séduite par la personnalité de Bernard Plageoles, son franc-parler mais aussi son amour du terroir, de la vigne et du vin qui transparaît dans chacune de ses paroles.
Un homme chez qui on décèle tout de suite une grande générosité et une réelle envie de partager sa passion. Non seulement j'ai passé un excellent moment et pris beaucoup de plaisir à échanger avec Bernard Plageoles sur ses vins et les vins du Sud-Ouest en général, mais j'ai aussi appris énormément de choses lors de cette visite car c'est un bon pédagogue.
Le portrait du vigneron dressé, revenons-en au domaine.
Petit tour dans les vignes
Le domaine des Tres Cantous, la propriété familiale, n'est qu'une des 2 exploitations qui constituent le domaine Plageoles. La seconde, le domaine Roucou-Cantemerle, se trouve sur la commune de Castelnau de Montmiral.
Au total ce sont 23 ha de vignes qui sont cultivés par les Plageoles, composés de sols argilo-calcaires. Respectueux de leur terroir, ils travaillent leurs vignes en culture biologique et pratiquent une méthode naturelle, la méthode "Cousinié", qui, par l'apport d'oligoéléments, tend à rééquilibrer les sols et à muscler les défenses immunitaires de la vigne. La taille en gobelet est également pratiquée car elle est, selon Bernard Plageoles, particulièrement adaptée aux conditions climatiques, même si plus contraignante.
Et comme vous pouvez le voir sur mes photos, les vignes ont l'air d'apprécier...
Cette visite dans les vignes a aussi été l'occasion pour Bernard Plageoles de m'expliquer en quoi consistait le marcottage, ou provignage. N'étant pas aussi bonne pédagogue que lui, je me contenterai de vous renvoyer aux explications données ICI et de l'illustrer par quelques photos.
Cépages oubliés et vins de cépage
Les 23 ha de vignes se répartissent en 16 ha de cépages blancs et 7 ha de cépages rouges.
Comme je le disais en introduction de ce billet ainsi que dans mon précédent billet pour les Vendredis du Vin**, les Plageoles sont d'ardents défenseurs des cépages historiques de Gaillac.
C'est à la fin des années 70 que Robert Plageoles a commencé à replanter des cépages autochtones, d'abord le Duras, un cépage rouge, puis l'Ondenc, un cépage blanc...Aujourd'hui le domaine peut s'enorgueillir de posséder 14 cépages historiques de Gaillac : 7 variétés de Mauzac, mais aussi du Loin de l'Oeil, de l'Ondenc, du Verdanel, du Duras, du Braucol et du Prunelart (oui, ça fait 13 mais j'ai oublié quel était le 14e!).
http://www.youtube.com/watch?feature=player_detailpage&v=uH_mD4yi_FA
Afin de valoriser au mieux ces cépages, les cuvées portent presque toutes le nom du cépage dont elles sont issues.
Partisans de vins naturels, représentatifs de leur cépage et de leur terroir, les Plageoles considèrent que le travail doit se faire avant tout à la vigne pour obtenir un raisin de bonne qualité. Une fois dans le chai, ils prônent un minimum d'interventions et surtout l'usage de levures indigènes uniquement, qui sont, selon Bernard Plageoles, la "mémoire du terroir". Pour en savoir plus sur leur philosophie, je vous invite à visionner les vidéos disponibles sur leur site internet, notamment celle-ci : http://www.vins-plageoles.com/notre_travail.php.
Vin de Voile et Mauzac Nature
Parmi les vins élaborés par les Plageoles, on trouve 2 vins qui font, comme les cépages, partis de la tradition gaillacoise.
Le Mauzac Nature d'abord, un vin pétillant naturel vinifié selon la "méthode gaillacoise". Késako? Tout commence par une vendange manuelle des vignes de Mauzac rose. Puis les raisins sont pressés et le jus mis en cuve. La fermentation commence par l'action des levures indigènes, puis, quand il ne reste plus que 30g de sucres résiduels, le vin est pompé et filtré 2 fois, par gravité, à l'aide de filtres à manche afin d'appauvrir le milieu en levures. Il est ensuite remis dans des cuves en ciment, et l'action du froid endort les levures pendant l'hiver. En janvier/février, le vin est mis en bouteille et les bouteilles sont bouchées et muselées. Avec le printemps, la fermentation reprend alors, mais cette fois-ci en bouteille. Les levures consomment le sucre et dégagent le fameux gaz carbonique qui va rendre le vin pétillant. Les bouteilles sont mises en vente environ 6 mois après la mise en bouteille.
Autre vin emblématique : le Vin de Voile.
Ce vin, élaboré à partir de Mauzac roux, est élevé pendant 7 ans dans de vieux demi-muits, sans ouillage (action de compléter le vin évaporé dans un fût par du vin de même origine). Au contact de l'air, les levures forment un voile à la surface du vin. Ce vin oxydatif s'apparente donc au Vin Jaune du Jura ou encore au Xérès en Espagne.
Le Vin d’Autan
Ce liquoreux est élaboré avec de l'Ondenc.
Comme Bernard Plageoles l'explique à la fin de la vidéo ci-dessus (l'interview pour Via Michelin), quand le raisin est bien mûr, le pédoncule est écrasé avec une pince pour que la sève cesse de circuler. Les raisins se dessèchent alors sous l’influence du vent d’Autan. Puis ils sont ramassés et passerillés avant d'être pressés. Une fois la fermentation terminée, le vin est élevé pendant 12 mois en cuve. Le résultat est une petite merveille!
Voilà, j'en ai fini pour le compte-rendu de ma visite chez les Plageoles.
Si vous hésitez encore à aller faire un tour à Gaillac, je laisse Florent Plageoles finir de vous convaincre en évoquant sa "petite Toscane"...
http://www.youtube.com/watch?v=oh7GYobQXTM&feature=player_detailpage
Domaine Plageoles
Route des Tres Cantous
81140 Cahuzac-sur-Vère
Tel : +33 (0)5.63.33.90.40
Email : vinsplageoles@orange.fr
Site internet : www.vins-plageoles.com
Page Facebook : https://www.facebook.com/pages/Les-vins-du-Domaine-Plageoles/97687039987
*Les ouvrages de Robert Plageoles : Le Vin de Gaillac, 2000 ans d'histoire (co-auteur : Fernand Cousteaux, éditions Privat) et La Saga des cépages gaillacois et tarnais en 2000 ans d'histoire (éditeur : Jean-Paul Rocher).
** Vous pouvez retrouver le résumé des Vendredis du Vin #56 dédiés aux cépages oubliés à l'adresse suivante : http://magnumbalthazar.blogspot.fr/2013/06/vdv-56-larche-de-noe-des-cepages.html
#VDV56 : Mauzac, Ondenc, Prunelart et Verdanel, des cépages du Sud-Ouest à ne pas oublier
Ce mois-ci le président des Vendredis du Vin, Jef Heering du blog http://magnumbalthazar.blogspot.fr/ nous a proposé un thème qui m'a tout de suite plu : "L'Arche de Noé des Cépages rares et oubliés...».
Et la première chose qui m'est venue à l'esprit c'est Gaillac...forcément!
En partie parce que les vignerons que j'ai eu l'occasion de rencontrer jusqu'à présent à Gaillac (Nicolas Lebrun, Virginie Maignien & Patrice Lescarret...) ont tous à cœur de valoriser les cépages autochtones du Gaillacois.
Mais surtout parce qu'à Gaillac oeuvrent 2 ardents défenseurs des cépages "oubliés" qui ont récemment croisé mon chemin : Robert et Bernard Plageoles.
Il y a un mois, j'ai en effet pris plaisir à écouter Robert Plageoles parler avec passion des cépages ancestraux de Gaillac lors d'un colloque sur le vin à Albi et, quelques semaines plus tard, j'ai eu la chance de passer quelques heures en compagnie de Bernard Plageoles au Domaine des Tres Cantous (je parlerai de cette visite dans mon prochain billet).
J'ai donc eu envie pour ces Vendredis du Vin de mettre en lumière quelques uns de leurs vins que j'affectionne particulièrement, à travers 4 cépages : le Mauzac, l'Ondenc, le Prunelart et le Verdanel.
Commençons par le Mauzac, ou devrais-je dire "les" Mauzac car chez les Plageoles, on en dénombre 7 parmi les 14 cépages historiques répertoriés sur le domaine familial : Mauzac rose, mais aussi jaune, vert, roux, gris, noir et cote de melon.
Le Mauzac rose, "le meilleur de tous les Mauzac" dixit Bernard Plageoles, c'est un peu la star du domaine car il est utilisé, avec le Mauzac gris, pour élaborer, selon la méthode traditionnelle gaillacoise, le fameux Mauzac Nature des Plageoles. Un vin mousseux naturel que j'aime beaucoup, tout en légèreté et en finesse.
Son pote le Mauzac vert n'est pas mal non plus. Sur la version 2011, on est sur un vin blanc sec qui mêle des arômes de pomme, de tilleul, mais aussi d'anis. C'est puissant mais ça reste équilibré et très agréable.
Le rouquin quant à lui est utilisé dans 2 cuvées qui m'ont séduite : le Mauzac Roux d'abord, un vin moelleux, aux arômes de pomme au four caramélisée (une vraie gourmandise) et le Vin de Voile. Bon, concernant le dernier cité, c'est sûr qu'il faut à la base aimer les vins oxydatifs de type Xérès ou Vin Jaune, mais c'est mon cas, donc je n'ai pas boudé mon plaisir!
Après le Mauzac, passons à 2 cépages que les Plageoles ont fortement contribué à réhabiliter et qui font désormais partie des cépages autorisés pour l'AOC : l'Ondenc en blanc et le Prunelart en rouge.
Si l'Ondenc ne me séduit pas plus que ça quand il est vinifié en sec, je le trouve bien plus intéressant dans les moelleux et liquoreux.
Et chez Plageoles, je suis une grande fan du "Vin d'Autan" qui est à mes yeux un très grand liquoreux à découvrir absolument. Le 2008 est déjà très bon, mais m'est avis qu'il sera encore meilleur dans quelques années, si bien sûr j'arrive à patienter jusque-là, ce qui n'est pas gagné!
Le Prunelart ensuite. Un cépage rouge tardif qui fait souvent débat, qui divise...
Et c'est aussi le cas du Prunelart de Plageoles, qualifié de vin "martien" par Aurélia Fillon de Bu sur le web. Mais à la dégustation chez les Plageoles, le 2011 m'a plutôt plu donc je vous invite à le tester pour vous faire votre propre avis.
Le petit dernier dont je voulais vous parler est encore moins connu que les 3 autres : le Verdanel. Celui-là je n'en avais jamais entendu parler avant de mettre les pieds chez Bernard Plageoles, mais ce fut une très belle découverte.
Si le Verdanel 2012 est peu expressif au nez, il se révèle original et surprenant en bouche (mais dans le bon sens), avec une acidité maîtrisée.
Voilà, on arrive à la fin de ce billet spécial Vendredis du Vin. N'hésitez pas à aller sur la page Facebook des Vendredis du Vin pour lire les autres contributions.
Mais avant de vous quitter, une dernière suggestion...
Si vous voulez poursuivre la découverte des cépages gaillacois précédemment cités, je vous invite aussi, si vous en avez l'occasion, à goûter leur interprétation sous forme d' eaux-de-vie chez Laurent Cazottes. Ses "Gouttes" de Mauzac Rose et de Prunelart passerillé sont à tomber!
Chroniques au cœur du vignoble de Gaillac #3 : L'Enclos des Braves
C'est parti pour le 3ème billet sur Gaillac et le 2ème portrait de vigneron!
Ce coup-ci je vous emmène à Vertus, tout près de Rabastens (et donc au sud-ouest de Gaillac), pour découvrir le vigneron qui se cache derrière les vins d'un domaine joliment nommé L'Enclos des Braves. Ce vigneron c'est Nicolas Lebrun.
Ce dernier m'a reçue mi février pour une visite de son domaine. Le temps étant à la pluie ce matin-là, nous n'avons pas pu nous balader dans les vignes. Heureusement, le chai était là pour nous accueillir, même s'il fallait cependant être chaudement vêtu pour s'y aventurer car la température y avoisinait les 8°C.
Nicolas Lebrun est d'origine gersoise. C'est sa passion pour le vin et la vigne qui l'a poussé à faire des études d'oenologie à Bordeaux. Puis c'est en suivant sa femme Chantal qu'il s'est retrouvé dans la région toulousaine, et plus précisément à Gaillac, où il a exercé pendant plusieurs années ses talents d'oenologue et de vinificateur auprès de 5 domaines de l'appellation. En 2005, mû par l'envie de faire des vins qui lui ressemblent, il réalisa son rêve de devenir vigneron en achetant avec sa femme 6 ha de vignes et en construisant un chai.
Qu'est-ce qui lui a plu à Vertus?
Ces parcelles situées sur un coteau, il les a choisies pour leur environnement préservé et surtout pour leur très bonne exposition plein sud.
Côté sols, on est sur les coteaux de la rive droite du Tarn, et donc sur un terroir caractérisé par des sols argilo-calcaires comme je l'évoquais dans mon précédent billet sur le vignoble gaillacois. Sur les parcelles de l'Enclos des Braves, on a affaire à des sols riches en argiles, argiles pouvant aller jusqu'à 3 m de profondeur.
L'association de cette exposition et de ces sols permet une maturation lente des raisins, gage, pour Nicolas Lebrun, de "richesse, finesse et équilibre pour les vins".
Priorité aux cépages locaux
5 cépages se côtoient sur le domaine, avec une belle part accordée aux cépages autochtones. Sur la partie haute du coteau, on retrouve ainsi du Duras, du Braucol (ou Fer Servadou) et du Gamay (cépages plantés en 1978 et 1992). Et sur la partie basse, du Loin de L'Oeil et du Sauvignon (plantés en 1992). Cépages qui vont bientôt être rejoints par le Prunelart et le Mauzac que Nicolas s'apprête à planter avec du Braucol sur les 2 ha supplémentaires qu'il a rachetés.
Pour revenir au Duras, il reste, aux yeux de Nicolas, un cépage assez peu utilisé car il est très typé mais aussi compliqué à travailler (demande du travail à la vigne, donne de petits rendements, oblige à vraiment ramasser les raisins à maturité). Et pourtant selon lui il donne des grands vins de garde car il conserve beaucoup d'acidité.
Un oenologue convaincu par le bio
Dans l'imaginaire de certains, les oenologues sont forcément des techniciens adeptes des produits chimiques. Or là (comme c'était le cas avec Patrice Lescarret du domaine de Causse Marines), on a affaire à un œnologue qui a fait le choix de travailler en bio pour suivre ses convictions personnelles. Le déclic, il l'a eu en 2007 et le vignoble est conduit en agriculture biologique depuis 2009 et en biodynamie depuis 2012. Un choix qui amène Nicolas Lebrun à passer beaucoup de temps dans ses vignes.
Il me disait d'ailleurs qu'il était convaincu que les rapports du vigneron avec ces vignes avaient une incidence sur la qualité du vin. Un discours qu'on retrouvait aussi chez Causse Marines et chez les vignerons en biodynamie présentés dans la Clef des Terroirs.
La vinification quant à elle est, selon ses propres termes, "non interventionniste mais maîtrisée". Le raisin est vinifié et le vin élevé sans produits œnologiques.
Il n'utilise plus de levures, et les remplace par un levain qu'il réalise avec les premières pressées.
Plusieurs de ses cuvées sont élevées sur lies, en cuve. Les lies apportent du gras et protègent de l'oxydation, ce qui permet de limiter l'usage du soufre.
Et la dégustation dans tout ça?
L'Enclos des Braves produit 3 gammes: Les Gourmands, L'Enclos, Bravissimo.
Les Gourmands sont des vins d'entrée de gamme, frais et fruités.
Les cuvées L'Enclos sont des vins plus ambitieux, qui reflètent la profondeur du terroir et mêlent puissance et finesse.
La cuvée Bravissimo est la cuvée haut de gamme du domaine, celle où le travail est poussé le plus loin. Une cuvée 100% Braucol qui est affectivement la cuvée préférée de Nicolas Lebrun.
J'ai eu l'occasion sur place de goûter toutes les cuvées (certaines n'étant cependant pas encore mises en bouteille).
Les Gourmands - blanc sec - 2012: assemblage 50% Sauvignon, 50% Loin de l'Oeil (les 2 jus fermentent ensemble). Assez frais, un peu épicé, relativement complexe.
L'Enclos - blanc sec - 2011: raisins récoltés à surmaturité, assemblage 75% Sauvignon, 25% Loin de l'Oeil. Robe pâle (couleur absorbée par les lies). Plus gras, minéral, floral. Pas mal du tout.
Les Gourmands - rosé (je n'ai pas retenu le millésime): rosé de saignée, assemblage 60% Duras, 30% Braucol, 10% Gamay. Frais, mais je ne suis pas une grande fan de rosé...
Les Gourmand - rouge - 2010: assemblage 70% Duras, 30% Braucol. Bonne acidité grâce au Duras, notes de fruits rouges, de poivre et d'épices. Très agréable.
L'Enclos - rouge - 2010: assemblage 80% Braucol, 20% Prunelart. Elevage en cuve et en barrique. Un peu fermé au moment de la dégustation. Fruits noirs et épices, assez riche. À carafer.
Bravissimo - rouge - 2009: 100% Braucol. Élevé et vinifié en barrique. Fruits noirs, cassis, notes de chocolat, de grillé. Puissant mais élégant, avec des tanins maîtrisés. Sera à mon avis encore meilleur dans quelques années.
Les Gourmands - blanc doux - 2011: 50% Sauvignon, 50% Loin de l'Oeil. Sauvignon passerillé, Loin de l'Oeil botrytisé. Robe assez claire. Joli nez (poire, fleurs) et belle fraîcheur.
L'Enclos - blanc doux - 2010: 100% Loin de l'Oeil. Fermente 1 an en barrique. Nez riche et complexe de fruits confits, mais bouche un peu trop sucrée à mon goût.
En revanche, j'ai été séduite par la cuvée 2012, goûtée sur barrique, qui présente de belles notes exotiques (mangue notamment) et beaucoup de fraîcheur contrebalançant le sucre.
Ce qui confirme ce que me disait Nicolas Lebrun, à savoir que le millésime 2012 s'annonçe au top pour les doux et les liquoreux.
Pour finir ce billet, je citerais une phrase de Nicolas Lebrun sur sa brochure de présentation car elle résume ce qu'il recherche dans ses vins :
"Cette démarche, basée sur l'observation et l'accompagnement de nos parcelles, permet d'obtenir un vin sain, non pollué, expression fidèle de notre terroir, de notre vigne, du millésime et de ma personnalité de vigneron".
L'Enclos des Braves
Chantal & Nicolas Lebrun
RD 18 - Vertus
81800 Rabastens
contact@lenclosdesbraves.com
Tél : +33 (0)5 63 40 33 49
Je vous invite aussi à aller sur leur site internet http://www.lenclosdesbraves.com pour suivre l'actualité du domaine.